COMPÉTENCES, COMMENT LES FORMATIONS RÉPONDENT AUX ATTENTES DES ENTREPRISES ?

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Des études ont déterminé que 65 % des métiers de demain n’existent pas encore et que 40 % des actifs occupent un emploi sans rapport avec leur formation initiale… Dès lors, l’enjeu de l’articulation entre compétences et formation des individus et compétitivité des entreprises est clair. – Par Ariane Despierres-Féry

 

 

Les métiers évoluent sous la poussée de mouvements concomitants. L’ère du digital provoque une révolution si profonde et transversale qu’elle affecte tous les secteurs, métiers et activités humaines. Ces mêmes activités expriment ou répondent à de nouveaux besoins dans le cadre de mutations sociétales et du vieillissement de la population. Par ailleurs les systèmes de production sont contraints de se réinventer s’ils veulent alimenter une économie et un monde durables.

Comment les formations de haut niveau identifient- elles les attentes des entreprises en matière de compétences ? Quelles modalités pédagogiques mettent-elles en place pour y répondre ? Réponses par l’exemple.

Développer des qualités originales par l’hybridation des compétences : l’Alliance Centrale-Audencia-Ensa Nantes

 

Dans le cadre de leur alliance, les trois écoles nantaises ont pour ambition de donner à leurs étudiants « une formation qui les rende aptes à se saisir ou à créer les métiers de demain » explique le directeur d’Audencia Business School, Emeric Peyredieu du Charlat. Comment ?« En combinant leurs compétences complémentaires en sciences et technologies, management, architecture et urbanisme. »

 

La réalisation d’une telle ambition passe par :
• L’identification des compétences attendues demain par le monde socioéconomique et « faire évoluer en conséquence nos formations »
• Déterminer en quoi l’hybridation des compétences peut « conférer une aptitude nouvelle aux métiers de l’avenir »
• Se doter des outils nécessaires à l’anticipation de ces compétences

 

Compétences fondamentales


L’hybridation des compétences apparait comme essentielle au sens de la transdisciplinarité, des soft skills au-delà des hard skills pour former à des compétences fondamentales de futurs diplômés de haut niveau :
• Gestion des situations et problèmes de complexité croissante
• Développement de la créativité
• Insuffler les ferments de l’innovation

 

L’hybridation des compétences est un levier d’évolution des formations. Elle se traduit par des doubles cursus/diplômes, des cours communs, le travail en équipe ingénieurs/managers/architectes sur des projets afin d’unir les compétences. D’ici à l’été 2017, l’Alliance publiera une étude sur les profils hybrides issue de la consultation de plus de 300 DRH.

« Le développement des compétences vise d’abord à répondre à l’ambition personnelle et professionnelle de l’étudiant. »

« Nous accompagnons individuellement nos élèves dans la découverte de leurs moteurs et envies intimes, de leurs aptitudes ; par la connaissance des métiers et du marché de l’emploi ; et par un suivi précis de l’acquisition de compétences au fil de leur cursus.»


www.audencia.com
www.centrale-audencia-ensa.com

 

DES MÉTIERS QUI N’EXISTENT PAS ENCORE
Une liste non exhaustive pour aiguiser votre curiosité !
• Digital architect • Responsable de l’éthique numérique • Conservateur de contenus mémoriels • Consultant bien-être et vieillesse • Gardien des compétences • Ingénieur en prothèses et organes de transplantation • Imprimeur de bâtiments • Ingénieur agronome pour les cultures urbaines • Contrôleur du climat et des déchets • Designer de mondes virtuels • Manager d’avatars • Expert en gamification • Ingénieur virtualisation • Data protection officer • Storyteller de marque

 

Développer des compétences transversales par la mise en situation : le programme GATE® à Télécom SudParis

© Télécom SudParis
© Télécom SudParis

3 questions à Corinne Truche, (à gauche sur la photo) chargée de mission compétences transversales et responsable pédagogique du programme GATE®

