Rejoindre une Maison de créateurs qui cultive le potentiel humain et veille à son impact positif dans le monde, c’est ce que vous propose Julien Garry (Chimie Clermont-Ferrand 00), Directeur Général Innovation Développement & Achats de CHANEL Parfums Beauté.
Le cabinet McKinsey prévoit que le secteur Beauté pourrait dépasser les 580 milliards $ de CA en 2027 (vs 430 milliards $ en 2022), avec une percée significative du segment prestige (+8 %/an). Quelles grandes dynamiques sont à même de favoriser cette croissance ?
Le secteur est en effet dans une belle dynamique depuis plusieurs années, qui se traduit différemment selon les segments (parfums, soins, beauté) et les zones géographiques. L’Europe et les Etats-Unis sont des marchés matures. L’Asie au contraire est un marché relativement plus récent, qui présente un fort potentiel de développement, du fait de sa croissance rapide et sa taille. Sur ce continent, nous devons adapter nos modes de distribution, par exemple, avec le e-commerce qui y est bien plus répandu.
Concrètement, comment CHANEL Parfums Beauté s’empare de cette tendance porteuse ?
Historiquement très présents sur le parfum et le maquillage, nous poursuivons le développement de nos produits de soins. Notre première gamme de soin date de 1927 ! Nos équipes de R&D réparties à travers le monde ont toute légitimité et crédibilité pour renforcer cette expertise. En parallèle, nous sommes également très attentifs à étoffer notre offre de services sur les différents canaux de distribution, afin d’offrir une expérience client toujours plus qualitative. Par exemple, pour les clients qui ne peuvent pas venir en boutique, nous mettons l’accent sur l’unboxing, l’art de surprendre en ouvrant son colis.
Quelle est la tendance du secteur qui vous avez su saisir avant tout le monde ?
La percée du prestige est une tendance qui se confirme : le luxe et l’ultra-luxe sont plus en croissance que les autres secteurs. Chez CHANEL, l’excellence a toujours été dans notre ADN, c’est une valeur différenciante qui n’est pas nouvelle, mais qui nous définit depuis l’origine. Cette excellence se traduit par le fait que nous ne faisons aucun compromis : ni sur la qualité, ni sur le sourcing, ni sur l’innovation.
Vous évoluez depuis plus de 14 ans chez CHANEL, comment résumeriez-vous l’état d’esprit et les valeurs qui règnent au sein de la Maison ?
Après avoir connu LVMH et L’Oréal, je suis venu chez CHANEL surtout par curiosité. Et en effet, cela fait 14 ans que j’apprécie chaque jour de travailler dans cette Maison, en grande partie en raison de ses valeurs : la culture de l’excellence, dont j’ai déjà parlé, mais aussi la bienveillance et la vision long terme. Cette bienveillance se traduit par une grande écoute en interne et par un management de proximité que l’on ressent au quotidien. Quant à la vision long terme, elle est ancrée dans les esprits et permet de se projeter. Evoluer dans une organisation qui se donne du temps permet également de générer des débats et de prendre les bonnes décisions. Chaque personnalité peut ainsi s’exprimer. Pour autant, cela n’empêche pas de faire ensuite avancer les choses très vite une fois les décisions prises.
Comment la croissance d’une Maison de luxe peut aussi rimer avec implications sociales, sociétales et environnementales ?
L’important est de considérer notre responsabilité comme une opportunité et non comme une contrainte. CHANEL a toujours été dans l’épure. Déjà à ses débuts, Gabrielle Chanel disait qu’il fallait toujours enlever, jamais remettre. Ainsi, le flacon du parfum n°5, qui en est à son cinquième design, est toujours aussi épuré. A ceci près qu’aujourd’hui, il est fabriqué avec 15 % de verre recyclé. L’équilibre entre le luxe et la RSE est un sujet que je trouve passionnant. Chercher à limiter nos impacts est un formidable enjeu : nous arrivons à avoir des succès et de belles avancées car le luxe sait se donner les moyens de faire bouger les choses. Il faut en profiter pour avancer ! Chez CHANEL, la RSE est intégrée directement aux process et aux décisions. Après un long travail d’une dizaine d’années, nous sommes notamment parvenus à objectiver l’analyse du cycle de vie de nos produits et à leur donner un score unique d’impact intégrant tous les facteurs (carbone, eau, eutrophisation…). Ce n’était pas évident car nous manquions de base de données, par exemple sur le recyclage du verre de nos flacons, qui n’est pas identique au verre des bouteilles d’eau par exemple. Mais à force d’échanges avec nos fournisseurs, nous sommes parvenus à obtenir des facteurs d’émission spécifiques. Désormais, notre matrice est opérationnelle, elle fonctionne et nous permet d’objectiver nos décisions pour les rendre tangibles et robustes. De la même manière, afin d’améliorer la traçabilité des chaînes d’approvisionnement, nous avons créé le Consortium Trasce pour mettre en commun un standard avec nos confrères et faire avancer la filière, en mutualisant ainsi les ressources intellectuelles.
