Pourquoi l’INP-ENSEEIHT a-t-elle un coup d’avance ? L’interview de Jean-François Rouchon

Interview Jean-François Rouchon ENSEEIHT
Crédit JJ Gelbart

Une école du numérique, de l’énergie, de l’environnement et des transports du futur, en plein cœur de la métropole économique et industrielle toulousaine : l’INP – ENSEEIHT a tout pour s’illustrer comme une école d’ingénieurs à la pointe des enjeux de l’époque ! D’autant plus qu’elle entame une phase cruciale de son histoire avec la transformation de Toulouse INP en Centrale Toulouse Institut. L’interview de Jean-François Rouchon, directeur de l’ENSEEIHT.

La valeur ajoutée de l’INP-ENSEEIHT qui lui permet d’être en avance de phase ?

interview Jean-François Rouchon INP-ENSEEITH
Crédit JJ Gelbart

Si on se retourne sur son histoire, on observe que l’N7 a toujours suivi les évolutions technologiques en intégrant les besoins sociétaux et industriels de son territoire. Nous sommes par exemple une des premières écoles à avoir institué un département d’informatique. L’N7 est une école ouverte et à l’écoute de ses partenaires industriels donc, mais aussi bien sûr de ses étudiants, qui sont des éléments d’évolution et de transformation de l’établissement. Son ancrage sur la recherche et l’excellence de ses laboratoires lui permettent également d’avoir un coup d’avance en ce domaine. Un coup d’avance mais aussi une capacité à conserver certaines compétences au service de notre tissu industriel auxquelles nous croyons, comme notre expertise en matière d’énergie électrique – conversion, matériaux et développement durable.

Quels sont les secrets de l’excellence académique de l’INP-ENSEEIHT, régulièrement reconnue par les classements ?

L’école évolue sur des secteurs porteurs (transports, énergie etc.), où il y a de forts besoins d’ingénieurs. Par ailleurs, ses enseignants-chercheurs font preuve d’une grande agilité et d’une vraie capacité à évoluer de façon collective et à adapter nos formations dans des délais courts pour répondre à de nouveaux enjeux, comme ceux de l’IA embarquée par exemple. L’N7 sait également bien s’entourer. Aussi bien de partenaires de la place toulousaine, que de partenaires au sein de Toulouse INP, dans une logique de complémentarité des compétences scientifiques nous permettant d’élargir notre spectre et d’être présent sur des sujets comme la sécurité informatique avec l’INSA, les systèmes embarqués avec Toulouse INP, ou l’agroécologie et le numérique, autour desquels une formation est en cours de réflexion avec l’ENSAT.

Le CA de Toulouse INP s’est récemment prononcé en faveur de la transformation de Toulouse INP en Centrale Toulouse Institut. Qu’est-ce que cela va changer concrètement pour l’INP-ENSEEIHT ?

C’est une opportunité et une étape de transformation importante. D’abord en termes de formation : alors que l’N7 est reconnue pour former des ingénieurs plutôt spécialistes, la formation centralienne propose quant à elle une ouverture thématique plus importante. Cette transformation est également une évolution majeure au profit de nos étudiants, de nos entreprises partenaires et de la société. Pour répondre aux transitions sociale, écologique et numérique, nous devons en effet faire évoluer nos cursus et cette vision d’un ingénieur plus systématique dans sa capacité à embrasser plusieurs disciplines est un véritable atout. D’autant que nous conserverons aussi nos diplômes d’écoles de spécialité : nous pourrons ainsi répondre à tous les besoins de recrutements des entreprises, aussi bien en termes d’ingénieurs spécialistes que d’ingénieurs dotés d’une vision plus holistique.

L’incubateur N-Start est un outil au service de l’innovation made in INP-ENSEEIHT. Quelques pépites à nous présenter ?

