Agnès Bocognano (Sciences Po Paris 89), directrice déléguée santé de la Mutualité Française (c) FNMF/N. MERGUI

À la Mutualité Française, les jeunes talents côtoient l’histoire et la modernité

La Mutualité Française a une vraie mission « humaniste » : contribuer depuis plus d’un siècle au bien-être des millions de personnes. Un engagement profond pour chaque collaborateur. Agnès Bocognano (Sciences Po Paris 89), directrice déléguée santé de la Mutualité Française, nous présente ses propres leviers de motivation. Violaine Cherrier

 

Comment la Mutualité Française fait face aux révolutions actuelles ?

Les mutuelles de la Mutualité Française doivent faire face aux augmentations de taxes, à la mise en place de Solvabilité 2, à la généralisation de la complémentaire santé : autant de choc fiscal, financier ou réglementaire. Mais leur histoire est parsemée de bouleversements. À commencer par le 1er d’entre eux : la création de la sécurité sociale en 1945. Bousculées dans leur modèle, les mutuelles sont pourtant solides. Et depuis 1902, nous sommes, à la fédération, un pilier sur lequel elles peuvent compter. On parle aujourd’hui d’e-santé, d’e-médecine. Le digital révolutionne nos modes de vie et la santé en fait pleinement partie. Nous avons à cœur d’adapter l’aide que nous pouvons apporter aux mutuelles, au choc auquel elles auront à faire face.

 

Dans ce contexte, quel est votre principal défi ?

Comment garantir durablement le modèle mutualiste qui repose sur la responsabilité et la solidarité dans le contexte actuel d’une concurrence accrue ? Tel est notre principal défi. Paradoxalement, ce sont justement sur ces valeurs, pourtant caractéristiques de l’économie sociale et solidaire, que les mutuelles sont le plus attaquées. Notre rôle est d’anticiper les changements pour que nos membres adhérents se placent dans une vision prospective et puissent faire preuve d’adaptabilité pour continuer à se développer.

 

C’est à la direction Santé de relever le défi ?

La direction Santé couvre un périmètre large qui permet d’appréhender tout le champ de la santé : l’offre de soins, son financement, la prévention, le conventionnement, l’assurance… Notre travail quotidien consiste à produire des analyses prospectives, économiques, juridiques pour mesurer l’impact de telle ou telle réforme sur les mutuelles. C’est à nous de faire émerger la force de propositions du mouvement mutualiste. Notre quotidien est passionnant car nous sommes sans cesse en mouvement. Nous tentons chaque jour de concilier des valeurs de solidarité avec la réalité économique du quotidien sur un marché qui ne porte pas de telles valeurs.

 

« On ne sait pas toujours pourquoi on vient, mais on sait pourquoi on reste » : La culture mutualiste est très riche et notre mission quotidienne est d’en défendre les valeurs. Il existe une réelle fierté d’appartenir à un mouvement social qui n’hésite pas à interpeler ni à intervenir. Nous avons ainsi reçu les candidats à la présidentielle. Nous avons aussi organisé un colloque sur les perturbateurs endocriniens dans lequel nous avons donné la parole aux lanceurs d’alerte. Nous portons des valeurs et nous les exprimons publiquement.

LA MUTUALITÉ FRANÇAISE : UNE VISION SOLIDAIRE DE LA PROTECTION SOCIALE

Les profils polyvalents sont donc les bienvenus ?

Ma formation est un atout pour mon poste qui implique une expertise en analyses juridiques, réglementaires, financières… Nous avons donc besoin de profils qui soient capables de porter ces expertises, de les comprendre de manière à créer de la valeur ajoutée, et de les coordonner. Notre maître mot : la transversalité !

De plus, il est nécessaire de créer des synergies entre ces divers profils. C’est là que les profils Sciences Po sont particulièrement appréciés. Malgré notre culture historique, nous proposons une voie moderne de réponse aux besoins sociaux à la croisée de la technique, la contrainte économique et la demande sociale.

 

Recruter d’abord une personne avant des compétences : Ce que nous regardons en priorité ? Les capacités de créativité, de travail collaboratif, d’humilité, de prise de hauteur, de mise en perspective… Les profils doivent être en capacité d’appréhender une entreprise dans un système dynamique en mutation. C’est pourquoi nous avons besoin d’expertises mais aussi de compétences en conduite de projet, de métiers autour de l’innovation avec une vue nationale mais aussi européenne.

 

Le collaborateur porte lui aussi ses valeurs ?

Nous sommes une grande maison qui a sa place dans le débat public et chaque collaborateur y participe pleinement. En interne, nous appliquons le principe de responsabilité et de transparence avec des objectifs fixés clairement. Notre projet d’entreprise a ainsi été co-construit en collaboration avec les salariés, les managers et les membres du comité de direction sous forme de forums participatifs. Nous avons ainsi défini un plan d’action stratégique pour faire évoluer la fédération.

 

Mut’Elles, réseau de femmes en mutualité : Avec 25 % de femmes au sein des comités d’administration, la Mutualité Française veut atteindre 40 %. Pour y parvenir, elle a créé le réseau Mut’Elles dont l’objectif est de réunir les femmes en mutualité – élues et salariées – pour échanger autour des bonnes pratiques, de leurs expériences, développer leur réseau… « Ce réseau fonctionne très bien avec des actions régulières dans toute la France : petit-déjeuner, apéro afterwork… pour permettre aux femmes d’investir la place qui leur revient. »

 

Ces valeurs constituent votre moteur au quotidien ?

La protection sociale est un beau terrain de jeu professionnel. J’ai effectué de nombreux stages dans la santé, j’ai dû voir tous les services de l’Assurance maladie ! Pour chacun, la santé est le sujet du quotidien. C’est pour cette raison que les décisions que l’on prend à la fédération, celles qui ont de l’influence, sont en prise avec le quotidien. La Mutualité Française intègre pleinement la notion de vivre ensemble, de faire ensemble. Et c’est ce qui est très enrichissant à titre personnel.

 

Mon conseil aux jeunes diplômées : En réalité, j’ai un double conseil. Tout d’abord, croyez en vous tout en conservant vos qualités féminines. Je recrute beaucoup, donc je reçois de nombreux candidats. Ce qui me frappe, c’est de voir à quel point les hommes sont assez sûrs d’eux et les femmes davantage en questionnement. Or la confiance est communicative. Il est donc important d’avoir confiance en soi. Mais, pas trop non plus ! Une grande force féminine c’est d’accepter parfois une part de doute. Fortes de ce principe, visez  des postes à responsabilité. Soyez persuadées que vos qualités sont précieuses pour une entreprise.

 

 

« La Mutualité Française est un grand mouvement d’entreprises portées par un objet social. »

 

Contact : agnes.bocognano@mutualite.fr