Forte de son modèle de formation d’ingénieur généraliste à la française, Mines Paris-PSL entend former les ingénieurs du 21e siècle. Portée par les valeurs et la force de frappe de ParisTech et de PSL, l’école qui a actualisé son plan stratégique en 2022 afin d’être toujours plus alignée aux défis du monde contemporain, affirme les vertus de sa formation et de son ouverture. Vincent Laflèche, son directeur, nous dit comment.
Le logo de Mines Paris-PSL a évolué pour afficher plus clairement son appartenance à PSL : qu’est-ce que cela révèle de la stratégie de l’école ?
En devenant une composante de PSL, l’école n’a fait qu’accélérer et renforcer les relations fortes qui existaient de longue date avec d’autres établissement comme l’Institut Curie, l’ENS ou l’ESPCI-PSL par exemple. Aujourd’hui, notre appartenance à PSL nourrit notre objectif de former un ingénieur capable de travailler de manière interculturelle, au sens international, social et disciplinaire du terme. PSL nous apporte également beaucoup en termes d’entrepreneuriat et de recherche. Par exemple, nous n’avons jamais eu autant d’ERC depuis notre entrée dans PSL et notre ambition est d’ailleurs de faire bénéficier les autres écoles membres de notre expertise en matière de recherche partenariale avec les entreprises.
Le nom de l’école ne fait plus référence à ParisTech, qui reste pourtant un marqueur fort de l’ambition et des valeurs de l’établissement ?
Je ne vois pas ParisTech comme un marqueur de l’école – qui est une composante de PSL – mais comme un marqueur de notre formation d’ingénieur généraliste incarnée dans notre Cycle Ingénieur Civil, qui concerne quand même 40 % de nos élèves. Ce modèle d’ingénieur généraliste à la française commence d’ailleurs à faire des émules à l’étranger : on parle désormais du French engineer aux Etats-Unis ! Et c’est là toute la force de ParisTech : la capacité de ses membres à faire la promotion de l’ingénieur généraliste à l’international. Affirmer notre appartenance à PSL ce n’est donc en aucun cas synonyme de renier l’action collective de ParisTech pour faire la promotion de ce modèle qui reste plébiscité par le monde des entreprises dans le monde entier. Car les industriels ont besoin d’ingénieurs dotés d’un socle scientifique solide et capables de gérer des projets dans toutes leurs dimensions, des intrapreneurs qui savent travailler dans un collectif interculturel. Ce qui correspond parfaitement à l’ingénieur ParisTech.
Des entreprises qui sont aussi friandes de profils d’excellence un peu « différents ». Comment Mines Paris-PSL entend-elle ouvrir ses propres recrutements ?
Je commencerais par un chiffre significatif : plus de 50 % des élèves d’une promotion de Mines Paris-PSL sont impliqués dans le dispositif des Cordées de la réussite. Nous sommes ainsi l’école d’ingénieurs présentant la plus forte implication étudiante dans ce type d’initiatives. Parallèlement, en termes de mixité – qu’elle soit sociale, géographique ou de genre – toute notre communauté, alumni en tête, veut que l’école évolue afin que ses promotions incarnent la diversité de nos sociétés et puissent travailler dans des équipes intégrant toutes les dimensions de l’interculturalité. La France a besoin de plus d’ingénieurs et on voit bien aujourd’hui que les classes prépa ne vont pas réussir à fournir, à elles seules, le vivier nécessaire. Pour faire croitre nos effectifs, nous devons donc nous inscrire dans un mécanisme de diversification des filières de recrutements, comme en témoignent l’ouverture aux AST et plus récemment aux profils BPCST, ainsi que le développement des CPES. Mais sans augmenter de façon significative nos frais de scolarité, ce qui nécessite un soutien de notre ministère de tutelle : si on veut plus d’ingénieurs en France, il faut soutenir l’école des Mines !
Le saviez-vous ?
80 % de l’activité de Mines Paris-PSL sont consacrés à la recherche et 50 % de la recherche de l’école sont tournés vers la transition énergétique et environnementale. L’établissement veut en effet s’illustrer comme un acteur décisif de la mobilisation collective vers un monde neutre en carbone. C’est dans cette dynamique que s’inscrit l’ouverture de son institut transdisciplinaire sur le monde décarboné The Transition Institute 1.5. Un institut sur la transformation numérique devrait également voir le jour. L’entrepreneuriat et l’environnement pour les publics exécutifs ne sont pas en reste avec des instituts dédiés : IHEIE et ISIGE.
L’interview de Vincent Laflèche, Directeur Général de Mines Paris – PSL
Dans son interview, Vincent Laflèche, Directeur Général de Mines Paris – PSL revient sur les atouts de l’école d’ingénieurs pour conjuguer excellence académique, pédagogique et professionnelle
S’il ne fallait retenir qu’une valeur emblématique de l’esprit des Mines ?
