L’e-euro [monnaie numérique] : en quoi diffèrera-t-il de l’euro ?

e-euro monnaie numérique
Image par WorldSpectrum de Pixabay

Aux quatre coins du monde, les banques centrales se lancent dans l’arène des monnaies numériques. La Chine et la Suède ont déjà émis des CBDC (Central Bank Digital Currency) pilotes, les États-Unis et l’Inde, sont sur le point d’en lancer et l’Union européenne prépare un euro numérique ou e-euro. Mais en quoi consiste cette nouvelle devise et quelles pourraient être les conséquences de son introduction ?

Qu’est-ce que l’e-euro, nouvelle monnaie numérique ?

L’e-euro est un moyen de paiement en euro, sans présence physique. A l’instar des autres monnaies numériques comme le Bitcoin ou l’Ethereum, l’e-euro sera stocké dans des portefeuilles numériques et les transactions se feront grâce à la blockchain. Il ne sera pas « miné » comme les autres cryptomonnaies, mais émis et régi par la Banque centrale européenne (BCE). L’e-euro sera donc à la fois un outil transactionnel et de politique monétaire. Comme l’e-euro sera émis et contrôlé par une entité publique, cela garantira la stabilité des valorisations.

Quels sont ses avantages ?

L’e-euro présente plusieurs avantages par rapport à l’euro :

  • Puisqu’il n’y a pas d’impression, son empreinte écologique est considérablement réduite.
  • Il démocratisera l’économie : les particuliers seront en rapport direct avec les banques centrales. Cela permettra d’élargir l’éventail des services bancaires disponibles et de réduire les frais de transaction.
  • Il renforcera la souveraineté monétaire de la zone euro et protègera l’euro de la concurrence des autres CBDC.
  • Les gouvernements pourront davantage contrôler les transactions et réduire l’évasion fiscale et le blanchiment d’argent.

Toutefois, en dépit de tous ces avantages, l’introduction de l’e-euro présente d’importants défis, notamment en ce qui concerne sa circulation parallèle.

Pourquoi maintenant ?

Les banques centrales agissent maintenant, afin de maintenir le statu quo et leur autorité monétaire, et ainsi préserver la souveraineté monétaire des pays ou entités telles que l’UE. L’introduction de l’e-euro sera une déclaration audacieuse de la part de la BCE car, en pratique, le rôle d’intermédiaire des banques sera contourné. Ces dernières se heurteront à la concurrence des banques centrales ou des portefeuilles numériques privés, ce qui exercera une pression sur leurs dépôts et donc sur leur solvabilité. Elles devraient éventuellement se réinventer, ce qui constituerait un défi existentiel pour l’économie dans son ensemble. Une solution potentielle pourrait être une émission de l’e-euro en deux temps : d’abord aux banques commerciales, puis au grand public, si nous souhaitons maintenir le statu quo.

Confidentialité et sécurisation

Le principe de base d’une monnaie liquide est l’anonymat. L’e-euro changera la donne. Mais afin de préserver un équilibre entre sécurité et confidentialité, il pourrait être utilisé dans un format de semi-anonymat. La traçabilité de la blockchain peut aider à retracer l’historique financier complet d’un détenteur de portefeuille numérique. Mais l’identité de ce dernier doit-elle être une information publique ? C’est un élément qui devra certainement être réglementé.

Monnaie ou actif d’investissement ?

L’e-euro doit-il être considéré comme une monnaie ou comme un actif d’investissement ? L’idée initiale des monnaies numériques était de devenir des moyens d’échange décentralisés, régis par les forces des marchés. Cependant, elles sont rapidement devenues des actifs spéculatifs. Une grande devise à large circulation comme l’e-euro sera plus à même de refléter les conditions de l’économie réelle, plutôt que de faire l’objet de spéculations sur son état futur. Il est fort probable qu’en combinaison avec d’autres exigences de divulgation, des règlementations complexes seront mises en œuvre afin que l’e-euro partage les mêmes caractéristiques que l’euro. 

e-euro monnaie numérique
Crédit photo : P. Cauneau / Audencia.

Par Iordanis Kalaitzoglou, Professeur de finance à Audencia

>>> retrouvez ici du même auteur “La responsabilité sociale du carbone”

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