Euro numérique : monnaie privée, publique, décryptage

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La Banque Centrale Européenne (BCE) devrait décider en automne 2023 si elle lance ou pas la phase réalisation de l’euro numérique. Cet e-euro sera l’équivalent digital des pièces et des billets. Ce sera une nouvelle forme de monnaie publique. Ce ne sera pas une nouvelle crypto-monnaie. La confusion risque d’être grande parmi les citoyens sans effort de pédagogie. Essayons d’y voir plus clair !

Notre monnaie est hybride avec une monnaie publique…

Nous n’avons pas conscience du fait que notre monnaie moderne, parfois appelée monnaie « fiat », est faite d’une monnaie publique et d’une monnaie privée. Les pièces et les billets, qu’on appelle la monnaie fiduciaire, forment la monnaie publique. La BCE prépare actuellement la mise en circulation de la forme électronique de la monnaie fiduciaire. Les pièces et les billets constituent une monnaie publique car ils sont émis par les autorités. Les pièces sont émises par les vingt Etats membres de la zone euro. Les billets sont émis exclusivement par la BCE. On dit que les billets sont une monnaie de banque centrale. Les pièces sont une créance que nous avons sur les Etats membres et les billets une créance sur la BCE. Leur valeur nous est garantie par les Etats et la BCE. Seule cette monnaie publique a cours légal. La loi impose l’acceptation de cette monnaie pour le règlement des paiements dans la zone euro. En pratique, lorsque nous effectuons un règlement en espèces nous payons en monnaie publique. L’euro numérique sera une monnaie digitale publique ou monnaie digitale de banque centrale.

… qui coexiste avec une monnaie privée

En plus de la monnaie publique, nous utilisons une monnaie privée qui est, quant elle, entièrement numérique. Elle représente près de 90 % de notre monnaie. Cette monnaie est constituée par les sommes inscrites sur les comptes que nous détenons auprès des banques de dépôt. On l’appelle monnaie scripturale et elle est privée car créée par les banques. Ces euros scripturaux numériques sont une créance que nous détenons sur les banques. La monnaie privée n’a pas le statut de cours légal. Sa valeur n’est pas garantie par les institutions publiques mais repose sur la promesse des banques d’effectuer la conversion des euros scripturaux en euros fiduciaires. En pratique, lorsque nous effectuons un règlement par carte bancaire, chèque ou virement nous payons en monnaie privée.

En quoi l’euro digital est-il une innovation ?

L’arrivée prochaine de l’euro digital marque une innovation car il sera une forme numérique de monnaie publique. Concrètement, l’euro digital ou e-euro pourrait être mis en circulation de deux façons différentes. La première option serait sous forme d’ouverture de comptes, directement ou indirectement, auprès de la BCE. Ainsi, tout un chacun détiendrait une créance numérique sur l’institut d’émission. La deuxième possibilité serait de détenir ces e-euros stockés localement sur des cartes ou des applications mobiles que nous pourrions charger, là encore directement ou indirectement, auprès de la banque centrale. Quoi qu’il en soit, effectuer un règlement à l’aide de l’une de ces deux options représentera alors un paiement en monnaie publique.

Quelles différences avec l’univers des crypto-monnaies ?

Techniquement, le mode de distribution de l’e-euro pourrait s’appuyer sur la blockchain. Toutefois, il ne sera pas une nouvelle crypto-monnaie. Une crypto-monnaie est une monnaie privée qui permet le paiement d’un individu à un autre sans tierce partie. Ce n’est pas le cas de l’euro digital qui sera une monnaie publique émise par la BCE. Le Bitcoin, la première et la plus importante crypto-monnaie, ne constitue pas une créance sur son émetteur et sa valeur n’est pas garantie. Rappelons qu’entre fin 2021 et fin 2022 la valeur du Bitcoin en dollars US aura été divisée par quatre ! Au-delà de la discussion de savoir si le Bitcoin est une véritable monnaie ou pas, il faut être conscient de ses limites en tant que monnaie c’est-à-dire intermédiaire des échanges. Son protocole informatique limite sa capacité de traitement de transactions à moins de quatre transactions par seconde. Un prestataire de services de paiements électroniques en monnaie « fiat », comme l’est Visa par exemple, permet le traitement de près de 65 000 transactions par seconde.

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L’auteur est Dr Alexandre Sokic, Professeur de Finance

Responsable du département ‘Finance, Law & Economics’ à ESCE International Business School

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