Enquête IESF 2021 : les ingénieurs français peu touchés par la crise ?

Ingénieurs français enquête IESF
Seulement 24 % de femmes ingénieures en activité. Principalement présentes dans les secteurs de la chimie et des sciences du vivant. ©ThisisEngineering RAEng

Comme chaque année, Ingénieurs et Scientifiques de France (IESF) a publié les résultats de son enquête nationale le 22 juin 2021. Cette étude donne une photographie de la situation professionnelle et sociétale des ingénieurs français en 2020. Une photographie en noir et blanc après cette année mouvementée ? Profil.

« Cette enquête rencontre toujours autant de succès malgré une année fortement marquée par le Covid-19 », introduit Marc Ventre, Président d’Ingénieurs et Scientifiques de France lors de la conférence de presse annonçant les résultats de la dernière enquête (IESF a annoncé le 23 juin l’élection de Marc Rumeau à la présidence d’IESF ndlr). Au total : plus de 53 000 questionnaires complétés ont été recueillis de février à mi-avril 2021 pour cette 32e édition de l’enquête IESF. Une 32e édition assez particulière. L’enquête, qui existe depuis 1958 et s’est annualisée en 2005, n’a jamais connu une crise sanitaire telle que celle que nous venons de vivre en 2020. « Nous nous sommes donc focalisés sur les conséquences de la crise sanitaire sur le marché du travail, comme la rentrée retardée des jeunes diplômés et les positions plus figées des actifs. » Fin 2020, ils étaient 1 160 000 ingénieurs en France. 80 % sont en activité professionnelle et 41 % sont de jeunes diplômés. Première bonne nouvelle : les ingénieurs français sont toujours aussi satisfaits de leur métier.

Toujours peu de femmes parmi les ingénieurs français

« Une moins bonne nouvelle : la féminisation stagne », annonce d’emblée Sandrine Peltre, Responsable Communication de l’Observatoire des Ingénieurs. Elle stagne à 28 % dans les promotions depuis 2013. A 24 % chez les ingénieurs français en activité. « J’invite les femmes ingénieures à intervenir largement dans le écoles pour présenter leur métier », propose comme piste d’action Sandrine Peltre. Celles actuellement en activité s’orientent en particulier dans les secteurs de la chimie et des sciences du vivant. Leur présence régresse en parallèle dans le milieu de l’informatique. « C’est dommage », regrette Sandrine Peltre. « D’une part, parce que c’est un secteur rémunérateur, et d’autre part, parce qu’il faut que les femmes soient partie prenante des nouvelles technologies. » Marc Ventre partage le même avis. « C’est un peu décevant au regard de toutes les actions menées par IESF et les autres organismes en ce sens. Il faut cependant continuer. Même si la situation n’évolue pas encore, nous n’avons aucune raison d’arrêter. » Cette détermination payera espère la fédération.

Peu d’évolution sur les origines sociales des élèves-ingénieurs

En 2020, 1 jeune sur 18 devient ingénieur. Parmi ceux-ci, 1 sur 3 est enfant d’ingénieur, 1 sur 80 est enfant d’ouvrier et 1 sur 20 est enfant d’employé. « Pas de différence notable par rapport aux années précédentes », nous fait savoir la Responsable Communication de l’Observatoire des Ingénieurs. Les principaux vecteurs d’ouverture sociale restent la bourse d’études, suivi de l’accès par BTS / DUT et surtout, l’apprentissage. Les contrats d’apprentissage connaissent en effet une croissance de 8 % par an. « C’est l’aspect pratique de l’apprentissage qui motive les étudiants. Pour équilibrer théorie et pratique, être plus rapidement sur le terrain et obtenir des financements. »

Côté salaire : combien gagne aujourd’hui un ingénieur français ?

D’après l’enquête IESF basée sur 2020, le salaire brut médian des ingénieurs en France s’élève à 58 900 euros. « Nous les avons interrogés cette année sur les effets de la crise pour savoir si celle-ci avait impacté leur salaire. Résultats : 10 % ont été confrontés à un gel et une baisse de rémunération, 2 % ont obtenu une augmentation et 52 % n’ont subi aucun effet de la crise sur leur salaire », déclare Sandrine Peltre. Ils sont en tout cas 72 % à être satisfaits du montant de leur retraite, l’âge moyen de départ à la retraite étant de 64 ans.

Top 3 des secteurs où travaillent les ingénieurs français

#1 Industrie (42 % des ingénieurs français à l’étranger travaillent dans l’industrie)

#2 Tertiaire (hors sociétés de services)

#3 Sociétés de services et logistique

Le chômage en hausse

Si les salaires ont finalement été peu impactés par la crise sanitaire et économique, ce n’est pas le cas des recrutements. Globalement, les entreprises ont maintenu leurs emplois. Mais le taux de chômage a considérablement augmenté, notamment dans la région Occitanie. Une explication ? « Le secteur de l’aéronautique, très touché par la crise, représente 30 % des emplois dans la région Occitanie. » A l’échelle nationale, ce taux de chômage s’explique par l’arrivée des jeunes diplômés sur un marché du travail bouleversé. Les jeunes ingénieurs français ont été largement embauchés en CDD, en intérim, vacations et contrats précaires, plutôt qu’en CDI. 17 % ont d’ailleurs décidé de poursuivre leurs études pour pallier à cette situation. « Ils avaient sûrement déjà cette envie avant, et la crise les a poussés se lancer pour mieux entrer sur le marché du travail par la suite. »

Les offres d’emplois en baisse

Parmi les causes de cette difficulté à trouver un emploi chez les jeunes : la diminution des postes à pourvoir. On constate ainsi une baisse de 17 000 recrutements par rapport à l’enquête IESF de l’année dernière. A noter tout de même : 109 000 salariés ont été recrutés cette année. Les secteurs les plus impactés par cette baisse des recrutements sont l’industrie du transport (aéronautique) et les services informatiques. « Concernant les personnes en recherche d’emploi, 43 % estiment que la crise a freiné leur recherche, comme on peut tous aisément l’imaginer. »

Recruter des ingénieurs français est toujours aussi difficile

On pourrait croire que cette baisse des offres d’emplois aurait effacé les difficultés de recrutement rencontrées les années passées. Finalement, recruter des ingénieurs français reste assez difficile. Tout de même légèrement moins qu’en 2019 (47 % VS 56 %). Les principales difficultés évoquées : « il n’y avait pas de tels profils sur le marché de l’emploi », « le salaire qu’ils demandaient était trop élevé », « le candidat avait une contrainte géographique ». Les ingénieurs d’études sont toujours en tête des plus difficiles à recruter, devant les profils SI et numérique. « Malgré les difficultés de certaines sociétés de services dans certaines régions, le besoin de recruter ce type de profil augmente. »

Des projets de mobilité professionnelle ?

A cette question, 19 % d’ingénieurs ont répondu OUI. Contre 23 % en 2019. 9 % des mobilités effectuées ont spécifiquement été entrainées par la crise sanitaire. Les régions où les ingénieurs souhaitent le plus rester : Auvergne-Rhône-Alpes et Bretagne. Celles qu’ils souhaitent quitter : Île-de-France et Corse.

« La crise va laisser des traces mais l’économie et l’emploi repartiront très vite car les ingénieurs sont une population considérable au cœur des transformations de la société », conclut Marc Ventre sur cette 32e édition de l’enquête IESF.

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