L’ÉTUDIANT DE L’ESSEC COCRÉATEUR DE SA FORMATION

ESSEC CERGY-PONTOISE © Johanna-Audiffred
ESSEC CERGY-PONTOISE © Johanna-Audiffred

LA RÉVOLUTION NUMÉRIQUE OFFRE AUX ÉCOLES DE COMMERCE DE NOUVELLES PERSPECTIVES. PARMI LES ÉVOLUTIONS QUI EN DÉCOULENT, VOICI QUELQUES ÉLÉMENTS DE PÉDAGOGIE ET DE CONTENU QUI ONT ÉTÉ DÉVELOPPÉS CES DERNIÈRES ANNÉES À L’ESSEC.

 

La révolution numérique porte en elle une nouvelle conception du savoir et de l’expertise, qui modifie nécessairement les approches pédagogiques. En effet, Wikipédia et Google (entre autres) proposent un nouvel éclairage sur le très ancien débat initié dans la France de la Renaissance par Rabelais et Montaigne sur l’utilité-même de l’enseignement. Pantagruel voulait que son fils devînt un « abîme de science », mais Rabelais lui préférait les principes de l’Abbaye de Thélème où était développée une éducation ouverte et diversifiée permettant l’affirmation de soi. Montaigne, pour sa part, encourageait à former des têtes bien faites plutôt que des têtes bien pleines.

A l’heure où presque chacun possède un smartphone et dispose à sa guise de l’accès à un fonds documentaire inépuisable, quelle est la meilleure formation qui puisse être apportée par les grandes écoles à leurs étudiants ? Comment peuvent-elles les préparer au mieux ?

Si Wikipédia peut donner l’idée qu’il existe un savoir universel unique susceptible d’être archivé, cette impression est relative : en réalité chaque vérité reste à construire car l’information est toujours parcellaire. Aussi, les réponses à apporter sont toujours spécifiques à un contexte, à un environnement. On sait bien par exemple que la notion d’opinion publique est trompeuse car cette dernière fluctue et se modifie chaque fois qu’on essaie de la décrire, de la mesurer. Il en va de même en marketing, lorsqu’on essaie de mesurer l’image que les clients ont d’une marque. Les sources d’informations sont multiples et la révolution numérique fait qu’elles deviennent déstructurées. Il y a quelques années encore, une entreprise pouvait constituer une base de données clients, l’interroger et la mettre à jour régulièrement. Aujourd’hui, l’information est décentralisée et ce sont les clients eux-mêmes qui la créent via leurs échanges sur les réseaux sociaux, sous forme de texte, d’images… Le client (voire le réseau) génère lui même son propre contenu utile à l’entreprise. La gestion de la relation client (le CRM, Customer Relation Management) devient tous azimuts. Cette situation est un défi considérable pour les établissements d’enseignement supérieur. La réponse se trouve incontestablement dans la participation des étudiants au processus d’enseignement lui-même. Depuis longtemps déjà l’ESSEC place l’étudiant comme co-créateur de sa formation en le mettant en position de définir son parcours. Grâce aux outils numériques, dont les formations en ligne, le rôle du professeur alterne entre maïeutique, encadrement et enseignement. C’est une des raisons pour lesquelles les professeurs des grandes écoles ont vocation à être des chercheurs de renommée mondiale, car ces derniers savent inventer les réponses aux problèmes nouveaux qui se posent. Ils peuvent ainsi transmettre aux étudiants leur propre expérience d’exploration de nouveaux territoires intellectuels. De manière concomitante, les enseignements dispensés aux étudiants deviennent plus techniques. L’ESSEC a ainsi créé plusieurs chaires couvrant le digital ou « l’Analytics » et a lancé avec CentraleSupélec un MSc in Data Sciences & Business Analytics ouvert aux étudiants de formation commerciale ou scientifique. L’alliance entre les deux disciplines cherche à développer le jugement des étudiants. De fait, les développements du numérique font que nos étudiants, les managers des années à venir, doivent comprendre le « langage » des données. C’est la condition pour percevoir les opportunités de développement, les sources de valeur, les nouvelles solutions et les innovations possibles. En effet, le développement des mégadonnées, le fameux Big Data, fait qu’il n’est plus possible pour un expert, pour un manager, d’embrasser l’intégralité de l’information nécessaire. Comme pour l’industrie au 19e siècle, il faut développer et surtout comprendre les outils de mécanisation. Il y a déjà longtemps que les échanges boursiers ne sont plus à la criée, ils sont effectués aujourd’hui par des machines en une fraction de seconde. L’enjeu de la formation n’est pas nécessairement de permettre à chacun d’ouvrir la « boite noire » analytique, mais au minimum en comprendre le fonctionnement et les principes afin d’en percevoir les limitations et d’en inventer les nouveaux usages possibles.

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Par Guillaume Chevillon,
Professeur à l’ESSEC, CoDirecteur ESSEC-CentraleSupélec MSc in Data Sciences & Business Analytics

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