Dans le Top 10 des patrons préférés des Français 2021 selon Forbes France, une seule femme : Clémentine Monnet. A la tête de l’agence de communication Clémentine Au Bureau qu’elle a fondée en 2009, elle a notamment été citée aux côtés de Michel-Edouard Leclerc, Xavier Niel ou encore Vincent Bolloré, pour son « management humain ». A l’heure où faire adhérer ses équipes à un projet qui a du sens est la clé de réussite des entreprises, cette patronne et entrepreneuse nous donne ses recettes pour embarquer ses collaborateurs avec elle depuis près de 14 ans. Rencontre.
Racontez-nous votre parcours.
Après des études de marketing international à l’IUT de Sceaux, une année de césure à Londres durant laquelle j’ai notamment découvert les métiers de la culture et de la communication puis un cursus de Psychologie Sociale à Paris V complété d’un DESS à Paris X, j’ai décroché un premier job dans la publicité chez BETC avant de bifurquer vers l’événementiel. Le statut de freelance m’a permis d’appréhender la réalité du terrain et du secteur. J’en ai aimé le rythme, la diversité des expertises, la dimension créative éphémère, l’énergie folle, l’engouement sans limite… Les grandes marques à l’époque investissaient des millions dans des événements grand public, des expositions et des conventions spectaculaires, ça semblait fou et tellement porteur. Après deux ans d’exploration, j’ai signé chez Auditoire, la filiale évènementielle du groupe TBWA/OMNICOM comme conceptrice-rédactrice au planning stratégique. Une décennie formidable et formatrice. L’agence grandissait chaque jour, s’ancrait à l’international. C’était grisant et exigeant. Dix ans plus tard, j’ai eu envie de changement de dimension, j’ai créé Clémentine Au Bureau pour exercer mon activité avec une approche plus artisanale.
Présentez-nous votre agence de communication.
Nous mettons en scène les temps forts de la vie des marques, en mots, en images, en vidéos… Nous avons muté comme le métier et au regard des attentes transversales des clients. Nous accompagnons des grands groupes mais aussi des plus petites structures dans leur développement stratégique et leur transformation. Nous produisons également des événements (expositions, showrooms éphémères ou pérennes…), des films et des outils digitaux et nous éditons des objets pour les marques. Nous travaillons avec des entreprises dans des secteurs très divers : l’industrie (Solvay, SNCF, Renault, Vinci Energies), le luxe (Dior, Moët Hennessy, Loewe, Kering, Lacoste…), et des instituions (Unesco, Opéra de Paris, Fondation Solar Impulse, Ville de Paris – Paris Plages…).
Vous êtes dans le Top 10 des patrons préférés du Palmarès 2021 Forbes. Quelle a été votre réaction ?
Ça a été une surprise totale. J’avais été informée au préalable par Forbes de ma présence dans ce Palmarès, mais j’ai découvert le nom des élus en même temps que les lecteurs du magazine. Je pensais y retrouver des pairs évidement, des femmes pour commencer, des dirigeants de PME et du secteur de la communication. J’ai été stupéfaite d’y découvrir des patrons de grands groupes, des personnalités du CAC 40, des politiques. Nous sommes une petite structure, nous travaillons pour de grands dirigeants, mais je n’ai jamais côtoyé ceux-là d’aussi près que dans ce classement !
Vous êtes la seule femme du Top 10. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
C’est inexplicable et cela montre bien qu’il y a beaucoup à faire quant à la médiatisation des femmes en entreprise. Les inégalités sont réelles et persistent, que ce soit dans les salaires, l’accès aux postes de dirigeants, la présence dans les Comex… Les femmes sont plus que jamais présentes en entreprise mais ne sont pas assez mises en lumière. Une dynamique est néanmoins en marche avec une croissance du nombre de jeunes entrepreneuses notamment. Le mouvement est lancé et puissant. Aujourd’hui de toutes parts jaillissent des initiatives de valorisation des femmes de tous métiers et secteurs qui saluent leur talent, leur courage, leur détermination, leur agilité, leur singularité, en dépit de tous les freins potentiels.