Je pense bien sûr à Picsellia qui vient d’annoncer une levée de deux millions d’euros. Une startup spécialisée dans l’intelligence artificielle désormais prête à sortir de l’incubateur pour être hébergés à la Mêlée Numérique. Autre pépite : Deeper Pulse. Une plateforme dédiée à la conception de moteurs électrique innovants qui propose de diminuer la consommation d’énergie des moteurs de 15 à 30 % et de réduire de 30 % leur consommation en matériaux (aimants, fer, bobines, etc.) tout en augmentant leur compacité de 100 %. Une startup créée par un doctorant et un enseignant chercheur de Toulouse INP, lauréate du Grand Prix i-Lab 2021. Je citerais enfin Floodframe, une solution technique de protection du bâti contre les inondations, initiée par un diplômé de l’N7 et lauréate européenne du Prix Greentech Innovation en octobre 2022.

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Quoi de neuf à l’INP-ENSEEIHT en 2022 ?

Nom de code N7 ! Numérique, énergie, environnement et transports : ces enjeux contemporains n’ont plus de secrets pour les esprits aussi experts que connectés aux problématiques économiques et sociétales, que sont les ingénieurs diplômés de l’INP-ENSEEIHT. Jean-François Rouchon, directeur de l’école, revient sur les actus qui  marqueront l’école en 2022 – Article réalisé en mars 2022.

Pour l’N7, 2022 sera l’année de la construction ?

Interview Jean-François Rouchon ENSEEIHT
Crédit JJ Gelbart

Nous menons en effet un projet immobilier depuis quelques années, qui va se concrétiser avec la transformation et la création de nouveaux bâtiments en 2026 (3 600 m² de surfaces créées), pour un budget de 16 millions d’euros. Nous voyons à travers ce projet une évolution de l’école vers une généralisation des nouvelles pratiques pédagogiques : salles versatiles, nouvelles technologies, connectivité accrue… Nous nous orientons ainsi vers un campus connecté au cœur d’un écosystème, un véritable hub d’innovation encore plus et mieux connecté aux besoins des grandes entreprises (qui interagissent déjà avec nos laboratoires) mais qui met aussi nos expertises au profit des startups, PME et PMI. Nos nouveaux bâtiments accueilleront d’ailleurs un espace pour les startups et l’entrepreneuriat, en complément de notre incubateur NStart.

Un projet qui répond à une restructuration de l’école ?

Il permettra effectivement à l’école de développer une approche plus transverse. L’idée étant de transformer nos plateformes, encore rattachées à des départements de formation, en plateformes thématiques plus perméables, dédiées à des enjeux ou des secteurs industriels (énergie, IoT, IA, Environnement…) où se retrouveront également industriels et startups.

>>>> Pour en savoir plus sur les diplômés de l’ENSEEIHT –Dans son interview, Luc Darmon, Senior Director, Secure Transactions BU de Qorvo invite les jeunes diplômés à rejoindre son entreprise et à participer au déploiement d’une nouvelle technologie qui va révolutionner les communications de demain. Un challenge qui matche notamment avec les jeunes ingénieurs diplômés de l’ENSEEIHT, férus de radiofréquences, de numérique et d’innovations. L’entreprise évolue en effet « dans un domaine très technique, donc la base technique que permet d’acquérir l’ENSEEIHT est très importante. Mais ce qui est aussi essentiel, c’est la personnalité du candidat. Et la combinaison des deux va permettre de déterminer son potentiel de carrière. Ensuite, chez Qorvo la culture est basée sur l’entraide, une grande diversité des origines, genres, compétences des collaborateurs. La prise d’initiative fait enfin la différence. Personne ne nous dit ce qu’on a à faire, on est uniquement jugé sur les résultats, et bien sur le partage et l’esprit d’équipe. » Découvrez aussi son interview en vidéo.

Son impact sur votre politique de développement durable/responsabilité sociale ?

Grâce à l’engagement de notre nouveau chargé de mission DDRS et de toutes nos parties prenantes (enseignants, chercheurs, étudiants et industriels), nous avons entrepris un important projet de transition environnementale. Celui-ci passe d’abord par un bilan et une cartographie de nos enseignements pour voir où et comment traiter ces problématiques. Nous avons ainsi déjà déployé un dispositif autour de la rentrée afin de favoriser la prise de conscience de nos étudiants sur ces sujets dès leurs premières semaines à l’école. Nous allons poursuivre nos actions en faisant évoluer en ce sens nos enseignements dans tous les blocs de compétences, en coordination avec nos partenaires industriels bien sûr. Nous faisons aussi bouger nos pratiques sur le campus : transformation d’un parking en espace vert et valorisation des mobilités douces par exemple.

