Depuis plus de vingt ans, Nathalie Anton (EDHEC BS 11) fait bouger les lignes au sein du groupe La Poste. À la tête du système d’excellence opérationnelle, elle a construit un modèle managérial innovant : les Équipes Autonomes et Performantes. Une démarche consciente, portée par la confiance et l’envie de faire grandir les collaborateurs.
Vous êtes présente depuis plus de 20 ans au sein du groupe La Poste. Pouvez-vous expliquer vos missions ?
Je travaille au sein de la branche Services Courrier Colis du groupe La Poste et mon rôle consiste développer et accompagner de nouvelles pratiques managériales. C’est dans ce cadre que j’ai construit le modèle des Équipes Autonomes et Performantes dans toute la France il y a un peu plus de 5 ans maintenant. Basé sur la confiance accordée à celui qui fait car c’est celui qui sait, la collaboration et les interactions en équipe pour apprendre ensemble, ce mode de pensée et d’actions managériales que je fais mienne depuis plus de 20 ans, est un système qui a fait ses preuves également maintenant à tous les niveaux de notre entreprise.
Qui sont ces Équipes Autonomes et Performantes (EAP) ?
Pensé et conçu à partir des apports du lean management, ce système que j’ai formalisé et mis en œuvre repose sur un principe simple : améliorer la performance opérationnelle en responsabilisant les équipes de facteurs, en leur permettant de définir et piloter leur propre performance, et de développer leurs compétences. Chaque équipe d’une douzaine de collaborateurs encadrés par un manager définit ses objectifs pour réussir la journée. Si ceux-ci n’ont pas été atteints, on cherche ensemble l’origine du problème. C’est ce que l’on nomme le welcome problem : chaque problème est une occasion heureuse de monter en compétences. Aujourd’hui, plus de 5 000 équipes autonomes sont déployées. Elles évoluent sur une échelle de 1 à 4 : le niveau 1 correspondant à une équipe qui s’organise déjà ensemble autour de rituels communs, et le niveau 4 représentant l’excellence opérationnelle et organisationnelle.
Quelle est votre vision du management intergénérationnel ?
Mon job consiste à passer de l’ancien système de management tayloriste à celui que je mets en place, et la jeune génération est très réceptive à ça. Elle veut du changement et trouve même que ça ne va pas assez vite. Pour les managers plus expérimentés, le changement passe par la preuve que ça marche vraiment et quand ils voient les bénéfices, ils sont très enthousiastes. Finalement, les mots sont différents : les jeunes parleront d’entraide et de résultats et les anciens de famille et d’efficacité. Mais la finalité est la même.
Vous avez gravi les différents échelons. Quel serait votre conseil à un jeune diplômé qui aimerait s’inspirer de votre parcours ?
Manager est un choix personnel très engageant, c’est développer les personnes et cela commence par soi-même. C’est par conséquent sans doute le premier rôle du Manager que de s’interroger sur son intention de progresser pour, à son tour, faire progresser ses collaborateurs. Accompagner ses collaborateurs pour les aider à regarder différemment leurs activités commence par avoir expérimenté soi-même ce processus de transformation.
Quelles perspectives pour des jeunes diplômés chez vous en 2025 ?
La Poste est une entreprise très large et nous recherchons aussi bien des managers pour nos EAP que des commerciaux pour les services que nous développons. Aujourd’hui La Poste livre trois fois moins de courrier qu’il y a 10 ans, mais a augmenté son chiffre d’affaires par deux grâce à ses nouveaux services. En 2024, près de 4 000 personnes ont été recrutées.
EDHEC BSL’école m’a formée de plusieurs façons, puisque j’étais en contact avec elle dès mon premier job à la Poste avant d’y faire un Executive MBA quelques années plus tard. La diversité des profils et de la richesse des échanges ont été très apprenants, reprendre des études à 30 ans, en étant directrice d’une plateforme industrielle et jeune maman, n’a rien d’évident et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à manager différemment en m’appuyant sur mes convictions. Je retiens également une de mes professeures qui avait toujours un plumeau pendant ses cours pour chasser les croyances et idées reçues de manager. J’y pense souvent lors de mes prises de décisions.
Chiffres-clé :
15 milliards d’objets livrés par an
34 milliards € de CA en 2023
Contact : www.laposterecrute.fr/