Fusions, international, entrepreneuriat, soft-skills… En une décennie, le paysage du Supérieur français s’est complètement transformé sous le regard de Frank Bournois, DG d’ESCP Europe et président de la commission formation de la CGE. Il nous éclaire sur les différentes évolutions du secteur qui ont permis aux grandes écoles de truster les podiums des classements du monde entier.
Si le Supérieur français n’avait pas à rougir de son positionnement international jusqu’à présent, ces dix dernières années ont été celles d’un tournant majeur. Avec l’aide des politiques publiques françaises et européennes, notre pays s’est en effet démarqué de façon significative sur la scène mondiale. « Un travail important a été mené pour accompagner les établissements. L’obligation de proposer des cours en français nous a fait stagner, mais une nouvelle dynamique a été impulsée par les Accords de Bologne. Ils ont apporté une harmonisation au niveau des diplômes européens qui a facilité les échanges. Aujourd’hui, notre gouvernement poursuit le travail amorcé au niveau de l’UE et est très actif en matière d’internationalisation. »
Une reconnaissance mondiale
Un phénomène amplifié par la place de plus en plus prégnante prise par les accréditations. « Les visas internationaux sont de plus en plus plébiscités par les établissements. Le plus significatif d’entre eux : l’EQUIS, qui prouve que votre établissement a été passé au peigne fin. » Les classements internationaux sont aussi très importants pour les établissements, comme en témoigne l’influence du célèbre classement du Financial Time. « Aujourd’hui, un établissement ne peut pas survivre sans avoir des accréditations de haut niveau et sans être positionné dans ces palmarès » Mais que l’on se rassure, les écoles françaises trustent régulièrement les podiums.
Vive les chaires !
Autre atout dans la poche de la France : les chaires. Un phénomène qui a éclaté ces dernières années et qui permet de nourrir une partie des ressources des écoles, mais aussi la recherche et la formation. « Grâce à nos chaires, nous avons mis en place un MSc® sur le big data très populaire et très attractif. Il y a une vraie attente des étudiants sur les sujets développés par les chaires. »
QVT, confiance, collaboratif… Zoom sur le management à la française
Contrairement à ses homologues anglo-saxons, la France a su également complètement réinventer son approche pédagogique ! Exit les cours « à la papa » avec un professeur qui dicte aux élèves ce qu’ils doivent noter, bienvenus aux MOOC, au digital et à la pédagogie inversée. « Aujourd’hui, les écoles déploient de nombreux outils à destination des étudiants, mais aussi pour d’autres publics, comme celui de la formation continue. Les écoles françaises produisent beaucoup de contenu à haute valeur ajoutée pour les entreprises. C’est un enjeu important qui a mis du temps à s’installer dans les écoles, mais qui est maintenant très présent. »
Autre force de la France dans la bataille de l’éducation : l’interdisciplinarité. Une notion clé pour être compétitif dans les entreprises. « De plus en plus de business schools nouent des partenariats avec des écoles d’ingénieurs pour proposer des doubles-diplômes ingénieur-gestion aux étudiants. Ces talents sont extrêmement recherchés par les organisations. »
Et aujourd’hui, le nouveau cheval de bataille de l’Hexagone est celui des softs-skills ! « Les étudiants sont voués à devenir des managers inspirants. Pour cela, nous formons des diplômés qui sauront apporter du sens au travail, être pluridisciplinaire, nourrir leur pensée globale avec les SHS, et feront preuve d’imagination tout en inspirant la confiance. »
Salles modulables et connectées, Wifi, espaces de travail repensés, écrans tactiles à la place des tableaux … Pour accompagner cette pédagogie innovante, les écoles transforment leurs bâtiments ! De quoi chouchouter plus que jamais les étudiants !
Des cursus plus ouverts
Mais qui dit pluridisciplinarité dit aussi diversité des talents. Contrairement à ses homologues américains, la France sait depuis plusieurs années accompagner et former les publics les plus fragiles sur le plan économique. « Les frais de scolarité se sont significativement accrus. Le montant d’une année en business school aujourd’hui est le même qu’en 1985, à l’exception près qu’à l’époque on parlait en francs ! C’est le devoir des écoles de pouvoir garantir l’accès à l’éducation à des élèves méritants qui ne peuvent pas se permettre de régler des frais d’inscription importants. » Ce n’est donc pas pour rien si le nombre de boursiers a augmenté ces dernières années.
Autre symbole d’ouverture : l’entrepreneuriat. Une dimension qui s’est développée de manière fulgurante ces dix dernières années. Les incubateurs fleurissent pour accueillir et accompagner tous les étudiants aux idées innovantes.
En 2019, l’enseignement français est donc plus que jamais guidé par un objectif : former les talents qui construiront un monde plus propre, plus responsable, mais aussi plus connecté et plus concurrentiel que jamais !
Guerre économique : comment la France forge-t-elle ses relations internationales ?
Dans un univers mondialisé, les pouvoirs publics se doivent de soigner leurs relations à l’étranger. Face à cette guerre économique, les partenariats avec ses homologues européens et internationaux sont devenus clés de compétitivité. Comment la France forme-t-elle ceux qui accompagneront le développement de notre pays à l’étranger ? Éléments de réponse.
Dans ce monde bouleversé par des transformations politiques, sociétales et économiques, les Français ont un atout dans leur poche : leur approche humaine, une clé majeure qui permet de rassembler des acteurs souvent divisés.
A l’ILERI, l’école des relations internationales, les étudiants sont formés à débattre tout en étant sensibilisés à l’économie et à l’histoire contemporaine. L’objectif : diplômer des ambassadeurs qui sauront être professionnels en toute circonstance. Et dans un contexte économique et politique souvent complexe, cette culture du débat est incontournable !
À rédits Unsplash, on considère que la France a aussi son rôle à jouer dans la lutte contre les inégalités. L’école a ainsi développé un master Risque, Environnement, Sciences, Santé qui forme les grandes cadres d’ONG comme Greenpeace ou WWF.
Et face à ces mutations mondiales et ce besoin de se positionner sur la scène internationale, la France peut compter sur les diplômés de ses écoles en sciences politiques, des acteurs majeurs des entreprises, des ministères, des associations et des institutions publiques.