interview Rémy Baume Zadig&Voltaire

Avec Zadig&Voltaire, adoptez une autre philosophie ! – L’interview de Rémy Baume

Envie de rejoindre une des rares marques de luxe indépendante, qui se lance sur le marché chinois tout en se rapprochant du cinéma et du gaming ? C’est l’aventure passionnante que vous propose de vivre Rémy Baume (ESCP 00, Columbia 04), CEO de Zadig&Voltaire.

Avec 400 points de vente dans le monde, comment Zadig&Voltaire a-t-il traversé la crise sanitaire ? Une occasion d’accélérer votre digitalisation ?

Jusqu’ici l’immense majorité de notre business se faisait dans nos boutiques et par le digital, car le modèle de grossiste est minime. Effectivement, avec la pandémie, nous avons dû fermer successivement différents points de vente à travers le monde, mais nous avons bien géré ce choc. Déjà avant la crise, nos ventes en ligne représentaient 20 % de notre chiffre d’affaires. Nous étions prêts depuis longtemps, il ne manquait que l’appétit des clients, qui est justement venu avec cette crise. Ainsi, entre 2019 et 2021, notre chiffre d’affaires digital a tout simplement doublé ! Cette épreuve a galvanisé nos collaborateurs et renforcé leur esprit d’équipe. Nous en sortons plus fort, avec une tendance nouvelle sur la vente en « face time », mixant web et boutique. Et pour booster notre développement durant cette période troublée, nous avons su saisir de belles opportunités immobilières pour agrandir ou acquérir des boutiques.

interview Rémy Baume Zadig&Voltaire
Crédit photo : Fred Meylan 

Jeune diplômé et luxe, un pari d’avenir ?

Oui ! Le luxe est clairement le secteur qui tire la croissance de l’Europe. Il y a une vraie dynamique sectorielle, qui vient s’ajouter à une grande variété de métiers, allant de la création (textile, maroquinerie, bijouterie, parfums, montres) aux fonctions supports (finance, marketing, supply-chain…). De quoi s’amuser et apprendre tous les métiers pour un jeune diplômé ! D’autant que le luxe est actuellement à une période charnière de son histoire, en se rapprochant de l’entertainment, comme le gaming, la musique et le cinéma. La fusion de ces mondes qu’on pourrait croire distants, rend le secteur encore plus ouvert et porteur.

De quelle façon Zadig&Voltaire s’assure-t-il d’une fabrication « éthique » de ses produits ?

Le développement durable occupe une part immense de notre plan stratégique et motive pleinement nos équipes en interne. Nous avons toujours fait beaucoup dans ce domaine, mais discrètement. Il est temps d’en parler ! C’est pour cela que nous avons récemment structuré toutes nos actions durables au sein du programme « VoltAIRe ». Nous faisons en sorte que nos produits soient propres, certifiés durables et fabriqués avec des matériaux respectueux de l’environnement. Parmi les axes d’amélioration sur lesquels nous travaillons, citons le schéma de transports mondiaux de nos marchandises et les normes environnementales de nos boutiques, que nous mettons en conformité avec les Accords de Paris.

Avec l’ouverture de 45 points de vente, la Chine devient pour vous « the place to be » ?

Nous étions jusqu’ici surtout présents en Europe et aux Etats-Unis, avec seulement 16 boutiques en Chine. Dans une optique d’accélération de notre croissance dans l’Empire du Milieu, nous avons intégralement acquis en septembre notre Joint-Venture chinoise. Dans cinq ans, grâce à l’ouverture de 45 points de vente, nous disposerons de 60 boutiques en Chine. De quoi obtenir un bon niveau de visibilité de la marque Zadig&Voltaire dans le pays, jusqu’ici confidentielle et réservée aux connaisseurs.

L’analyse financière et le conseil, des tremplins vers les postes de direction ?

