« Le management humaniste montre que performance économique et performance sociale vont de pair » Yann Algan, Professeur à Sciences Po Paris, Doyen de l’École d’Affaires Publiques

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Le management humaniste ne constitue pas une utopie car, comme l’explique BERTRAND COLLOMB, Secrétaire perpétuel de l’ASMP, Cofondateur de l’académie Olivier Lecerf et Président d’honneur de la société Lafarge. « Il existe depuis longtemps et devrait être le mode de management « normal » des entreprises. À partir des années 80, les économistes ont revendiqué la primauté exclusive des intérêts des actionnaires. On redécouvre aujourd’hui que l’entreprise ne peut être efficace dans la durée qu’en respectant les salariés, car leur motivation est indispensable.» Dans nos sociétés de services, la relation étant bilatérale, la qualité des services repose sur celle du lien social que vont développer les personnes.

Dans son cours sur l’économie de la confiance et du bien-être dispensé à l’IEP Paris, YANN ALGAN, professeur à Sciences Po Paris et doyen de l’École d’Affaires Publiques, met en avant « la problématique de la qualité des relations sociales qui impacte le bien-être des salariés et la croissance économique, comme l’a soutenu Kenneth Arrow lors de la remise de son prix Nobel ». De fait, un nouveau modèle d’organisation de l’activité économique correspond au développement d’un capitalisme collaboratif mis en oeuvre dans le cadre d’un management humaniste. Yann Algan estime que « dans nos sociétés de risque (économique, sanitaire, industriel…), seule la capacité de faire confiance aux autres et aux institutions peut assurer une régulation efficace des risques. » Dans ces conditions, il faut éviter les systèmes de contrôle trop rigoureux. Bertrand Collomb constate que « les entreprises, soumises à des pressions externes considérables (actionnaires, médias, ONG) et à une demande de performance, sont tentées de mettre en place des systèmes de contrôle extrêmement rigoureux pour limiter les risques. Ce mouvement est en contradiction avec la prise d’initiative et l’autonomie des acteurs qui constituent le véritable moteur de l’innovation. » Dans les sociétés fondées sur la connaissance et l’innovation, les idées qui émergent ont le plus souvent une origine locale fondée sur la confiance dans le cadre d’une délégation de pouvoir qui procure de l’autonomie. Yann Algan remarque : « les pays où la défiance est importante comme en France, organisent les entreprises de manière très hiérarchique, provoquant un sentiment de stress qui réduit la capacité d’innovation contrairement aux pays anglo-saxons ou nordiques. »

[box] Académie des Sciences Morales et Politiques

Notre académie compte des philosophes, des sociologues (comme Michel Crozier, disparu en 2013) des historiens et des économistes sensibles à ce sujet. Nous perpétuons le souvenir d’Olivier Lecerf en valorisant le management humaniste dans ses formes actuelles, à travers un prix annuel attribué à une personne ou à un ouvrage ayant illustré les principes de management humaniste.

Bertrand Collomb[/box]

[box] Focus sur L’économie du bonheur

Quel est l’impact recherché par le cours L’économie du bonheur ?
L’économie du bonheur permet, suite notamment au paradoxe d’Easterlin, de montrer qu’a priori, il existerait un décalage entre la croissance du PIB et le bien-être subjectif. À partir de ce constat, le cours étudie surtout les questions liées à l’impact du capitalisme sur le bien-être, si l’argent fait le bonheur, la satisfaction au travail, l’impact du chômage et de l’inflation, ou encore les indicateurs de bonheur. Il semblerait que la bonne voie est davantage le created in plutôt que le made in.

Quelle pédagogie mettez-vous en oeuvre ?
Je dispense des cours interactifs en amphithéâtre et aussi avec des étudiants francais et étrangers en nombre réduit. Je distribue des documents sur des disciplines connexes (psychologie, sociologie, philosophie…) pour enrichir le débat que je complète parfois par de courtes vidéos.

Quels types d’étudiants ce cours attire-t-il ?
Il s’agit d’un cours électif intégré dans le cursus d’économie gestion en L3 (80 % des étudiants de ce niveau choisissent cette option), cours que j’enseigne aussi en anglais dans le cadre de la licence International Economics and Management, ainsi qu’au niveau master. Cette approche leur permet également de réfléchir sur les problèmes de management liés à la motivation des salariés, car il met en exergue la dimension humaine des relations dans l’entreprise et dans la vie courante. [/box]

Patrick Simon

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