Work in progress. Parmi les engagements DD&RS des entreprises, l’inclusion des handicaps compte parmi les plus prioritaires, mais aussi parfois parmi les plus délicats à mettre en œuvre. Et ce alors même que de nombreux dispositifs existent, dont la loi de 2005, acte fondateur d’une politique volontariste en la matière. Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée chargée de l’Autonomie et du Handicap dresse le bilan et les perspectives 20 ans après cette étape clé pour l’inclusion du handicap. Interview.
Quelles sont les trois avancées les plus significatives de la loi de 2005 selon vous ?
La loi de 2005 a changé le regard de notre société sur le handicap. Elle a posé un socle solide de droits et ouvert la voie à des progrès concrets. D’abord, l’accessibilité : elle est désormais une exigence intégrée à toute politique publique. Ensuite, la scolarisation : plus de 519 000 élèves en situation de handicap sont aujourd’hui scolarisés en milieu ordinaire. Enfin, l’emploi : le taux de chômage a fortement reculé et nous avons développé des dispositifs puissants comme l’emploi accompagné. Ce sont des avancées structurantes, sur lesquelles nous continuons de construire.
Quel héritage tirer des Jeux olympiques et paralympiques ?
Ces Jeux ont été une vitrine magnifique de ce que l’inclusion rend possible : performance, dépassement de soi, et fierté collective. L’accessibilité a été pensée dès le départ, montrant que c’est faisable à grande échelle. Nous en faisons un levier durable : clubs inclusifs, formation des professionnels, prise en charge à 100 % des fauteuils sportifs… Les JOP ont insufflé une dynamique que nous allons prolonger, dans le sport comme dans tous les pans de la vie quotidienne.
Quels sont les trois grands chantiers qui vous mobiliseront cette année ?
D’abord, accélérer la mise en accessibilité : les gares prioritaires seront rénovées d’ici 2027, et nous renforçons l’action sur le logement, les transports, le numérique. Ensuite, simplifier les parcours : nous devons rendre les démarches plus rapides, plus lisibles, plus humaines. Enfin, consolider l’école inclusive : davantage de professionnels médico-sociaux dans les établissements, montée en puissance des pôles d’appui à la scolarité, et amélioration continue du statut des AESH.
Vous évoquez un choc de simplification. De quoi s’agit-il ?
Il s’agit de remettre l’usager au cœur du système. Trop souvent, les familles vivent les démarches comme un obstacle. Nous allons les alléger : harmonisation des pratiques des MDPH, généralisation de l’IA pour aider les agents, rendez-vous systématiques pour les premières demandes, renfort de l’accueil dans les Maisons France Services. C’est un changement de culture : plus proche, plus fluide, plus bienveillant.
Quelles mesures concrètes pour une école plus inclusive cette année ?
L’école pour tous, c’est notre cap. En 2025, nous allons poursuivre le déploiement des PAS, développer l’autorégulation pour les enfants ayant des troubles du neurodéveloppement, accélérer l’accès au matériel pédagogique adapté, et structurer une école avec le médico-social. Les AESH bénéficient progressivement de meilleures conditions d’emploi et seront pleinement associés à cette dynamique. Nous voulons une école capable de s’adapter à chaque élève, avec ambition et bienveillance.
Comment encourager les jeunes en situation de handicap à poursuivre leurs études ?
L’inclusion dans le Supérieur est aussi une priorité. Nous avons triplé les moyens dédiés depuis 2021. Des universités inclusives expérimentent des modèles exemplaires, l’accessibilité numérique est renforcée, et les droits des étudiants sont mieux garantis. Nous élargissons les bourses, y compris pour les aidants, et diffusons un guide pratique clair, en FALC et bientôt en LSF. Le message est simple : chacun doit pouvoir aller au bout de ses talents.
Votre message aux employeurs quant au respect de l’obligation d’emploi des personnes en situation de handicap ?
Il y a eu des progrès notables, mais nous voulons aller plus loin. L’inclusion ne doit plus être perçue comme une exception, mais comme une évidence. Nous agissons pour faire tomber toutes les barrières : extinction progressive et concertée des ECAP, généralisation des plateformes de prêt de matériel, accompagnement personnalisé, expérimentation de parcours vers l’emploi ordinaire. Aux employeurs, je dis : vous n’êtes pas seuls. L’État est à vos côtés pour construire ensemble une société plus juste, plus ouverte, et plus riche de toutes ses différences.