Visiter l’Europe à vélo, pédaler jusqu’en Turquie ou encore traverser la France à la seule force des mollets, ça vous semble impossible ? Pourtant, les étudiants que nous avons rencontrés l’ont fait. Que ce soit par conscience écologique, challenge sportif ou envie d’ailleurs, ils nous expliquent pourquoi ils ont choisi cette mobilité douce pour effectuer leurs déplacements.
Antoine Belmudes, tout-terrain
Parti le 10 mars de Brest, l’étudiant ingénieur des Mines Nancy s’est lancé un défi : rejoindre Istanbul, en Turquie, avec un vélo de randonnée pour seul moyen de transport.
Gironde. Sur une ligne droite de plus de 10 kilomètres entre les pins, le vent de face, Antoine Belmudes pédale. L’étudiant de 22 ans, actuellement en année de césure, est parti depuis une dizaine de jours de Bretagne pour un voyage un peu fou : rejoindre la Turquie à vélo en solitaire. Ce projet est né d’un constat : « dans la vie, je n’ai pas trop bougé et je voulais voyager par mes propres moyens, sans prendre le train, la voiture ou l’avion. En tant qu’amateur de sports extérieurs comme l’alpinisme, l’escalade ou la spéléologie, je baigne dans la nature et je suis sensible à l’aspect climatique. » L’utilisation du vélo est donc apparue à Antoine Belmudes comme une évidence.
Direction l’EuroVelo
Le voilà en route, simplement accompagné de sa randonneuse, un vélo de randonnée avec un cadre solide en acier. De 16 kg à vide, il pèse près de 40 kg une fois chargé. « L’objectif est d’avoir un vélo confortable. Je ne cherche pas à aller le plus vite possible mais à découvrir de jolis coins » assure l’étudiant. Son itinéraire est donc bien défini : descendre le long de la côte atlantique, puis emprunter la route des cols du Tour de France dans les Pyrénées pour arriver en Méditerranée. « Ma ligne directrice est de longer les bords de mer. Je vais ensuite emprunter l’EuroVelo 8, une voie cyclable européenne, qui borde la côte méditerranéenne en passant par l’Italie, la Croatie, la Grèce, pour arriver en Turquie » détaille-t-il.
Au-delà d’un voyage sportif, c’est aussi une expérience culturelle qu’entreprend Antoine Belmudes. « Le voyage à vélo est un éloge de la lenteur. Au fil des kilomètres, je vois l’architecture, le climat, la taille des plages changer. C’est un plaisir de découvrir des coins magnifiques. » Une expérience humaine aussi car, partout où il s’arrête, l’étudiant ingénieur est chaleureusement accueilli. « Je rencontre des gens, j’en apprends plus sur eux, sur leur région, leurs métiers. J’ai par exemple dormi chez un couple reporter de guerre. Je n’ai jamais été aussi libre, aussi content de voir la nature et de m’autoriser des écarts sur mon parcours pour découvrir de nouvelles choses. » Une liberté qui a pourtant une contrainte : sa rentrée en école d’ingénieurs qui a lieu en septembre. S’il estime pouvoir arriver à Istanbul début juillet, son retour n’est pour le moment pas encore défini.
Contact : @ antoine_au_guidon
Cyclistes solidaires, en échappée vers l’Europe
L’objectif de l’association Cyclistes Solidaires : promouvoir la mobilité douce par le vélo et faire découvrir l’Europe grâce à ses partenaires sur le continent. Louane Thiebault, en 2e année à Sciences Po Dijon et présidente de l’association, nous en dit plus.
Faire partie de Cyclistes Solidaires, c’est…
C’est se mettre au défi physique car nous pédalons pour un avenir plus durable et pour promouvoir les mobilités douces. A ce titre, chaque année, nous organisons un voyage à vélo dans un pays européen. C’est aussi avoir l’opportunité de découvrir des associations et des initiatives internationales, ce qui peut être très enrichissant pour ceux qui souhaitent s’investir dans des causes humanitaires mais aussi environnementales.
Quelle sera votre destination cette année ?
L’Allemagne ! Nous allons partir pour un voyage à vélo de 10 jours jusqu’à Stuttgart pour rencontrer nos associations partenaires : Bike Bridge – qui utilise le vélo pour favoriser l’interaction sociale, la mobilité spatiale et sociale, ainsi que l’engagement sociétal – et Robin Wood, une ONG écologiste allemande. Au-delà du voyage, l’idée est de nous mobiliser pour aider financièrement et rendre visible ces associations qui ne sont pas forcément connues en France. Sur place, nous participerons aux activités qui rythment leur quotidien, notamment en faveur de la préservation des forêts allemandes et de la promotion du vélo comme moyen de locomotion et d’intégration.
