Du virtuel aux humanités, il n’y a qu’un pas

crédits Université de Caen Normandie, CIREVE
crédits Université de Caen Normandie, CIREVE

Virtuel et humanités aux antipodes ? Plutôt hybridés aujourd’hui nous expliquent Amos Fergombe, responsable du Master Humanités Numériques de l’Université Polytechnique Hauts-de-France, et Sophie Madeleine, directrice-adjointe du Centre Interdisciplinaire de Réalité Virtuelle de l’Université de Caen Normandie.

 

Ce n’est pas un secret : nous vivons une révolution. Face aux enjeux du numérique, nos rapports sociaux sont bouleversés, nos usages modifiés. « Nos pratiques d’écriture, notre perception des œuvres, notre rapport à la mémoire, aux objets… », énumère Amos Fergombe.

Virtuel + humanités = humanités numériques

Pour répondre à ces nouveaux besoins du monde socio-économique, des formations transverses commencent à se développer au regard des métiers émergents. Comme le Master Humanités Numériques de l’Université Polytechnique Hauts-de-France. Un nouveau cursus, d’à peine un an, ambitieux et innovant, qui couvre quatre spécialités : Ecritures Numérique, Arts Vivants Numériques, Patrimoines Numériques Matériels et Immatériels, User Expérience Design : Communication Numériques et Objets Connectés. Un large éventail, au croisement des disciplines, pour couvrir toute une nouvelle réflexion sur le dialogue entre machines et hommes.

« Le numérique est au cœur de toutes les mutations sociales et humaines importantes d’aujourd’hui. Alors, au lieu de se laisser asservir par les nouvelles technologies, nous avons décidé de former les étudiants pour qu’ils puissent se les approprier, maîtriser les outils, les techniques, les supports, les applications ou encore les données », explique Amos Fergombe. N’importe quel étudiant venant d’un parcours en littérature, histoire, art du spectacle ou encore communication, peut ainsi devenir un pro du numérique ! Chef de projet Open Data, responsable stratégie numérique, community manager, webmaster, chef de projet scène 3D, ingénieur… Les compétences des humanités ainsi fusionnées aux technologies font la force de ces futurs jeunes actifs sur le marché du travail.

Tous les chemins mènent à la recherche

Outre de nouvelles formations, les universités, à la pointe du sujet, innovent aussi en matière de recherche. Parmi les pionnières : l’Université de Caen Normandie, qui met la réalité virtuelle au service des sciences humaines et sociales. « Tout a commencé en 1994, lorsque l’université a décidé de mettre en valeur une maquette de plâtre de 70 m² représentant la Rome antique. Un objet patrimonial classé monument historique. Mais rapidement obsolète face aux nouvelles découvertes sur la cité, un professeur propose d’en faire un double virtuel mis à jour selon les plus récentes recherches. On nous a dit qu’on était fous mais nous avons réussi ! », raconte Sophie Madeleine. Images de synthèse puis vidéos, comme dans un jeu vidéo, chacun peut se balader dans la ville aux Sept Collines et même cliquer sur les objets pour en connaitre les caractéristiques d’après une base de données de recherche.

C’est de cette expérience qu’est né le Centre Interdisciplinaire de Réalité Virtuelle (CIREVE). Casques de réalité virtuelle, application Google, salle immersive… « Ce plateau technique accueille aujourd’hui près de 350 chercheurs sur un spectre de sujets plus large : médecine, sport, géographie, neuropsychologie… Par exemple, les simulations en réalité virtuelle permettent d’anticiper la montée des eaux en Normandie ou d’évaluer la mémoire des personnes potentiellement atteintes d’Alzheimer. »

Une machine à remonter le temps

Les sciences humaines et sociales se sont donc approprié les nouvelles technologies comme formidable outil pédagogique pour comprendre le monde d’hier, d’aujourd’hui et de demain. « C’est un très bon vecteur pour rééclairer les humanités. Parfois jugées poussiéreuses, nous avons la preuve qu’elles évoluent en recherche et s’adaptent aux nouveaux usages », se réjouit la directrice-adjointe du CIREVE. « Les humanités numériques ont de l’avenir comme le prouvent les nombreuses startups et emplois dans ce secteur », ajoute Amos Fergombe. Virtuel et humanités, complémentaires mon cher Watson !

 

Imprimer

Articles qui pourraient vous intéresser également

Inscrivez-vous à notre newsletter !

Vous pouvez vous inscrire à notre newsletter en cliquant sur le lien suivant :

inscription à la newsletter