Comment avez-vous imaginé GATE® ?
Ce programme a vocation à créer une rupture pédagogique en 1e A. Nos élèves issus de CPGE y apprennent à travailler en équipe, à mener un projet sur un an, réel car confié par une entreprise ou une association, et à travailler sur un sujet autre que technique ou scientifique.
Ils sont actifs, en situation professionnelle et se heurtent au défi du travail en équipe. Ils travaillent dans l’incertitude, ce qui est nouveau pour eux. Ils doivent décrypter les besoins et objectifs de leur client et imaginer une solution pertinente. Ils choisissent un sujet de projet présenté par des entreprises et associations et composent des groupes de 5 à 9 personnes. Un tuteur les suit en autonomie guidée. Ils sont évalués sur leur projet et valident un MOOC sur la gestion de projet.

Quelles compétences développent ainsi les élèves ?
GATE® est une aventure humaine et professionnelle qui permet de développer des compétences transversales.
Nous en avons identifié 24 parmi lesquelles :
• GATE® : Gestion et Apprentissage du Travail en Equipe
• Management de projet
• Leadership
• Gestion des conflits
• Réalisation d’objectifs (orientation client)
• Créativité
• Adaptabilité
• Initiative
• Communication
• Prise de décision
• Gestion des ressources
• Gestion du stress

Quel regard portent les entreprises sur ce dispositif professionnalisant ?
Leur implication est essentielle pour nous permettre de connaître leurs attentes, placer les étudiants en situation réelle, les évaluer et valider la pertinence du dispositif. Elles soulignent l’acquisition des compétences que je viens de citer, mais aussi que cela facilite l’intégration dans le premier emploi, que nos élèves gagnent en autonomie, en affirmation de leurs idées. Chaque année plus d’entreprises et d’associations proposent des projets (43 en 2016 alors que nous n’avons que 24 équipes), et l’utilisent même pour identifier de futurs collaborateurs !
http://gate.wp.telecom-sudparis.eu

 

Un référentiel de compétences adapté aux attentes des entreprises : la démarche de Centrale Lyon

 

« Nous avons travaillé en collaboration avec les autres Ecoles Centrale pour définir les compétences- clés du Centralien », raconte Marie-Annick Galland, directrice des études de Centrale Lyon. Cette formalisation est un travail délicat car nous formons des ingénieurs généralistes. Leurs tâches sont aussi variées que leurs débouchés en termes de métiers, responsabilités et secteurs. » Une hétérogénéité renforcée par les goûts et aspirations de chacun.

 

Marie-Annick Galland © Martine Leroy
Marie-Annick Galland © Martine Leroy

 

Compétences de centralien

Centrale Lyon s’est donc attelé à définir des métacompétences et leurs capacités associées à :
• Développer des innovations scientifiques et techniques
• Appréhender et résoudre des problèmes complexes et transdisciplinaires
• Elaborer et conduire des projets
• Manager

« L’enjeu de la formation est de permettre de développer des capacités. La compétence est la mise en oeuvre de capacités en situation. »

Quelle pédagogie pour développer la capacité à modéliser des problèmes complexes, à les résoudre et à proposer plusieurs scenarios de résolution ? « Par exemple en utilisant un logiciel de simulation pour résoudre un problème faisant appel à la géométrie complexe », illustre Marie-Annick Galland.

De quoi suis-je capable ?

La démarche adoptée à Centrale Lyon vise à faire prendre conscience aux élèves de quoi ils sont capables. « Nous leur demandons une mise en perspective, de formaliser ce qu’ils savent faire, de mettre en situation leurs capacités et de les évaluer. » La directrice ajoute que « nous savons tous que la formation initiale ne se suffit pas à elle-même. Pour être au top de ses capacités et compétences par ses propres moyens, un ingénieur doit être capacité d’apprendre tout au long de sa vie. »

C’est là que la formation de haut niveau se distingue :
• En permettant aux élèves de développer la capacité à apprendre en autonomie
• A aller chercher l’information, à l’analyser, la trier
• A solliciter ses réseaux
• A s’appuyer sur son socle scientifique et technique pour « tirer le premier fil de la résolution d’un problème »
• A ne pas avoir peur d’aborder des sujets nouveaux
www.ec-lyon.fr 

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