Julie Caro (Ecole des Mines de Nancy Promo N08) relève le défi de la fusion Eurostar-Thalys en tant que directrice industrielle de la maintenance du matériel roulant. Dans un secteur où les femmes ingénieures restent minoritaires, elle œuvre quotidiennement à rendre le transport ferroviaire plus performant et durable. Rencontre.
À la tête de la direction industrielle de la maintenance du matériel roulant d’Eurostar Group, Julie Caro joue un rôle clé dans la fusion récente entre Eurostar et Thalys. Une réorganisation stratégique qui permet désormais au groupe de desservir cinq pays et 108 destinations, avec l’ambition d’atteindre 30 millions de voyageurs annuels. « C’est un gros changement, explique Julie Caro. Techniquement, notre défi est de faire en sorte que les trains soient fiables et disponibles pour desservir les cinq réseaux géographiques que nous traversons, avec pour cela des équipements spécifiques dédiés à chaque pays.» Cette complexité technique s’accompagne d’une responsabilité environnementale importante, à l’heure où les consommateurs se tournent massivement vers des modes de transport plus durables. « Le ferroviaire est au cœur des enjeux de développement durable, c’est la force de notre secteur et ça rend notre écosystème très attractif. En tant que directrice industrielle, mon enjeu est de réaliser les opérations de maintenance préventive et curative pour réussir à répondre de la bonne manière à la demande croissante de nos clients » indique-t-elle.
Ne pas se mettre de barrières
Cette combinaison de défis techniques, environnementaux et commerciaux fait du ferroviaire un terrain de jeu particulièrement stimulant pour les profils ingénieurs. « On parle du système ferroviaire dans toutes ses composantes : on peut y faire une carrière entière, avec des enjeux très systémiques – maintenance, opérations, partie réseau et gestionnaire d’infrastructure… C’est un domaine très vaste, avec des fondamentaux de rigueur industrielle et des processus pour normer le bon fonctionnement » précise Julie Caro. Si le rail reste un univers majoritairement masculin, cette dernière observe une évolution encourageante vers plus de mixité. Une transformation progressive qui ouvre d’ailleurs de nombreuses portes aux jeunes ingénieures au sein d’Eurostar Group, où les besoins sont variés, « sur la partie ingénierie et expertise technique de composants clés, sur la composante système et opérationnelle mais également sur l’organisation de la maintenance » énumère-t-elle. La dimension internationale de l’entreprise constitue un autre atout majeur pour les jeunes talents. « C’est une source de richesse de faire fonctionner un système normé et international qui s’appuie sur des expertises de différents pays. Cela se ressent dans l’ADN de l’entreprise, avec beaucoup de postes à Londres et Bruxelles » indique la directrice. À celles qui hésiteraient encore à franchir le pas de l’industrie, Julie Caro livre un message plein d’encouragements : « je ne regrette pas mon choix d’être allée vers ce secteur et les métiers techniques. Il ne faut pas se mettre de barrières, car tout s’apprend. Un diplôme d’ingénieur est une belle carte de visite qui témoigne à la fois de vos capacités d’apprentissage déjà réalisées et futures, ainsi que d’une rigueur de travail qui permet de s’adapter à beaucoup d’écosystèmes. Il faut se lancer ! »
1 jeune sur 5 a déjà changé d’emploi pour des raisons écologiques : vous les comprenez ?
« Je n’aurais pas pensé que cette statistique était si forte mais je ne suis pas surprise par cette tendance qui, je pense, va s’accentuer dans le futur. J’ai toujours travaillé dans le secteur ferroviaire, où la dimension durable est très présente, et je pense que cela m’aurait pesé de travailler dans un domaine qui soit trop à l’encontre des valeurs écologiques. Mon temps professionnel est utile car l’enjeu quotidien est double : permettre aux gens de pouvoir se déplacer, le plus durablement possible. »
Contact : julie.caro@eurostar.com