Entre 20 et 30 ans, j’avais envie de me former et d’acquérir de nombreuses compétences. Dès ma sortie de l’ESCP, j’ai effectivement passé quatre ans en banque d’affairescomme Analyst chez Morgan Stanley, une expérience très formatrice. Puis je suis parti deux ans à Columbia pour continuer à apprendre, avant de rejoindre le cabinet de conseil en stratégie McKinsey pour y acquérir, là encore, d’autres méthodes. Ce bagage m’a permis d’accéder à des postes opérationnels et de rejoindre LVMH comme directeur des investissements, puis Carrefour, pour prendre en charge la transformation du groupe, puis le non-alimentaire en Europe, avant de prendre la Présidence de Kidiliz. Et pourtant, je n’avais pas bâti de plan de carrière à l’avance, cela me paraît utopique. J’étais plutôt être ancré dans l’intérêt du présent, ouvert aux vents nouveaux, ce qui a occasionné de belles rencontres qui m’ont donné l’opportunité d’avoir des postes à impact, où je pouvais faire la différence.

Justement, des conseils à transmettre aux jeunes diplômés?

Nous sommes tous bien formés. Pour se démarquer, il faut avoir la passion et le feu sacré ! Mais avoir les bons outils est aussi important. Je recommande donc d’être technique pour commencer sa carrière, en faisant du codage pur, pour ceux qui aiment le digital par exemple. Et ensuite évoluer vers des fonctions de management ou de gestion de projet. Pour ma part, j’adorais les maths et la finance, ça m’a donné une tournure d’esprit et un savoir-faire en modélisation que j’utilise encore aujourd’hui par exemple.

Entre tradition et innovation, quelles sont les compétences dont le secteur du luxe a besoin aujourd’hui?

Par essence, le luxe est porté par la création, qui irrigue toutes les fonctions de l’entreprise. Néanmoins, le secteur a besoin d’autres compétences que la créativité pour assurer son avenir, dont, en premier lieu, un savoir-faire numérique. Car nous sommes devant un défi de taille : continuer à faire vivre la tradition, le contact humain et l’aspect sensoriel à travers le digital et les nouveaux formats de consommation ! En parallèle, nous avons aussi besoin d’inventer de nouvelles façons de faire pour surprendre, et d’élaborer de nouveaux scénarios qui vont raconter la marque… D’où ce rapprochement avec l’entertainment que j’évoquais.

Je suis un jeune diplômé qui vous rejoint cette année : qu’attendez-vous concrètement de moi ?

La mixité générationnelle est source de richesse. Non seulement les jeunes font partie de nos clients, mais ils ont un temps d’avance sur la mode et nous apportent leur vision du monde et leur énergie. En tant que marque indépendante, l’esprit entrepreneurial est inhérent à notre histoire. Pour exister et perdurer sur ce grand marché, nous avons donc besoin de collaborateurs agiles, ouverts au changement et bien sûr, passionnés de luxe !

Le petit + qui rend l’état d’esprit de Zadig&Voltaire si particulier?

Dès l’origine, nous nous sommes positionnés sur le luxe décontracté. Nous proposons une nouvelle façon de vivre le luxe, avec des produits haut de gamme et une expérience client que nous souhaitons parfaite. Notre marque est depuis toujours habitée par ses clients, dans l’esprit d’une tribu. Nous sommes modernes, inclusifs et easygoing. Nos fans à la recherche d’authenticité l’ont compris et nous permettent de poursuivre cette belle aventure.

Columbia pour moi : J’avais envie de vivre une expérience américaine, mais je craignais certaines redites après l’ESCP. Or Columbia s’est finalement avérée très complémentaire, par la pédagogie axée sur le travail collectif et la communication orale impactante. J’y ai noué de solides amitiés et je garde un souvenir fort de l’engagement théâtral et de la performance oratoire des professeurs, à l’américaine !

Chiffres clés : CA : 400 millions d’euros / 400 boutiques dans le monde / Equipes à Paris, New-York et Shanghai

Contact : rbaume@zadigetvoltaire.com