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Obsolescence programmée. Les fabricants face à l’enjeu la durée de vie des produits

Obsolescence programmée. Le terme qui sonne comme une accusation lorsque notre frigo rend l’âme au bout de 5 ans. Mais est-ce un mythe ou une réalité ? Erwann Fangeat, expert au sein de la direction Économie circulaire et Déchets de l’ADEME nous éclaire sur cette pratique et sur la nécessité d’allonger la durée de vie des produits pour l’environnement.

 

 

D’où vient le terme d’obsolescence programmée ?

Erwann Fangeat, expert au sein de la direction Économie circulaire et Déchets de l’ADEME, nous éclaire sur la pratique de l’obsolescence programmée.

Il est arrivé avec la société de consommation. Bernard London est le premier à avoir décrit le besoin économique de renouvellement et donc d’obsolescence programmée en 1932. A l’ADEME, nous avons fait une étude en 2012 sur la question de la durée de vie des équipements électriques et électroniques. On s’est aperçu qu’il y avait un besoin de définir la notion de durée de vie et l’obsolescence programmée. Ensuite, avec les discussions de 2015 sur la loi sur la transition énergétique, une définition a été donnée, qui est globalement celle de l’ADEME.

La France, pionnière de la lutte contre l’obsolescence programmée

La France est le premier pays dans le monde à avoir défini et condamné l’obsolescence programmée dans la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte du 17 août 2015. Elle la désigne comme « l’ensemble des techniques par lesquelles un metteur sur le marché vise à réduire délibérément la durée de vie d’un produit pour en augmenter le taux de remplacement ». Une pratique qui peut valoir aux entreprises jusqu’à deux ans d’emprisonnement et une amende de 300 000 euros.

Est-ce une pratique courante dans les entreprises ?

Notre position à l’ADEME est que ce n’est pas une pratique généralisée au sein des entreprises.  Dans une économie hyper concurrentielle, une entreprise n’a aucun intérêt à la pratiquer, dans le sens où elle est définie par la loi. Si par exemple la machine à laver d’un consommateur tombe en panne au bout de deux ou trois ans, il ne rachètera certainement pas la même marque. La pratique peut exister dans deux cas : quand tous les concurrents s’entendent entre eux et lorsque la marque dispose d’un nom suffisamment fort et d’un panel de consommateurs qui, dans tous les cas, rachètera la même marque.

La loi devrait-elle aller plus loin ?

Aller plus loin sous-entend d’allonger la durée de vie des produits. En 2021, un indice de réparabilité va être mis en place en ce sens. Sur cinq familles de produits (lave-linge, télévision,  smartphone, ordinateur portable, tondeuse à gazon), un indice allant de 1 à 10 permettra de savoir si votre produit est facilement réparable ou pas. Un indice de durabilité sera également mis en place en janvier 2024 pour savoir si le produit est robuste, facilement réparable et évolutif. Cela va éclairer le choix du consommateur. Au-delà du prix, il aura des informations sur la durabilité du produit, jusqu’alors uniquement connue du fabricant.

Et l’éco-conception ?

Les entreprises doivent effectivement la pratiquer massivement et ainsi concevoir leurs produits pour qu’ils soient le plus durable et écologique possible. Beaucoup de choses sont faisables en pensant réparabilité du produit dès sa conception, sans que cela coûte plus cher.

Des produits préservés, du CO2 économisé

Si dans l’ensemble du parc français, les télévisions étaient conservées 9 ans au lieu de 8 ans, 1 747 000 tonnes de CO2 seraient économisées.
Pour le lave-linge, passer de 10 à 11 ans permettrait d’économiser 545 000 tonnes de CO2.
Pour les smartphones, passer de 4 à 5 ans d’utilisation permettrait d’économiser 180 000 tonnes de CO2.