« Continuez à faire confiance aux jeunes ! » – L’interview d’Elisabeth Borne

« Continuez à faire confiance aux jeunes ! » - L’interview d’Elisabeth Borne
crédits Ministères sociaux DICOM Nicolo Revelli-Beaumont Sipa Press

Nommée Première Ministre du nouveau gouvernement d’Emmanuel Macron hier, lundi 16 mai 2022, Elisabeth Borne est la seconde femme française à accéder à cette fonction, plus de 30 ans après Edith Cresson. Il y a quelques mois, elle nous avait déjà accordé une interview dans notre magazine spécial Management, alors qu’elle était Ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion.

1.8 millions de jeunes de moins de 26 ans ont été embauchés en CDI ou CDD de plus de trois mois entre août 2020 et mai 2021. Elisabeth Borne Ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion revient sur les mesures prises par le Gouvernement pour accompagner les jeunes en recherche d’emploi et les recruteurs, en pleine crise Covid.

Génération 2020 = « génération sacrifiée » ?

Je comprends les craintes des étudiants et nous avons tout mis en œuvre pour que ce ne soit pas le cas. Dès juillet 2020, nous avons lancé le plan « 1 jeune, 1 solution » qui concerne directement les jeunes diplômés qui ont pu bénéficier de la prime à l’embauche de 4 000 € versées aux entreprises jusqu’en mai 2021 pour inciter les employeurs à recruter des jeunes en contrats de plus de trois mois. Dans le cadre de ce plan, les jeunes diplômés peuvent également bénéficier d’un accompagnement de l’association pour l’emploi des cadres (APEC) dans leurs recherches d’emploi. Et pour ceux d’entre eux qui sont ex-boursiers et qui auraient des difficultés à entrer sur le marché du travail, nous avons mis en place une aide financière exceptionnelle: ils pourront bénéficier pendant quatre mois de l’équivalent de 70 % du montant net de leur ancienne bourse, et de 100€ supplémentaires s’ils ne vivent pas chez leurs parents. Il faut qu’ils en fassent la demande auprès de Pôle emploi.

Quels ont les impacts concrets du plan « 1 jeune 1 solution » sur l’emploi des jeunes ?

L’objectif de ce plan est clair : aider les jeunes à faire face à la crise en permettant à chacun de trouver une solution adaptée à ses besoins, qu’il s’agisse d’un emploi, d’une formation ou d’un accompagnement renforcé pour ceux qui sont les plus en difficulté. Un an après son lancement, les résultats sont là : plus de 2 millions de jeunes ont d’ores et déjà trouvé une solution. 1,8 million de jeunes de moins de 26 ans ont été embauchés entre août 2020 et mai 2021. C’est quasiment autant qu’avant la crise à la même période. Cela montre que le plan a permis de maintenir le niveau des embauches, malgré la crise inédite que nous avons connue. Par ailleurs, grâce aux primes à l’apprentissage que nous avons mises en place, près de 526 000 jeunes ont signé un contrat en 2020, dont beaucoup dans l’enseignement supérieur. Là aussi, c’est un record historique et ce, malgré la crise. Le plan « 1 jeune, 1 solution » porte donc ses fruits et notre mobilisation pour la jeunesse ne faiblira pas !

D’autres mesures novatrices pour accompagner la reprise de l’emploi chez les jeunes ?

L’accompagnement des jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation est une priorité. La France ne fait pas partie des bons élèves en la matière et cela doit changer. C’est pour cette raison que, dans le cadre du plan « 1 jeune, 1 solution », nous avons ouvert 1 million de places dans les dispositifs d’insertion vers l’emploi qui existent pour ces jeunes les plus en difficulté. Il s’agit de dispositifs gérés par Pôle emploi ou les missions locales, comme la Garantie jeunes par exemple, qui propose un accompagnement renforcé sur la durée en échange d’une aide financière de près de 500€ par mois pour ceux qui en ont besoin. Ce dispositif fonctionne très bien et aide les jeunes à s’insérer dans l’emploi. Le président de la République donnera tous les détails à la rentrée, mais nous travaillons à l’élargissement de ce dispositif avec la création d’un « revenu d’engagement » pour les jeunes ni en emploi, ni en formation qui donnerait donc à chacun le droit à un accompagnement vers l’emploi et à un revenu en contrepartie.

L’apprentissage un des meilleurs passeports pour l’emploi ?

