Lutte contre le réchauffement climatique : un défi pour les entreprises

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CO2, méthane, protoxyde d’azote… Ces gaz à effet de serre, facteurs de pollution atmosphérique, sont de toutes les discussions autour du réchauffement climatique. Comment les entreprises peuvent-elles concrètement contribuer à les réduire ? Les experts répondent – Par Marine Delcros

 

Le constat est sans appel : selon le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), la température moyenne globale pourrait augmenter de près de 5°C d’ici 2100 si nous ne réduisons pas nos émissions de gaz à effet de serre (GES). Pour endiguer ce phénomène, le groupe d’experts préconise de limiter l’augmentation des températures autour de 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle. Une recommandation entérinée par les Accords de Paris de 2015, lors de la COP21.

 

Croissance économique VS transition écologique

Réaliste ou idéaliste ? « Techniquement, c’est faisable mais cela demande énormément d’efforts, affirme Meike Fink, responsable « Transition climatique juste » au sein du Réseau Action Climat France (RAC). Il faut des actions de l’État, des citoyens et des entreprises. Plus on tarde, plus c’est difficile ».

Mais quid de la compatibilité de notre modèle économique basé sur la croissance avec les enjeux climatiques et la transition énergétique. « Il n’est pas possible de continuer à croitre ad vitam aeternam, affirme Meike Fink. Les entreprises adoptent des stratégies climat plus ou moins ambitieuses  mais même les bons élèves ont des trajectoires de croissance et continuent à émettre des gaz à effet de serre. Dans tous les cas, la neutralité n’est pas atteinte ».

 

Arriver à 100 % d’énergies renouvelables

La neutralité carbone est en effet l’un des nerfs de la guerre. Les Accord de Paris ont fixé l’objectif de l’atteindre d’ici 2050.  Mais attention, neutralité carbone ne signifie pas arrêt total des émissions de GES. « Pour atteindre la neutralité carbone, les entreprises ont la possibilité de faire de la compensation, explique Meike Fink. Ce peut être une solution dans certains cas, s’il n’y a pas de solution technique pour supprimer les émissions. Mais si tout le monde se focalise sur cette option, cela ouvre les portes à des abus, notamment dans les pays en développement . » Sur son site Internet, le RAC est très clair : respecter les Accords de Paris signifie arriver à zéro émissions nettes de gaz à effet de serre le plus tôt possible après 2050. Et donc ne plus émettre de CO2 lié à l’utilisation d’énergies fossiles dès 2050. Pour cela une solution : viser le 100 % d’énergies renouvelables d’ici 2050.

 

Produire moins mais mieux

Un vrai défi pour les professionnels. « Les entreprises du CAC 40 ont du mal à s’extraire de la compétitivité. Il faut les aider à produire mieux, à utiliser plus de produits recyclés, d’énergies renouvelables, à produire moins de déchets, à utiliser les technologies nouvelles pour émettre moins de gaz à effet de serre…» Mais revient-il aux États d’orchestrer des mesures à l’échelle de l’Union européenne et de l’ONU pour changer, de manière graduelle, les modes de production et de consommation ? Comment résoudre l’équation ? Définir une trajectoire à l’échelle des branches industrielles en intégrant ensuite les particularités des entreprises pourrait-être une solution même si « pour l’instant ce n’est pas du tout fait », conclut Meike Fink. C’est un grand défi, et les réflexions sont loin d’être achevées ! ».

 

Gérald Maradan est confondateur de la société de conseil en stratégie climatique, EcoAct. Crédit : EcoAct

3 questions sur la neutralité carbone à Gérald Maradan, cofondateur d’EcoAct, société de conseil en stratégie climatique

 

Qu’est-ce que la neutralité carbone et comment l’atteindre ? L’entreprise fait un bilan carbone afin d’estimer sa production de gaz à effet de serre qui prend en compte : l’énergie consommée (électricité, l’essence…), les émissions induites par la fabrication et l’utilisation des produits, les déplacements domicile-travail des salariés, etc. Ensuite elle définit des  actions à mettre en place pour réduire massivement ces émissions.  : transformer les produits, réduire les déplacements professionnels … Enfin, elle compense les émissions restantes, pour arriver à la neutralité carbone. Cela peut passer par la plantation d’arbres ou la réalisation d’un projet, souvent dans un pays en voie de développement, en lien avec le développement durable. EcoAct propose par exemple un projet biogaz au Vietnam qui permet aux familles de générer une énergie propre à partir de déchets.

Investir dans l’écologie, coût ou bénéfice pour les entreprises ? Il y a 10 ans, les entreprises considéraient cela comme un coût. Aujourd’hui, elles comprennent qu’il faut se prémunir des risques climatiques. C’est un gain financier : baisser leur  bilan carbone leur permet de réduire les factures énergétiques, notamment. C’est également un gain marketing. En proposant des services plus verts, on attire plus de consommateurs. On réduit ensuite son risque. De plus en plus d’entreprises font des analyses dans ce sens.

 Un exemple ? Les entreprises de l’agroalimentaire, ou de la cosmétique, s’approvisionnent auprès de milliers de fournisseurs partout dans le monde. Si ces pays sont impactés par des changements climatiques comme la sécheresse, l’économie des entreprises est impactée. Il y a  des ruptures dans la chaine d’approvisionnement et une forte variation du coût des matières premières.

 

 

Coronavirus : quel impact sur le climat ?

Baisse du trafic routier, de la demande de pétrole, de la consommation… Le confinement lié au coronavirus a indéniablement du bon pour l’environnement. « Les émissions de CO2 vont être réduites de 5 à 15 % cette année  à cause de l’arrêt de l’économie », note Gérald Maradan.

 Baisse de la pollution

Le rapport du Haut Conseil pour le climat, a en effet publié le 21 avril 2020, des chiffres sur les émissions dans différents secteurs d’activité en période de confinement. Exemple, le transport de surface (voitures, camions)  représente 29 % des émissions de gaz à effet de serre, soit une baisse de 60 %. L’industrie émet 17 % des GES, en baisse de 27%. C’est dans l’aviation que la baisse est la plus forte : – 75%. Si la baisse est certaine, elle n’est pas pour autant universelle. Derrière nos écrans et nos smartphone, nous polluons aussi ! « La consommation de vidéos sur Internet émet deux fois plus de gaz à effet de serre que l’aérien. Avec le confinement, il va y avoir une explosion de la consommation de CO2 dans ce domaine », prévient Gérald Maradan.

Les enjeux de demain

Autre point de vigilance évoqué notamment par le Réseau Action Climat (RAC) : une reprise de la production encore plus importante après le confinement. « Le plan de sauvegarde élaboré par le Gouvernement est basé sur une reprise de l’activité à tout prix et nullement sur une réflexion sur comment faire mieux, regrette Meike Fink. Nous comprenons l’idée d’un sauvetage du point de vue des emplois mais c’est aussi le moment de prendre un autre chemin, par exemple de proposer à certains salariés des reconversion vers des secteurs plus verts ». Le RAC demande notamment d’y inclure l’écoconditionnalité, c’est-à-dire aider les entreprises à surmonter la crise via des contreparties pour le climat. Une proposition émise par des députés lors de débats à l’Assemble nationale en avril mais restant pour le moment écartée.

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