L’enseignement supérieur et la formation au service du développement de l’Afrique

Driss Aït Youssef © J. Riquier / ILV
Driss Aït Youssef © J. Riquier / ILV

L’Afrique, si l’on évoque l’Afrique subsaharienne, est incontestablement le moteur de la croissance mondiale. Selon un article récent, son PIB pourrait approcher celui de l’Union Européenne en 2050. – Par Driss Aït Youssef, Docteur en droit, Président de l’ILV (Institut Léonard de Vinci)

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Même en période de crise économique consécutivement à la baisse des produits de base comme le pétrole, l’Afrique conserve une croissance soutenue. Elle devrait atteindre 3 % en 2016, assez pour créer des milliers d’emplois et attirer des entreprises internationales.

Sa jeunesse est considérée, elle, par plusieurs économistes comme un important levier de croissance. En effet, 60 % des africains ont moins de 30 ans. D’ici 2030, près de 4 millions de jeunes arriveront sur le marché du travail. Si cette donnée est une richesse, elle peut constituer un défi pour une partie de cette jeunesse peu, pas ou mal formée vulnérable, donc, au désespoir et susceptible d’alimenter le chômage source de débordement social violent.

L’éducation constitue par conséquent, un levier important pour ces pays à la recherche d‘une croissance durable et d’une stabilisation sociale. En effet, pour pouvoir convaincre des entreprises d’investir, les dirigeants doivent montrer que leur système éducatif est capable d’offrir les ressources dont les entreprises ont besoin. Cette volonté est en phase avec les stratégies des entreprises de recourir le moins possible aux expatriés car trop couteux et trop risqués. L’enseignement supérieur et la formation apparaissent par conséquent comme des outils incontournables pour les entreprises locales et internationales et les États.

Encore faut-il distinguer les « Afriques », francophone, anglophone sans oublier lusophone comme l’Angola. Aussi, dans les pays francophones, il faut distinguer, les pays francophones et francophiles étant entendu qu’un pays peut être francophone sans être francophile… les exemples ne manquent pas.

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Ensuite quelles stratégies pour les établissements d’enseignement supérieur et les centres de formation ?

Nouer de simples partenariats ? Ouvrir des campus ? Ou tout simplement franchiser des programmes ? Certains pays africains conscients du risque à envoyer des étudiants à l’étranger qui ne reviendraient pas participer au développement de leur pays ajustent leur stratégie. La ministre de l’Enseignement supérieur du Sénégal a évoqué dans un entretien, une volonté de développer de nouvelles politiques éducatives en phase avec les ambitions économiques de son Pays. La période consistant à s’appuyer sur la diaspora pour alimenter l’économie de l’Afrique est donc révolue.

Une autre solution, moins évidente, se dégage. Elle consiste pour les établissements français à accompagner des entreprises de plus en plus intéressées par des partenariats pour former leurs personnels. Cette stratégie est balbutiante mais elle colle probablement le mieux avec les attentes de ces entreprises internationales souhaitant déployer des programmes de formation en adéquation avec leur standard.

Par ailleurs, si le marché de l’enseignement supérieur reste un secteur stratégique pour la croissance des Pays africains, sa mise en œuvre passera dans certain cas par des partenariats entre plusieurs acteurs comme l’État ou les organismes accréditeurs (ACSB, AMBA, EQUIS, MSB, AABS…)

Pour conclure, l’Afrique est confrontée à un enjeu majeur : celui de mettre rapidement au service de son économie une génération de jeunes formés pour accompagner le développement du Continent. Madame Dlamini-Zuma, présidente de l‘Union Africaine, a évoqué lors d’un sommet sur l’enseignement supérieur à Dakar en mars 2014 que « nous produisons (l’Afrique) trop peu de docteurs en général et de docteurs en médecine en particulier, d’ingénieurs, de scientifiques, de chefs de projet et de mathématiciens ». Le défi reste immense… faire émerger rapidement une nouvelle génération capable de développer de nouvelles économies véritables alternatives à l’exploitation frénétique des matières premières, en forte baisse, en voie d’épuisement, non écologique ou non viable économiquement.

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