L’ETI (Entreprise de Taille Intermédiaire) allie avec agilité enjeux économiques, sociaux et territoriaux. Cette entreprise familiale, plutôt régionale, dont le champ opérationnel est mondial, oscille entre la « presque PME » et le « presque grand groupe » sans pour autant être une multinationale apatride. Décryptage de ses secrets de performance.
Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, a rappelé lors de l’évènement « Stratégie de la Nation pour les entreprises intermédiaires » le 5 janvier 2022 que « Plus d’ETI, c’est plus d’emplois et de richesses dans les régions françaises ! »
Carte maîtresse de l’économie française
« Les ETI participent activement à la compétitivité économique de la France » n’en doute pas non plus Frédéric Fréry, professeur de stratégie à l’ESCP. Solidité financière, actionnaires familiaux, potentiel de croissance, forte résilience, capacité d’adaptation… Ce socle commun de précieux atouts forme en effet un tissu entrepreneurial indispensable à la prospérité socio-économique du pays. Les capacités liées à leur taille facilitent par exemple les investissements, favorisent l’innovation et permettent l’entrée sur un nouveau marché. « Grâce à l’actionnariat familial, elles ont une plus grande liberté de penser et agir sur le long terme et peuvent se permettre de faire des diversifications plus lointaines. Elles ne mettent pas tous leurs œufs dans le même panier pour pouvoir traverser les tempêtes » donne comme exemple l’enseignant. Des tempêtes comme la crise Covid. « Agiles, les ETI sont des structures sans carcan qui savent s’adapter. Pendant la crise Covid, elles ont fait office d’airbag en continuant de faire vivre les écosystèmes locaux » rappelle Sylvie Grandjean, Vice-Présidente du Mouvement des Entreprises de Taille Intermédiaire (METI).
Les ETI en force !
La vision à long terme, telle est d’ailleurs leur première force selon l’experte. « La trajectoire de leurs projets, investissements et engagements est en effet à long cours. Ce qui leur permet un développement stratégique solide. Nous agissons différemment quand nous regardons très loin devant nous. Nous prenons le temps de créer de vrais liens avec toutes les parties prenantes pour que la structure grandisse doucement mais sûrement. » Une autre force : leur engagement auprès des salariés. « D’un point de vue bien-être d’abord, mais aussi financier (la création de richesses est partagée avec les salariés). En termes de compétences aussi, puisque les collaborateurs sont encouragés à se former et construire une carrière au sein de l’entité » poursuit-elle. Majoritairement familiales, dirigées de génération en génération, les ETI font de l’épanouissement professionnel et personnel de ses équipes un élément clé de leur succès collectif.
Leur sens du devoir vis-à-vis des territoires
Comme le rappelait Bruno Le Maire, ces entreprises jouent un rôle essentiel dans les régions françaises et le développement des territoires. Elles génèrent une véritable cohésion sociale dans les villes moyennes et petites : un bon filon pour la création d’emplois. « Les ETI sont la colonne vertébrale des bassins d’emploi. Elles participent au maillage territorial et permettent à l’économie locale de progresser. C’est une des raisons pour lesquelles elles déménagent très rarement leur siège. Une autre raison : elles y restent pour leur actionnariat patrimonial et leur réseau local (écoles et universités, fournisseurs, pouvoirs publics…). Derrière chaque ETI se cachent des histoires locales ! » insiste Sylvie Grandjean. Leur fort ancrage territorial n’est cependant pas un frein à leurs envies d’ailleurs. Plus de la moitié ont en effet une dimension internationale, prouvant ainsi leur capacité à s’ouvrir hors des frontières. « Elles ont la tête en France mais les bras partout dans le monde ! »
Après la startup Nation, la ETI Nation ?
Un bon filon donc pour les jeunes diplômés qui cherchent à booster les débuts de leur carrière. « Travailler dans une ETI est une opportunité intéressante pour un jeune diplômé car il verra plus facilement et plus concrètement les résultats de ses projets. Leur taille significative permet aussi d’avoir un niveau de responsabilités très tôt et des opportunités de mobilité intéressantes. Chacun participe et joue un rôle moteur dans la réussite de l’organisation » argumente Frédéric Fréry. « L’avantage de travailler dans une ETI est la liberté d’action et l’importance des responsabilités qui sont accordées très tôt à tous les collaborateurs. Ces entreprises intermédiaires laissent les jeunes diplômés s’exprimer et les accompagnent dans leur volonté d’indépendance. Ils ont toutes les clés pour être acteurs de leur carrière, booster les débuts de celle-ci et ainsi, pouvoir évoluer rapidement » confirme la Vice-Présidente du METI.
L’innovation : une évidence pour les ETI
Un des challenges qui pourra motiver les jeunes diplômés à s’intéresser aux ETI est leur propension à l’innovation. Comme en attestent leurs remarquables performances. L’innovation est toujours au centre de leur stratégie, l’esprit entrepreneurial au cœur de leur ADN. Elles ne craignent pas de prendre les risques nécessaires pour saisir toute opportunité de développement et de rebond. Leur audace a été saluée lors de la crise Covid. « Les ETI investissent sur le long terme pour porter leur stratégie, que ce soit dans les nouvelles technologies, en ressources humaines ou encore en R&D. Elles consacrent plus de 3 % de leur chiffre d’affaires en R&D (vs. 1,45 % pour la moyenne des entreprises) et 54 % prévoient d’accroître cet effort dans les prochaines années. Elles se positionnent sur du très haut de gamme et du pointu puisqu’elles sont présentes dans des secteurs très ciblés à valeur ajoutée. C’est très intéressant pour un jeune ingénieur. Il va pouvoir s’éclater car il y aura toujours des produits et des services à développer et à créer. Un jeune commercial aussi, puisqu’il aura tout de suite les rênes de projets inédits » conclut Sylvie Grandjean.
Cassons les clichés !
« Une ETI a pu parfois être caricaturée, à tort, comme une entreprise un peu patriarcale, provinciale, de pépères et de mémères ! Pourtant, il y a peu d’échelons dans les ETI, les patrons sont accessibles, tout le monde se connaît et se respecte. Provinciale peut-être, mais ce n’est pas une mauvaise chose : cela laisse transparaître la qualité de vie qui les caractérise. Mais elles ne fossilisent pas au fin fond de leur campagne. Elles évoluent avec les enjeux contemporains et accueillent à bras ouverts les nouvelles générations. L’écoresponsabilité, par exemple, est aujourd’hui une tendance, alors que les ETI la pratiquaient déjà afin de préserver l’environnement local qu’elles chérissent. » Sylvie Grandjean, Vice-Présidente du Mouvement des Entreprises de Taille Intermédiaire (METI).
Les ETI en chiffres
Entre 250 et 4 999 salariés / Un chiffre d’affaires égal ou inférieur à 1,5 milliard € / Près de 6 000 ETI en France / 3 millions de salariés français employés dans des ETI / Elles concentrent 34 % du chiffre d’affaires à l’export, 30 % des investissements privés et 23 % de ceux en R&D