>>>> Pour en savoir plus sur les parcours des diplômés de l’ENSEEIHT – Avis aux fans de tech : l’avenir de l’automobile se joue à la Renault Software Factory ! Dédiée à l’innovation logicielle des véhicules, cette filiale se développe à la vitesse grand V. Rencontre avec Sylvain Centelles (ENSEEIHT 01) Head of Multimedia & Frameworks department. Découvrez aussi son interview en vidéo.

En 2022, l’N7 sera partie prenante des discussions engagées entre Toulouse INP et le Groupe des Ecoles Centrale ?

La discussion est en effet engagée autour d’un projet de possible transformation de Toulouse INP en Centrale Toulouse Institut. Avec l’objectif d’établir, d’ici l’été 2022, un cahier des charges de ce que pourrait être ce nouvel établissement. Aujourd’hui, les aspirations de l’ingénieur N7 se rapprochent de plus en plus de celles de l’ingénieur centralien, notamment dans son souhait d’être formé avec un spectre plus large afin de répondre aux grands enjeux sociétaux du développement durable, de l’énergie et du numérique, auxquels il sera confronté. Cette évolution serait, pour nous tous, une opportunité de traiter ces sujets différemment grâce aux croisements des compétences de l’N7 avec celles des autres écoles de Toulouse INP.

>>>> Pour en savoir plus sur les diplômés de l’ENSEEIHT – L’objectif du Groupe SEB : contribuer au mieux vivre ! Une ambition qui passe par l’innovation durable et l’engagement responsable. Alain Pautrot (ENSEEIHT 84, ISG 87), VP Consumer Satisfaction du Groupe SEB se met à table et partage ses impressions sur l’école qui l’a diplômé et qui prépare encore particulièrement bien les jeunes ingénieurs aujourd’hui. « De ma formation, je retiens surtout l’apprentissage de la rigueur et la capacité à appréhender tout type de problématique. Mais l’école a bien évolué depuis mon époque. Elle s’est considérablement ouverte sur les langues et l’international, notamment à travers l’entrepreneuriat. Si la formation technique a toujours été excellente, elle a aujourd’hui beaucoup plus de valeur grâce à cette ouverture. »

Que souhaiter à l’ENSEEIHT pour 2022 ?

Grâce à son agilité et au super boulot de ses enseignants-chercheurs et personnels, l’N7 est toujours bien et toujours mieux placée dans les classements. Le projet de transformation de l’école est une étape importante pour imaginer l’avenir. Un avenir que nous construisons autour de nos étudiants, très engagés et en quête de sens, que nous accompagnons avec motivation et implication sur tous les pans de la vie étudiante. Ces transformations, nous les faisons pour eux et pour répondre aux besoins des industriels. Un constat qui m’amène à un vœu pour 2022 : être toujours plus agile pour faire en sorte que nos étudiants trouvent chez nous le parcours rêvé qui leur permettra de s’épanouir.

>>>> Pour en savoir plus sur les parcours des diplômés de l’ENSEEIHT – Composants électroniques complexes et fascinants, les semi-conducteurs sont l’avenir de la technologie ! Et chez Avnet Silica, les composants fabriqués aux quatre coins du monde sont commercialisés partout en Europe. Gilles Beltran (ENSEEIHT 00), Président EMEA d’Avnet Silica revient sur les enjeux du secteur et sur les atouts de la formation N7 pour les relever. «L’école a largement contribué à ma capacité d’analyse permanente et rapide. J’y ai également acquis beaucoup de rigueur et une grande capacité de travail. La clé ? Conserver sa volonté d’apprendre et de comprendre les différents paramètres de manière à prendre les meilleures décisions possibles. J’ai aussi fini mon cursus à l’étranger, ce qui m’a donné une ouverture à l’international, essentielle dans mon métier. »

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