Contact : @ cyclistessolidaires HelloAsso : Cyclistes Solidaires
Cyclow-tech pédale pour la ville de demain
Faire un tour d’Europe à vélo à la découverte des low-tech ? Trois étudiants de l’école Polytechnique de l’université de Tours l’ont fait. Ils souhaitent aujourd’hui retracer leur expérience dans un documentaire.
Les low-tech – ou basses technologies – qualifient des objets, pratiques, modes de vie ou courants de pensée qui intègrent la technologie selon trois grands principes : qu’elle soit utile, accessible et durable. Paul Lebreton, Basile Fleuy et Melaine Piton en ont fait le sujet de leur année de césure en 2023, durant laquelle ils ont parcouru l’Europe à vélo. Etudiants ingénieurs en aménagement du territoire et de l’environnement, ils se sont posé une question : comment faire la ville de demain ? « Ce voyage découlait d’une volonté d’avoir un projet avec plus de sens face à des études qui étaient très théoriques. Découvrir l’Europe et à vélo correspondait parfaitement à nos convictions » explique Paul Lebreton.
Retour en images
Le projet Cyclow-tech, ce sont donc 14 pays visités, près de 6 500 kilomètres parcourus et des rencontres avec des personnes familières des low-tech. « Nous voulions nous confronter à des acteurs qui innovent à leur échelle, car nous pensons que la croissance verte n’est pas forcément la meilleure manière de répondre aux enjeux du monde à venir » détaille Basile Fleury. Le trio fait ainsi la connaissance d’un chercheur hollandais spécialiste de la décroissance, ou encore la découverte d’un slow lab à Barcelone développant des technologies comme des fours solaires ou des générateurs à vélo.
Si le tour d’Europe est aujourd’hui terminé, le projet Cyclow-tech n’est pas achevé pour autant puisqu’il devrait être adapté en documentaire. « Nous avons filmé notre voyage, et nous souhaitons, avec ce film, faire découvrir des initiatives low-tech bien sûr, mais aussi inciter les personnes à voyager moins loin. L’idée est également de montrer que le trajet fait partie du voyage » explique Paul Lebreton. En 5e année d’école d’ingénieurs, les étudiants cherchent actuellement des fonds pour financer cette partie du projet. Ils espèrent sortir leur documentaire fin 2024.
Contact : @ cyclowtech
A bicyclette avec Vécolo
Dans le cadre de la Semaine Nationale du Sport et de l’Environnement (SNSE), les BDE STAPS d’Angoulême et Poitiers ont organisé Vécolo, une traversée à vélo entre Poitiers et Paris. Philippe Mallard, en L1 STAPS à l’Université d’Angoulême, a fait partie du voyage.
En se portant volontaire pour Vécolo, Philippe Mallard s’est lancé un défi : pédaler entre 40 et 60 kilomètres par jour pour rejoindre Poitiers à Paris à vélo entre le 19 et le 25 janvier 2024. « L’idée était de changer les mentalités sur l’utilisation du vélo dans les déplacements quotidiens, mais aussi de lutter contre la sédentarité grâce à l’activité physique » explique-t-il. Le voilà donc parti sur les routes de France avec huit autres étudiants. « Nos VTT étaient très chargés, sans compter que j’avais emmené un drone pour documenter nos différentes étapes » raconte-t-il. Au cours de leur voyage, les infrastructures cyclables les interrogent. « Nous avons emprunté les pistes cyclables dès que nous avions l’occasion, mais nous sommes souvent allés sur la route, avec les voitures, parfois sur des départementales ou au contraire dans des chemins de boue » analyse Philippe Mallard.
Dernière étape : l’Académie du Climat
Vécolo est aussi l’occasion de sensibiliser des écoles et des clubs de sport à l’écologie et aux mobilités douces. Durant leur parcours, les étudiants interviennent ainsi auprès d’enfants licenciés au club de rugby du Racing 92, « une expérience enrichissante malgré la fatigue » précise Philippe Mallard. Une fois le temps sportif terminé, Vécolo entame sa dernière étape : rejoindre l’Académie du Climat à Paris pour assister à un événement organisé par l’association nationale des étudiants en STAPS (ANESTAPS) autour de l’adaptation de la pratique sportive face au changement climatique. « C’était très intéressant, autant sur le plan sportif et environnemental que sur le plan humain. Vécolo nous a soudés et rassemblés. Au début, je ne connaissais personne de l’équipe et aujourd’hui nous sommes de très bons amis » illustre Philippe Mallard. Cette aventure lui a d’ailleurs donné envie d’en tenter une nouvelle, mais cette fois-ci au niveau européen.