Vous avez vous-même été marquée par des femmes lors de votre carrière ?
Tout au long de mon parcours j’ai rencontré des femmes qui m’ont marquée. Des personnalités inspirantes, étonnantes, stratèges, habiles à des postes clés et décisifs, des femmes qui m’ont encouragée, fait confiance, qui m’ont donné de la force et m’ont confié des projets majeurs.
Votre recette pour figurer dans ce classement des patrons préférés ?
Malheureusement, je n’ai pas d’ingrédient mystère à vous dévoiler ! Faire ce qu’on fait avec détermination, engagement et passion, ça n’est pas très novateur certes, mais c’est un bon socle ! Et si on y ajoute une équipe en or, un peu d’audace, du recul et beaucoup d’humour… alors tout devient possible ! À l’agence nous avons un mantra : Oser douter, ne plus douter, à la fin recommencer.
A l’heure où les jeunes diplômés sont de plus en plus exigeants dans la recherche de leur premier emploi, quels sont pour vous les essentiels du top manager pour embarquer les équipes dans sa vision ?
« Embarquer » est justement un des mots clés de l’agence. On embarque quotidiennement les équipes, les clients et tous ceux qui passent la porte de l’agence. Ces dernières années, j’ai observé que les jeunes postulants portaient une attention première à la structure qu’ils intègrent car ils cherchent du sens. C’est très important pour eux que l’espace dans lequel ils vont s’épanouir soit en phase avec leurs valeurs d’engagement sociétal ou écologique. Lorsqu’on discute avec eux, on se rend compte qu’ils craignent aussi des attentes surdimensionnées d’implication de la part de leurs employeurs. Ils ont besoin d’être rassurés sur le fait qu’ils pourront installer un équilibre vie pro/vie perso. Il faut alors partager des signaux tangibles pour les rassurer quant à l’écosystème qu’ils vont intégrer, afin de pouvoir ensuite, aller ensemble vers de vraies questions : qu’est-ce qui les passionne ? Qu’est-ce qui mobilise leur énergie ? Qu’est-ce qu’ils attendent en termes de développement de compétences ?…
« Pas de manager sans follower » : est-ce un mantra qui vous parle et que vous appliquez au quotidien ?
Bien sûr ! Nous sommes tout petit sans nos équipes. Ma priorité lorsque j’ai fondé l’agence était de construire un noyau dur et un réseau. Pour que nos écosystèmes fonctionnent il faut des équipes soudées, rodées, bienveillantes, solidaires, qui s’appuient sur des valeurs communes et qui adhérent à la vision de l’entreprise car ils sont la force de frappe de l’agence. Pour moi, si le pilote met en place un terrain apprenant, qu’il porte un soin particulier à la progression de ses équipes, il saura les embarquer, les guider, les rendre meilleurs. C’est là qu’il gagne l’adhésion des followers et qu’il devient leader.
Aujourd’hui, près d’un jeune de 18 à 30 ans sur deux souhaite créer son entreprise selon France Active. Encourageriez-vous un jeune à se lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat ?
Bien sûr, il faut foncer ! C’est très puissant d’oser, de fabriquer, de piloter, d’être entouré, de réussir, de vivre des succès… Tout cela rend fier et heureux. L’entrepreneuriat est une aventure extraordinaire qui vous fait vivre un voyage personnel autant que professionnel et qui a toutes les chances de vous transformer. Mais c’est un engagement fort et sur tous les fronts. La création d’une entreprise implique en effet une rigueur quotidienne, il faut décider, agir souvent vite, savoir border et anticiper, manager… sans relâche ! Il faut pouvoir tenir la longueur sur tous les plans : humain (émotionnel et physique), financier, technique… Attention cela ne veut pas dire qu’il faut gommer sa personnalité ou encore la standardiser. Bien au contraire, vos qualités, vos défauts, vos fragilités, vos passions, vos goûts… Tout cela fera de vous un entrepreneur riche et plein de talents !
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