Du haut de ses 22 ans, Augustin Reboul a déjà un brillant palmarès à son actif. Ce jeune kayakiste a en effet remporté trois médailles d’or et une en argent aux derniers Championnats d’Europe de Descente en 2022 et a également été sacré Champion du Monde Junior de plusieurs épreuves de Descente en 2017. Si l’avenir semble lui promettre une carrière florissante, le jeune kayakiste n’en délaisse pas pour autant ses études. Car en plus de représenter fièrement la France sur les plus impressionnantes rivières d’Europe et du monde, Augustin porte également les couleurs de Polytechnique. Pour découvrir son parcours, ce passionné d’eaux vives se jette à l’eau. Interview.
La force de l’eau vient de la source
C’est avec son père qu’Augustin Reboul a découvert le canoë-kayak dès son plus jeune âge. « Pour lui c’était une manière de m’initier au sport et de pratiquer une activité physique ensemble. C’est comme cela que tout a commencé » introduit Augustin. Dès l’âge de neuf ans, le futur champion est inscrit dans un club sans se douter que c’était pour lui non seulement le début d’une belle histoire mais aussi le début de la construction d’un véritable mode de vie. « Quand on commence le canoë-kayak on y reste ! Car on s’y fait beaucoup d’amis et on pratique notre sport en proximité de la nature dans des endroits magnifiques » explique-t-il le sourire aux lèvres.
A 11 ans Augustin rejoint le pôle compétition de son club de région parisienne. « Au début je n’étais pas très fort mais la compétition m’a justement donné l’occasion de progresser » se rappelle-t-il. Et quelle progression ! Le jeune kayakiste ne se doutait pas que quelques années plus tard il allait rejoindre l’Equipe de France Junior pour participer à ses premiers mondiaux de Descente en 2017. Une première sélection décisive, puisque le sportif a rapporté pas moins de six médailles d’or à la France. « J’étais étonné du résultat pour une première sélection » indique Augustin.
Plans de carrière VS plans d’eau
Un florilège de médailles qui a renforcé le jeune Champion du Monde dans l’idée de s’investir aussi dans des études exigeantes. Il se lance alors dans une classe prépa en vue d’intégrer une grande école d’ingénieurs. Un choix qui, de fait, a engendré une diminution des entrainements et des compétitions pendant près de deux ans. « J’ai choisi d’aller en prépa car j’aime les challenges. Je suis quelqu’un de compétitif dans le sport mais également dans les études. Je savais qu’avec mon parcours scolaire je pouvais prétendre à une école d’ingénieurs prestigieuse, mais pas aussi prestigieuse que Polytechnique » se rappelle celui qui avait préparé avec soin une sélection d’écoles d’ingénieurs basée sur un critère : la proximité avec un plan d’eau. « Je m’étais même fait une carte de France pour définir quelles écoles pourraient me permettre de m’entrainer en fonction de leurs localisations ! » se remémore-t-il.
Pour Augustin Reboul « Réviser, c’est s’entrainer ! »
Pour le Champion du Monde Junior, les concours d’entrée en écoles d’ingénieurs étaient similaires à la préparation d’une compétition. « Le sport de haut niveau m’a aidé à performer aux concours. J’avais déjà préparé des compétitions, ce qui m’a permis de savoir comment viser mon objectif et être efficace le jour J. » Mais malgré ces sessions de révisions scrupuleuses, Augustin a tout de même été étonné du résultat. D’autant qu’en plus d’avoir passé le concours d’entrée de Polytechnique… il a également réussi le concours de Mines Paris-PSL !
Dès lors, un choix s’imposait pour le sportif qui comptait bien reprendre l’entrainement et la compétition. Ce qui a pesé dans la balance ? Bien évidemment la proximité de Polytechnique avec un plan d’eau. Mais également les valeurs militaires de l’école dans lesquelles Augustin indique se retrouver parfaitement, d’un point de vue personnel et sportif. « Dès la première année je voulais reprendre l’entrainement » indique Augustin Reboul qui a choisi de mettre sa carrière sportive en pause à cause de la pandémie et de ses années en prépa. « J’ai délibérément choisi d’effectuer ma Formation Humaine de première année à Montceau-Les-Mines – à côté d’un plan d’eau – pour reprendre l’entrainement plus sérieusement » explique le jeune X.
