Mixité et numérique : tous concernés, tous responsables !

photographe : Christian Chamourat
photographe : Christian Chamourat

La révolution numérique est sur toutes les lèvres : entreprises, médias, institutions… toute la sphère politico-économique est mobilisée pour faire basculer notre économie dans cette ère encore mystérieuse à nombre d’entre nous. Un monde nouveau éclot et à l’aube du 21e siècle subsistent de grandes absentes : les femmes. Or il y a urgence à ce qu’elles prennent part à la construction de notre futur, prometteur et vertigineux à la fois. En savoir plus sur l’auteur, Marie-Anne Magnac, Co-créatrice de « Quelques Femmes du Numérique ! » et Intervenante à l’ISEFAC R.H.

 

Comment dessiner un monde nouveau, égalitaire, durable ? La nouvelle tectonique des plaques « numérique » ne peut s’installer confortablement et sereinement sans l’apport réel des femmes à sa construction. C’est l’enjeu philosophique et politique auquel nous sommes confrontés et qui sous-tend toutes les considérations sociales et économiques.

 

Pour y parvenir les acteurs économiques ont un rôle clé à jouer puisqu’ils sont désormais des agents culturels, ce qui signifie que leurs stratégies ont un impact sur la société dans sa globalité.

Inventer le « Google » du 21e siècle, exercice extrêmement disruptif, exige une vision où la mixité des contributions est présente à tous les niveaux des organisations. Les femmes ayant eu des conditions de vie très différentes de celles des hommes, que ce soit en termes d’accès à l’éducation ou du monde du travail, ont une compréhension et une grille de lecture du monde très différente. Or c’est cette singularité, celle de chaque histoire de vie, de chaque expérience qui peut forger une pensée radicalement nouvelle pour infléchir la course du monde et des busines-models devenus trop désincarnés. Mais il faut que les femmes l’assument, le revendiquent et prennent toute leur place dans une co-construction bienveillante avec les hommes.

Cette co-construction repose sur un principe d’open innovation, principe qui exige des organisations une étroite collaboration avec les parties prenantes de leur écosystème : salariés, consommateurs, clients ; prestataires, associations.  Une innovation basée sur une vision radicalement nouvelle des attentes de son marché : penser à Airbnb et à sa proposition de création de valeur à partir de nouvelles expériences d’hébergements. Il va falloir penser un nouveau contrat avec son salarié/consommateur, qui réponde en même temps aux aspirations de nos vies connectées, aux grands enjeux écologiques, d’éducation et de santé tout en construisant un modèle économique prospère qui bénéficie au plus grand nombre.

Équation complexe…

Aujourd’hui les business models doivent être définis par les usages, L’hyper-personnalisation des contenus et des offres ainsi que l’importance des communautés font émerger de nouvelles attentes en matière de travail, démocratisent l’accès à la connaissance, donnent du pouvoir social aux citoyens et consommateurs, renversent la hiérarchie des pouvoirs… sauf bizarrement celle entre hommes et femmes. Contradiction de notre époque !

Nous devons donc engager une rupture dans nos modes de pensée. Cette rupture est inconcevable sans une mixité plus grande des talents : l’humain dans l’entreprise doit être considéré non plus en fonction de sa seule expertise technique mais dans toutes les dimensions de sa personnalité : citoyen, consommateur, mobinaute, parent, salarié… De nouvelles compétences et aptitudes sont exigées, créativité, goût de l’expérimentation, curiosité, adaptabilité, sens de l’empathie qui dessinent en creux une société plus ouverte, plus inclusive. Point de salut donc pour l’entre-soi, grande spécialité française.

Avec à la clé une nouvelle donne : le pouvoir de la technologie. Or ce pouvoir est aujourd’hui majoritairement aux mains d’une poignée d’hommes aux profils techniques. Et ce pouvoir est en train de décider d’un futur incroyablement vertigineux. Il faut donc se battre pour que les femmes accèdent à ce pouvoir. Avec seulement entre 5 et 10 % de filles dans les filières numériques, l’enjeu est de taille. Les femmes doivent maitriser les codes au sens propre et figuré de ce nouveau monde numérique.

Le progrès n’est pas une question de technologie. Il doit être une question d’égalité entre les femmes et les hommes. Pour explorer savamment notre futur, nous devons comprendre que chacun doit être lui-même le changement qu’il souhaite impulser. Tous concernés, tous responsables.

 

 

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