En tant que directrice générale du plus célèbre des réseaux sociaux professionnels, Fabienne Arata (SKEMA 88) a une vision complète et passionnée de l’emploi. Véritable leadeuse dans l’âme, elle s’engage pour que chaque talent puisse trouver le poste qui lui correspond. Découvrez son parcours, ses convictions, mais surtout, ses conseils pour bien entamer une carrière de leader.
D’IBM à ManpowerGroup, vous avez longtemps exercé dans le domaine des services informatiques pour diverses grandes entreprises. Qu’est-ce qui vous fascine dans ce secteur ?
Ce n’est pas tant le secteur, mais ce sont surtout des entreprises, tout comme LinkedIn, qui ont une très forte raison d’être et une vision et des valeurs dans lesquelles je me reconnais. Mon parcours s’est vraiment construit autour de la technologie au service de l’emploi.
Racontez-nous les coulisses : comment vous a-t-on proposé de devenir DG de LinkedIn France ?
Je suis le pur exemple de ce que peut apporter LinkedIn aux professionnels. J’étais connectée avec une ancienne collègue d’IBM et Manpower. On ne se connaissait pas plus que ça, mais nous gardions une relation professionnelle. Un jour, elle m’a contactée pour me dire qu’elle avait connaissance de l’ouverture de ce poste. Cette situation témoigne exactement de ce que nous portons en termes de valeurs pour les professionnels en recherche active ou en veille. Entretenir son réseau et échanger sur ce qui nous porte peut s’avérer payant.
Quelle expérience professionnelle ou personnelle vous a confirmé votre attrait pour le management à haute responsabilité ?
Ce qui m’a guidée tout au long de mon parcours, ce n’est pas tant l’envie de faire du management, que le besoin viscéral d’être utile, d’être dans la construction et d’avoir de l’impact. Un poste de management permet d’avoir un impact plus large et de modestement contribuer à créer un cercle vertueux. Si je dois prendre un exemple récent, nous avons créé l’Alliance ‘Un réseau pour tous’, afin d’aider les personnes qui ont plus difficilement accès à un réseau professionnel. C’est cette nature d’impact concret qui me porte.
D’après vous, quelles sont les qualités incontournables d’un leader d’équipe ?
Pour moi, il y en a quatre. Tout d’abord l’humilité, parce qu’on attend d’un leader de co-construire une vision et que cela ne se fait jamais seul. Il faut avoir l’humilité de savoir qu’on ne sait jamais tout et même qu’on sait de moins en moins de choses au vu de la complexité et de la rapidité de notre environnement. Ensuite, la curiosité, qui va de pair avec l’humilité. Le rôle d’un leader c’est de bousculer le statu quo, de challenger les manières de faire pour pousser les réflexions. Un leader peu curieux de prendre en compte des points de vue radicalement différents ne peut pas se construire une vision pertinente. Une autre qualité : la clarté. Conduire et communiquer sa vision avec clarté, c’est vrai pour un leader mais de manière générale pour tous les professionnels. Il faut être capable de donner un point de repère à ses équipes. Enfin, il y a l’empathie. Il est nécessaire d’avoir cette forme d’intuition émotionnelle pour pouvoir conduire le changement le mieux possible.
Constatez-vous un changement de comportement dans la manière de manager post-Covid ? Notamment du côté de l’équilibre vie pro/vie perso ?
J’ai constaté deux natures de changements sur notre plateforme. En particulier pendant la période de pandémie, nous avons assisté à une prise de parole des dirigeants beaucoup plus forte pour engager leur entreprise sur un certain nombre de sujets, de causes. LinkedIn leur permettait de construire un dialogue très direct avec l’ensemble de leur écosystème. Ils ont également pris conscience que cette authenticité, voire cette vulnérabilité, était une force. Nous avions déjà constaté dans les attentes des candidats qu’ils souhaitaient des leaders avec ce type de prise de parole. Mais la période de pandémie a accéléré le mouvement et l’ensemble des dirigeants ont franchi ce pas. La deuxième chose : beaucoup de dirigeants ont pris conscience des contraintes personnelles et de cet équilibre nécessaire entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Tout le monde a dû apprendre à manager des équipes hybrides, ce qui nécessite des pratiques managériales très nouvelles. D’où l’importance de l’empathie !
Votre conseil de DG pour réussir à coup sûr lors de son premier poste de leader ?
Les conseils pour un premier poste de leader sont aussi valables pour toute nature de prise de poste, quel que soit le niveau de management. Ça tient en une phrase : go slow to go fast. Il s’agit de prendre le temps de comprendre et d’écouter avec curiosité et humilité. Il faut se dire qu’il y a un temps important pour faire l’analyse de vos forces et de vos faiblesses. Une fois vos premières convictions ébauchées, vous pourrez co-construire votre plan pour embarquer votre équipe. Il faut également vous dire que si vous avez été recruté, c’est qu’un certain nombre de personnes ont fait ce choix. Ces personnes ont pris la meilleure décision possible, donc vous n’avez rien à prouver. Cela permet de mieux gérer le syndrome de l’imposteur, souvent un peu plus présent du côté des femmes. Mon autre conseil : soyez vous-même et dites ce que vous avez à dire de manière authentique et vulnérable. C’est important de faire comprendre qui vous êtes à vos collaborateurs.
Un dernier message pour les étudiants qui nous lisent ?
J’ai eu l’occasion de coacher un certain nombre de jeunes diplômés qui n’avaient pas les codes, les connexions et qui, pour autant, avaient les formations et diplômes que les entreprises recherchent. Il faut absolument combattre l’autocensure de certains talents. Je constate que certains se disent « ce n’est pas pour moi, le réseau n’est pas pour moi, cette entreprise n’est pas pour moi… » C’est toujours faux ! Il est nécessaire de combattre votre autocensure.
Les bonnes pratiques à adopter sur LinkedIn
Pour vous lancer dans vos recherches professionnelles, Fabienne Arata vous conseille d’avoir un profil LinkedIn complet, d’être authentique et d’être convaincu par vos moteurs. « Je vous invite à être authentique et très précis sur votre recherche, ce qui va permettre de nourrir des conversations et des connexions qualitatives avec des entreprises et des recruteurs. Mon deuxième conseil : être curieux. Une fois que vous savez ce qui vous porte, il faut avoir la curiosité d’aller voir différents secteurs et types d’entreprises » conseille-t-elle. Il est également important de rappeler que le réseau se construit dès le plus jeune âge : dès le lycée, vous pouvez vous bâtir un réseau professionnel constitué de professeurs, de parents de camarades, d’associations… « Le réseau s’entretient exactement de la même manière que vos relations classiques d’amitié » conclut-elle.
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