Comment se caractérise votre politique d’achats auprès de vos fournisseurs ?
La relation avec nos partenaires est clé. La majorité d’entre eux sont français ou européens. Mais avant tout, CHANEL est une marque made in savoir-faire. Ce qui signifie qu’à savoir-faire équivalent, nous privilégions le fournisseur le plus proche. Il peut arriver, comme par exemple pour certains pinceaux de maquillage, similaires aux pinceaux de calligraphie, que nous allions nous approvisionner au Japon ou en Chine, qui possèdent des savoir-faire historiques en la matière. Mais nous travaillons également avec une entreprise de St Brieuc. Quand on pousse l’excellence très loin comme nous, cela réduit de fait le nombre de fournisseurs possibles. Afin de maintenir une relation de fidélité sur le long terme, nous croyons beaucoup au dialogue et à la co-pérennité, pour évoluer et prendre ensemble les virages stratégiques. Cela nécessite transparence, bienveillance et exigence. C’est pour conserver ce lien fort et informer nos partenaires sur nos axes de développement que nous organisons tous les 18 mois notre symposium, et ce depuis 22 ans ! Quant aux journées idéation, elles sont l’occasion de regrouper tous nos fournisseurs d’une même filière pour travailler ensemble sur une thématique innovante.
Pourquoi CHANEL est une Maison qui a tout pour plaire à un jeune diplômé ? Quels parcours internes pouvez-vous lui proposer ?
Quand ils arrivent, les jeunes talents en quête de sens sont séduits par notre vision long terme et par cette logique de co-pérennité que nous instaurons avec nos fournisseurs partenaires. En outre, notre organisation matricielle autour des régions géographiques et trois divisions (horlogerie/joaillerie, mode/maroquinerie et parfums/beauté) leur offre des opportunités de mobilité très attractives, encouragées par un management proche, stimulant et bienveillant. Pour autant, nous ne proposons pas de parcours internes au sens strict, nous préférons respecter les aspirations et les temporalités de chacun et accompagner les envies et les curiosités de nos collaborateurs. Ils peuvent ainsi bénéficier, à leur demande, de formations, de mises en relation, de missions de détachement de plusieurs mois ou d’expériences plus courtes, en mode vis ma vie, afin d’évoluer sereinement.
Sur quels sujets disruptifs les jeunes talents qui vous rejoignent pourront-ils œuvrer à vos côtés ?
Ils sont nombreux ! Je citerai en premier lieu l’IA, car elle est partout. Nous devons comprendre ce qu’elle peut apporter à nos métiers en testant les cas d’usages au travers de POC et de test & learn… Mais il y a aussi un vrai challenge autour du retail, de l’expérience client et bien sûr de la supply chain, qui se complexifie et doit devenir plus résiliente.
Pourquoi avez-vous besoin de sang neuf pour rejoindre vos équipes ?
J’ai un adage : le présent est déjà le passé du futur. Nous devons prendre le temps, maintenant, d’identifier et de recruter les leaders de demain. La diversité des talents et des générations est une chance. CHANEL est une Maison inclusive qui mise sur cette diversité de genre, de culture… à chacun sa singularité. Nous soignons l’onboarding de nos nouvelles recrues afin de leur transmettre notre culture de marque et notre vision long terme.
#JobBoard : combien de jeunes diplômés allez-vous recruter en 2024 ? Sur quels métiers ?
Nous avons recruté plus de 10 000 personnes dans le monde au cours des deux dernières années. Et nous continuerons dans les années à venir, sur tous nos métiers : production, supply chain, finance, RH, retail…
Le saviez-vous ?
L’industrie des parfums et cosmétiques est le 2e secteur contributeur à la balance commerciale de la France, juste derrière l’aéronautique.
Contact : julien.garry@chanel.com