L’école des Mines forme, en lien étroit avec une recherche d’excellence à l’écoute des besoins des entreprises, des scientifiques et des managers capables d’appréhender et d’apporter des réponses aux grands défis du XXIe siècle, aux premiers rangs desquels je place la transition énergétique et la transformation numérique des entreprises. L’école des Mines développe également son activité de formation continue pour les accompagner tout au long de leur carrière. Le choix de rejoindre il y a plusieurs années l’Université PSL, avec deux autres écoles d’ingénieurs, (ESPCI et Chimie Paris) et aux côtés de l’ENS Ulm, Dauphine ou encore l’EPHE et le Collège de France conforte cette stratégie et est garant de ce lien fort entre formation et recherche d’excellence. L’innovation et la création d’entreprises, qui font partie des gènes de notre école, exigent des ingénieurs capables de travailler dans des équipes pluridisciplinaires au sens international, social et disciplinaire. PSL, par les parcours très riches proposés aux étudiants entre ses différentes composantes, contribue à notre stratégie de susciter des vocations entrepreneuriales. Par son CPES (formation préparatoire multidisciplinaire sur 3 ans qui ouvre la porte aux grandes écoles) PSL aide ses écoles composantes à renforcer l’égalité des chances. Et nous travaillons au sein de PSL pour favoriser l’ouverture sociale dans nos écoles d’excellence.
Le collectif est aussi une valeur forte pour l’école ?
J’ai veillé à ce que les choix stratégiques de l’école soient préparés bien entendu avec le personnel de l’école et surtout en lien étroit avec nos étudiants et nos anciens élèves. Nous avons cette chance extraordinaire d’avoir des alumni très attachés et impliqués dans la vie de l’école que ce soit à travers l’association des anciens élèves ou notre Fondation. C’est par exemple grâce aux alumni que nous avons pu, en quelques jours au printemps 2020, retrouver des stages ou réorganiser des césures internationales affectés par la crise sanitaire et assurer la parfaite continuité de nos cycles de formation. Ce lien étudiants et alumni est essentiel pour accompagner le développement de l’école, en veillant à ce qu’il soit parfaitement en phase avec notre histoire et nos valeurs. Jour après jour je me rapproche des étudiants pour comprendre leurs envies, leurs ambitions et nous appliquer à les mener vers leurs rêves et leurs projets professionnels qui prennent sens dans un esprit de solidarité et d’humanité inhérent à la « mine ».
Sur quoi repose la « différence Mines Paris » ?
Mines Paris- PSL, ce sont plus de deux cents ans d’expérience consolidés. Son nom reflète un lien profond avec l’industrie, car à la fin du XXVIIe siècle, l’industrie était très étroitement liée aux mines. L’ingénieur des mines devait disposer de solides connaissances de gestion et de management, le travail au fond conduisant à des valeurs fortes d’ouvertures et de solidarité. L’école a conservé ces valeurs et a conforté ses activités de recherche et d’enseignement dans les sciences humaines et sociales (4 de nos 17 centres de recherche). La quête de sens de nos étudiants se retrouve dans les valeurs de l’école qui a été l’une des premières à introduire, dès septembre 2019, un cours dès la première année pour préparer tous nos étudiants à appréhender les questions d’un développement durable et de transition énergétique.
La proximité entre les enseignants chercheurs et les étudiants est aussi un marqueur de l’école ?
75 % à 80 % de l’activité de l’école sont consacrés à la recherche, garantie d’un enseignement à la pointe de l’évolution des connaissances. Le nombre d’enseignant-chercheurs par étudiant ingénieur est parmi les plus élevés, ou le plus élevé de France. Pendant le confinement du printemps 2020, 80 étudiants sont restés à l’étranger. Ils ont bénéficié d’un contact téléphonique hebdomadaire avec leur responsable d’option ou un membre du corps enseignant. La phrase vocation « théorie et pratique » continue de caractériser nos formations. Les stages en entreprises, plus de 6 mois à l’international pour tous nos étudiants, et les interventions de professionnels des entreprises occupent une place croissante de notre formation.
Sans oublier les étudiants !
Nos étudiants sont formidables. La bienveillance est un marqueur de la vie des promotions et de la vie étudiante, en plus d’une localisation au cœur de Paris dans le quartier latin. Nos étudiants n’ont plus besoin de démontrer leur capacité à apprendre et nous en avons tiré les conséquences dans la profonde refonte de notre formation ingénieur mise en œuvre depuis septembre 2019. Il n’y a plus de cours en tronc commun en seconde année. Le travail en groupe est systématique, les enseignants forment les étudiants à savoir se former par eux-mêmes, c’est préparer nos futurs diplômés à ce monde en mutations scientifiques, technologiques et organisationnelles rapides conduisant nos diplômés à savoir mettre à jour régulièrement leurs connaissances et compétences. Leur adaptabilité et leurs valeurs marquent notre différence.