Louis Leoni, Achille Morin-Lemoine et Paul-Henri Hersen, tous trois diplômés en 2021 du MSc Entrepreneurship de l’EDHEC se sont lancés dans l’aventure de l’entrepreneuriat. Depuis juillet 2021, ils sont incubés à Station F où ils développent leur startup Cyrius. Interview des trois cofondateurs.
Comment est née l’idée de la startup Cyrius ?
80% des cyberattaques réussissent à cause d’une erreur humaine. Il est donc capital d’armer les collaborateurs de connaissances et d’outils pour qu’ils puissent défendre leur entreprise et ne plus être une vulnérabilité exploitée par les hackers.
De quelle manière ?
Nous avons commencé par créer des modules d’e-learning de cybersécurité ludiques et interactifs très appréciés de nos utilisateurs, qui sont aujourd’hui plus de 15 000. Nous souhaitons désormais compléter cette offre avec une suite d’outils. L’objectif est de faciliter la mise en place des bonnes pratiques, pour maintenir le niveau de vigilance face au risque cyber tout au long de l’année.
Comment vous différenciez-vous de vos concurrents ?
Notre différenciation passe principalement par notre volonté d’engager les collaborateurs dans la cybersécurité de leur entreprise. Il ne suffit pas de partager des modules de formation pour espérer que le risque d’une cyberattaque diminue. Il faut être présent quand un collaborateur a besoin d’une aide cyber, il faut impliquer toute la hiérarchie pour responsabiliser chacun, et il faut aider les responsables à mieux partager leurs actions en interne. Et c’est ce que nous faisons.
De plus, la cybersécurité est considérée par le grand public comme un sujet complexe, mystique. En même temps, certains de nos concurrents ont tendance à utiliser la peur comme levier de croissance. Mais pas nous. Au contraire : nous souhaitons créer une image de marque suffisamment accessible et bienveillante, pour qu’une entreprise (et un collaborateur) ait envie d’utiliser notre solution.
Cela passe notamment par une simplification du jargon cyber et de l’actualité dans notre newsletter, jusqu’à la création de la première hotline cyber gratuite à destination des particuliers.
Qui sont vos clients ?
Nous nous adressons actuellement au marché des PME tech. Ce sont elles qui ont le plus besoin de se protéger, de par la nature même de leur produit. Notre expansion commerciale se base sur le bouche-à-oreille, et sur du démarchage.
Nous avons également créé le premier rapport sur l’engagement des collaborateurs en cybersécurité, à destination des décideurs SSI. Doctolib, la Société Générale ou encore le département du Nord y partagent notamment leurs meilleurs conseils !
Où en êtes-vous aujourd’hui ?
Nous sommes actuellement en levée de fonds, pour un montant entre 1 et 1,5 millions d’euros. Notre ambition avec ce tour est de faire évoluer notre vision produit pour devenir un acteur majeur de la cybersécurité en France en 2023. Puis développer notre activité à l’étranger, notamment au Royaume-Uni et en Allemagne.
Pour cela, nous recrutons dans les semaines et mois à venir des profils Sales, DevOps et développeurs full stack.
Vous bénéficiez d’un accompagnement de l’incubateur EDHEC pour votre startup Cyrius. Comment cela vous aide ?
Comme il s’agit de notre première aventure entrepreneuriale, nous n’avions aucune idée de commencer “lancer” sa boîte. Que cela soit au niveau commercial, marketing, juridique ou financier, il est vraiment difficile de savoir quoi faire en se basant uniquement sur Internet. L’atout de l’accompagnement est à la fois de nous faire gagner du temps dans nos recherches et d’avoir des réponses vraiment adaptées à nos besoins.
Parlez-nous de votre expérience à Station F : qu’est-ce que cela a pu apporter concrètement à votre business ?
Station F permet d’être là quand l’incubateur n’a pas réponse à nos questions, sur ces sujets trop opérationnels par exemple. Parmi les 1000 startups présentes, il y en a forcément au moins une qui a déjà refait son site, à déjà recruté un profil sales senior, etc.
On ressent également une grande énergie entrepreneuriale. Tout le monde est en call, court partout, rigole et travaille tard. C’est un boost de motivation quotidien, et une chance de ne pas être isolé du monde.
Louis, qu’est-ce qui t’anime dans l’entrepreneuriat ?
Depuis toujours, j’ai envie de créer, de monter des projets, etc. Et j’ai réalisé que l’entrepreneuriat était le meilleur moyen aujourd’hui d’être innovant et de monter quelque chose de zéro. Aujourd’hui ce qui m’anime, c’est de monter une boite avec mes associés Achille, Paul-Henri et Quentin. De vivre cette aventure ensemble, de faire monter des gens dans le bateau et de créer une équipe autour d’une boîte.
Dans quel état d’esprit êtes-vous actuellement ?
Aujourd’hui, la levée de fonds occupe beaucoup notre esprit. Les choses sont en train de s’accélérer pour Cyrius. Notre croissance s’accélère et il va s’en passer encore plus pour nous en tant qu’entrepreneur et pour Cyrius. Donc il y a énormément d’excitation. Mais on doit aussi rester concentré sur ce qu’on fait maintenant parce qu’on a des clients et des prospects à servir, le travail doit être fait !
Paul-Henri, as-tu toujours voulu créer ton entreprise ?
Crédit : Wlad Simitch
Petit, mon rêve était de devenir pilote de ligne. Ce n’est qu’en première année de prépa ingénieur que j’ai réalisé que ce qui me plaisait vraiment, c’était de piloter des projets. C’est ensuite que j’ai découvert le monde des écoles de commerce, et l’entrepreneuriat était parfaitement aligné avec mes envies. Cela s’est confirmé lors de mes différentes expériences en startup et lors de notre année du MSc Entrepreneurship, où Cyrius a commencé à exister.
Achille, as-tu un entrepreneur qui t’inspire ?
Je suis très inspiré par Alexandre Mars et sa vision humaniste centrée autour du don. C’est un grand entrepreneur qui a réussi à créer un mouvement de partage autour de son succès : après avoir créé et vendu plusieurs entreprises, il a monté une plateforme qui rend le don beaucoup plus efficace que les solutions traditionnelles. Une vraie source d’inspiration !
De la même manière, nous sommes tous les trois influencés par des personnalités comme Emmanuel Faber, que nous rejoignons dans ses idéaux d’inclusion et d’écologie.
Qu’est-ce qui fait de Cyrius une startup à fort potentiel ?
Le marché de la cybersécurité est énorme et grandit vite (11Mds en 2021 en Europe, 20 en 2026). Nous savons également que notre vision, axée sur l’engagement du collaborateur dans la sécurité de son entreprise, a un réel rôle à jouer sur le marché. C’est pourquoi nous sommes assez confiants dans le fait de devenir un acteur majeur sur la scène européenne à moyen terme.
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