À la tête de la Direction des Applications Militaires (DAM) du CEA depuis un an, Jérôme Demoment (ESPCI 94) revient sur le rôle clé de la DAM dans la dissuasion nucléaire française et invite les jeunes diplômés à participer, avec lui, à l’écriture de la Dissuasion de demain.
Concrètement, comment la Direction des Applications Militaires (DAM) contribue-t-elle à l’appareil de défense français ?
Depuis sa création en 1958, la DAM a pour mission de concevoir, développer et mettre à disposition des forces armées les armes nucléaires de la Dissuasion française, pour laquelle elle assure un rôle de maîtrise d’ouvrage et de maîtrise d’œuvre. Elle a également la responsabilité de mettre en œuvre toutes les activités qui permettent de sécuriser et d’assurer la disponibilité des matières nucléaires nécessaires aux armes et aux chaufferies nucléaires. La DAM joue aussi un rôle d’expert national dans la lutte contre le terrorisme et la prolifération nucléaire, en appui à l’État. L’expertise scientifique et technique de haut niveau de la DAM irriguant toutes ces activités.
Comment le Programme Simulation garantit-il la sûreté et la fiabilité des têtes nucléaires françaises ?
Le Programme Simulation vise à assurer la sûreté et la fiabilité des armes nucléaires sans recourir à des essais nucléaires nouveaux. Il repose sur trois piliers : des modèles construits à partir d’équations très complexes, décrivant les phénomènes physiques apparaissant lors du fonctionnement de l’arme. Des capacités de calcul ultra-performantes, qui permettent de produire des simulations numériques du fonctionnement avec une précision extrême. Et enfin, un volet de validation expérimentale, permettant d’acquérir en laboratoire (Laser Mégajoule et installation radiographique EPURE) des données de physique essentielles dans des conditions de température et de pression extrêmes. Ces simulations sont systématiquement confrontées aux résultats des essais historiques pour démontrer la capacité des simulations à décrire la réalité du fonctionnement de l’arme.
Quel rôle le CEA a-t-il joué dans le développement de la nouvelle génération de sous-marins nucléaires ?
L’une des missions de la DAM consiste aussi à assurer la maîtrise d’ouvrage des chaufferies nucléaires embarquées dans les sous-marins nucléaires et dans le porte-avion Charles De Gaulle. Elle contribue à la conception et à la spécification de ces chaufferies dont la maitrise d’œuvre est confiée à l’industriel TechnicAtome.
Après 30 ans au sein du CEA, que retenez-vous de cette aventure ?
J’ai découvert le CEA lors de mon service militaire, et ça a été un véritable coup de foudre. Initialement, je m’orientais vers une thèse dans l’industrie, mais j’ai finalement choisi de rester dans cet organisme unique. J’ai d’abord occupé des postes à forte dimension technique qui m’ont permis de développer mon expertise, avant d’évoluer progressivement vers des responsabilités managériales, puis stratégiques. Ce parcours m’a permis d’acquérir une polyvalence précieuse, que je n’aurais sans doute pas trouvée ailleurs.
Quelles sont les opportunités pour les jeunes diplômés au sein du CEA en 2025 ?
Nous prévoyons de recruter plus de 300 personnes cette année, avec des opportunités pour une grande diversité de profils : ingénieurs projet, chercheurs, mais aussi cadres administratifs. Pour celles et ceux qui veulent exercer un métier porteur de sens, je n’ai qu’un conseil : rejoignez-nous ! Nos valeurs – ambition, intégrité, esprit d’équipe, engagement et accomplissement – sont au cœur de notre mission. Travailler à la DAM, c’est servir la Nation dans un environnement unique, avec des moyens exceptionnels. Dans un contexte de transformation, où nous réinventons la dissuasion de demain, le regard neuf des jeunes diplômés est essentiel pour construire cette nouvelle vision.
Que retenez-vous de votre passage à l’ESPCI ?
L’ESPCI a toujours misé sur la pluridisciplinarité. Physique, mathématiques, chimie… tout était imbriqué… parce que tout est lié ! Une autre particularité marquante de mon cursus a été l’importance accordée à la recherche. J’ai passé énormément de temps en laboratoire, ce qui m’a permis d’acquérir une véritable culture scientifique. Aujourd’hui, cela peut sembler courant, mais dans les années 90, c’était très novateur. Je retiens enfin les valeurs que l’école m’a transmises : intégrité scientifique, ouverture d’esprit et engagement, qui restent encore aujourd’hui mon fil directeur.
Chiffres-clé : 5 000 collaborateurs
Contact : virginie.silvert@cea.fr