Premier prestataire de services de navigation aérienne en Europe en termes d’activité, la Direction des Services de la Navigation Aérienne (DSNA) assure le contrôle aérien de plus de trois millions de vols chaque année. À travers l’interview de Pierre Outrey (X03), Directeur de la Stratégie et des Ressources, découvrez comment cet acteur majeur de l’aviation civile française relève les défis technologiques, écologiques et stratégiques du contrôle aérien.
La DSNA fête ses 20 ans cette année. Quelles ont été les évolutions les plus marquantes depuis sa création ?
Le point majeur a été l’amélioration constante de la sécurité du trafic aérien, qui reste notre priorité de chaque instant. Ces deux décennies ont été avant tout marquées par une très forte modernisation technologique. Parallèlement, nous avons enclenché un véritable changement culturel en devenant une organisation résolument tournée vers ses clients. L’écoute des compagnies aériennes est devenue centrale dans notre approche. Enfin, une véritable prise de conscience stratégique s’est opérée, avec le besoin de nous transformer pour répondre aux différents enjeux, notamment en matière d’écoresponsabilité, une préoccupation qui n’existait pratiquement pas il y a 20 ans. Aujourd’hui, nous sommes fiers d’être le premier prestataire européen en termes d’activité. Lors de nos journées record, nous contrôlons plus de 11 000 vols, ce qui témoigne de notre position de carrefour aérien de l’Europe.
Souveraineté et durabilité sont deux enjeux forts du secteur aérien. Comment la DSNA parvient-elle à concilier ces impératifs ?
Pour l’aviation, l’écoresponsabilité est une question de survie : si le secteur dans son ensemble n’arrive pas à se transformer, nous sommes persuadés qu’il n’aura plus d’avenir. À notre niveau, nous travaillons sur nos infrastructures pour qu’elles consomment moins d’énergie, mais aussi en proposant aux compagnies des trajectoires et des procédures d’arrivée moins consommatrices de kérosène. Ces services à forte teneur technologique doivent également répondre aux enjeux de souveraineté et de cybersécurité, domaines qui prennent une ampleur d’importance dans le contexte actuel. Nous travaillons énormément sur les échanges de données avec les avions et les autres prestataires, tout en développant notre stratégie à horizon 2030-2040.
La DSNA vous a ouvert ses portes il y a plus de 10 ans et vous n’en êtes jamais parti. Pourquoi ?
J’ai effectué toute ma carrière dans l’aviation civile. Pour moi, c’est une maison de passionnés. Je me retrouve pleinement dans l’aspect opérationnel et concret de l’aviation au quotidien. La richesse des parcours est impressionnante : après mes premiers postes à l’aviation civile, je suis entré dans l’opérationnel, jusqu’à diriger un centre de contrôle aérien de 600 personnes, avec des responsabilités concrètes en gestion de crise et en stratégie – une véritable mini-entreprise. Ces expériences m’ont conduit à mon poste actuel, que j’occupe depuis deux mois. Dans cette fonction de direction, je trouve particulièrement importante la capacité de prise de décision rapide, la compréhension des systèmes techniques complexes, le travail d’équipe et la gestion de projets sur le long terme.
Quelles opportunités de carrière proposez-vous aux jeunes diplômés ?
Notre stratégie s’articule autour de quatre grands axes : anticiper les évolutions matérielles des dix prochaines années ; préparer les métiers de demain ; assurer la performance et la résilience de notre entité, et enfin communiquer autour de cette dynamique de changement incluant la transition écologique. La DSNA allie des enjeux technologiques dans un monde en plein bouleversement avec des impacts concrets des décisions prises au quotidien ! Notre métier est par nature international, avec de nombreux contacts avec nos collègues européens et du monde entier, ce qui offre une dimension supplémentaire très enrichissante.
La date qui a tout changé dans votre vie pro ?
Un samedi matin, le permanent opérationnel m’informe qu’un débris de fusée risquait de s’écraser en Mer Méditerranée. Il a fallu que je décide en 30 minutes des actions nécessaires pour assurer la sécurité du trafic aérien dans ce secteur. J’ai réalisé que j’adorais le caractère opérationnel de mon métier, avec un objectif ultime : la sécurité en toutes circonstances.
Contact : pierre.outrey@aviation-civile.gouv.fr