Polytechnique derrière Augustin Reboul
Une fois sa première année à l’X terminée avec brio, Augustin décide de se challenger à nouveau : proposer à Polytechnique un emploi du temps aménagé pour pouvoir s’entrainer de façon optimale et reprendre la compétition. Bien que la pratique ne soit pas usuelle à l’école, celle-ci ne s’est pas pour autant montrée réticente à l’idée. Au contraire. « L’idée s’est progressivement mise en place car j’ai réussi à prouver en même temps ma valeur scolaire (en validant tous mes cours) et ma valeur sportive également » indique Augustin Reboul. Pari gagnant pour le jeune X qui, en plus d’avoir convaincu son école d’ingénieurs de répartir une année de cours sur deux ans, a pu reprendre la compétition en Equipe de France.
Pluie de médailles européennes
Très vite, l’ancien Champion du Monde Junior (U18) s’est vu représenter de nouveau la France aux Championnats du Monde 2022 où il s’est classé 4è en juin dernier. Quelques mois plus tard, il naviguait en Bosnie-Herzégovine à l’occasion des Championnats d’Europe de Descente U23. Une compétition marquante pour le jeune homme qui a raflé trois médailles d’or et une médaille d’argent. « Je me souviens que pour la finale de la course courte, je passais premier sur cinq. A l’arrivée, j’ai fait le meilleur temps de toute la compétition, qualifications comprises. Plus je voyais mes concurrents passer la ligne d’arrivée avec un moins bon temps que moi, plus je me disais que le podium était jouable, et même, pourquoi pas, la première marche ! Il ne restait d’un seul concurrent à passer : Vojtěch Matějček, médaillé de bronze des Championnat du Monde Senior, un de mes plus grands concurrents. Lorsque je l’ai vu commettre une faute, je savais que la médaille d’or était pour moi. C’était d’une part marquant d’être médaillé d’or sur cette épreuve mais également d’avoir battu le Champion d’Europe U23 en titre » explique Augustin.
Une complémentarité à toute épreuve
C’est d’ailleurs grâce à l’équilibre entre ses cours à Polytechnique et ses entrainements qu’Augustin Reboul parvient à exceller autant sur l’eau qu’en ingénierie. « Les cours m’apportent un certain cadre, un emploi du temps à tenir sur lequel je peux organiser mes entrainements. C’est un rythme de vie que je pratique depuis toujours et qui me convient parfaitement. A l’inverse, le sport m’apporte de la discipline, un mental et un esprit de compétition qui me permettent de me préparer aux concours et aux examens » explique-t-il. Augustin conseille d’ailleurs aux jeunes sportifs prometteurs qui souhaitent continuer leurs études de miser sur l’organisation. « Pour commencer c’est déjà bien de savoir qu’allier sport de haut niveau et études c’est possible. Mais cela demande une grande rigueur et un cadre de vie à tenir pour exceller dans les deux disciplines » indique Augustin qui insiste également sur la nécessite de savoir s’entourer des bonnes personnes, à l’image de sa collaboration avec Jauffrey Dussert, préparateur physique et cadre sportif du Bureau de la Formation Sportive de l’X.
Et la suite ?
Avec son cursus aménagé, Augustin s’engagera dans sa deuxième partie de troisième année à l’X à la rentrée prochaine, tout en continuant les entrainements et les compétitions. Le sportif va d’ailleurs effectuer un stage de quatre mois cet été autour de la recherche des pales et pagaies. L’occasion pour lui d’expérimenter ses compétences d’ingénieurs et de s’entrainer en même temps. Côté sportif, Augustin n’a qu’un seul objectif en ligne de mire : aller chercher le titre mondial en 2023, cette fois-ci chez les seniors. Un bon moyen de confirmer son exploit de 2017 lors des Championnats du Monde Junior. La Descente en canoë-kayak n’étant pas une discipline olympique, Augustin envisage également de se lancer dans la course en ligne en kayak. « C’est un peu tôt pour les Jeux Olympiques Paris 2024, mais pourquoi pas pour Los Angeles 2028 » conclut-il. Une success story à suivre !
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