L’apprentissage est une réelle opportunité aussi bien pour les jeunes que pour les entreprises. Pour le jeune, c’est l’assurance d’être formé tout en étant rémunéré, avec de grandes chances de trouver un emploi à la clé, notamment dans l’entreprise qui l’a recruté. Pour l’entreprise, c’est former un futur collaborateur en lui transmettant ses savoir-faire. Recruter un apprenti, c’est donc préparer l’avenir de son entreprise. C’est pour toutes ces raisons que nous considérons l’apprentissage comme une voie d’excellence et que nous l’avons massivement encouragé depuis le début du quinquennat, et dans le cadre du plan « 1 jeune, 1 solution ». Les entreprises peuvent toucher une prime à l’embauche allant de 5 000€ (pour le recrutement d’un alternant mineur) à 8 000€ (pour l’embauche d’un alternant majeur). Avec elles, le recrutement d’un apprenti ne coûte quasiment rien à l’entreprise la première année. Pour que la mobilisation exceptionnelle des entreprises en 2020, se poursuive cette année encore, ces primes sont prolongées jusqu’à la fin de l’année 2021.

Quelles mesures pour accompagner les entreprises à poursuivre la mutation dans l’organisation du travail / télétravail ?

Le télétravail restera comme un grand acquis de cette crise. Bien sûr, dans des proportions différentes que celles que nous avons connues durant la crise. Pour de nombreux salariés, il a été synonyme de davantage de libertés et d’une meilleure qualité de vie. Mais j’ai bien conscience qu’il a été dur à vivre pour d’autres, notamment pour les jeunes qui débutent leur parcours professionnel, qui vivent dans des petits logements et qui ont besoin d’encadrement. Nous avions mis un ensemble d’outils à leur disposition pour les accompagner dans la mise en œuvre de ce télétravail de crise, dont un numéro vert pour les salariés qui souffraient de l’isolement. Dorénavant, nous demandons à chaque entreprise de définir, en lien avec les représentants de ses salariés, un nombre minimum de jours de télétravail par semaine. Elles sont de plus en plus nombreuses à signer des accords sur le télétravail et peuvent, pour cela, s’appuyer sur l’accord national interprofessionnel trouvé entre les organisations syndicales et patronales en novembre 2020 qui fixe les principes auxquels elles peuvent se référer.

Quid des risques psychiques et psychosociaux en entreprise ?

L’agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail a été mobilisée depuis le début de la crise sanitaire pour accompagner les entreprises, leurs managers et leurs salariés dans la mise en place massive d’un travail à distance. Cette nouvelle organisation du travail imposée par la pandémie, est en effet venue profondément bousculer les collectifs de travail et les habitudes professionnelles ; il était nécessaire de proposer aux employeurs des modalités de gestion des différentes situations de mal-être des salariés notamment liés à l’isolement et l’évolution du travail.

Le protocole national en entreprise qui fixe l’ensemble des règles applicables dans les entreprises pour assurer la santé des salariés a évolué au fur et à mesure des étapes que nous avons connues pendant la crise sanitaire en rappelant à chaque fois aux employeurs leurs responsabilités dans le maintien des liens au sein du collectif de travail et à la prévention des risques liés à l’isolement des salariés en télétravail. Dès que la situation sanitaire s’est améliorée, le protocole a permis des retours progressifs sur les lieux de travail toujours accompagnés de recommandations de bonne pratique pour en assurer la réussite tant auprès de salariés des secteurs fermés depuis de longs mois que des salariés ayant connu un télétravail total ou quasi-total de longue durée.

Votre message aux recruteurs ?

Continuez à faire confiance aux jeunes ! Ils ont plus que jamais besoin que la société se mobilise pour eux alors engagez-vous pour la jeunesse. Plus de 10 000 entreprises ont déjà répondu à l’appel que nous avions lancé il y a un an et se mobilisent sur le site 1jeune1solution.gouv.fr pour proposer des offres d’emploi, de stage ou encore de jobs d’été. Rejoignez-les !

Je suis un jeune diplômé et j’entre sur le marché du travail en septembre 2021 : prouvez-moi que je peux avoir confiance en l’avenir !

Les signaux sur l’emploi sont très positifs : en mai, les déclarations d’embauche ont été au plus haut depuis quinze ans ! 1, 8 million de jeunes de moins de 26 ans, ont été embauchés en CDD de plus de 3 mois ou en CDI, entre aout 2020 et mai 2021. C’est quasiment autant qu’avant la crise. Par ailleurs, plus de 350 000 offres d’emploi, 50 000 offres de jobs d’été et 20 000 offres de stage sont disponibles sur le site 1jeune1solution.gouv.fr. Nous sommes pleinement mobilisés pour aider les jeunes à faire face à cette crise et nous continuerons !

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