Les FabLabs, un nouveau paradigme éducatif ? Retour sur le périple des Fab Bikers

© Fab Bike
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Paris, Bruxelles, Amsterdam, Budapest, Milan… cet été, trois amis de CentraleSupélec ont parcouru plus de 4 000 km sur leurs bicyclettes. Depuis Paris, ils ont suivi l’Atlantique vers le Nord et ont bouclé leur tour de deux mois dans le sens des aiguilles d’une montre en passant par Budapest. L’objectif à chaque étape ? Visiter des fablabs pour comprendre et étudier les implications du prototypage rapide (impression 3D…) et de l’open source en rendant visite aux « communautés maker », ces groupes de geeks et de passionnés de bricolage essaimés à travers le vieux continent.  – Par Eymard Houdeville

 

 

Crawford et son éloge du carburateur

 » Nous sommes en train de vivre une véritable crise de l’attention. C’est du moins ce dont se plaignent de plus en plus de gens à propos de la technologie. Notre activité mentale paraît de plus en plus balkanisée, et nous commençons à nous demander si nous sommes capables de préserver un moi cohérent  » écrit, alarmiste, Matthew Crawford, auteur du célèbre Eloge du carburateur. Sur nos portables et nos multiples écrans nous dispersons notre attention au monde, cette ressource précieuse et limitée. En effet, quel professeur ne s’est pas plaint de voir ses étudiants perdus en cours sur leurs ordinateurs ? Avec Contact l’auteur approfondit son plaidoyer pour le travail manuel comme outil de réalisation de soi même et d’éducation à la vie. Cet intellectuel qui a laissé tomber une brillante carrière académique pour devenir mécanicien, se montre volontairement critique vis à vis de la « digitalisation de l’enseignement », des écrans et des connexions à tout va, dont la philosophie du moment nous abreuve. Digitaliser l’éducation, oui, mais comment ? Et surtout : pour quoi faire ?

© Fab Bike
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Les fablabs comme réponse à la crise de l’attention

Partis réaliser un tour d’Europe à vélo des ateliers de bricolage (ou « fablabs ») avec leur Crawford sous le bras, Eymard, Pierre-Victor et Coline, trois élèves ingénieurs à CentraleSupélec ont passé l’été à visiter plus d’une trentaine de ces espaces de fabrication collaborative. Leur objectif : enrichir et venir intégrer davantage dans son environnement le nouveau fablab de CentraleSupélec afin d’en faire un lieu de partage et d’éducation unique en son genre sur le campus de Paris Saclay. Les fablabs semblent effectivement être une solution originale à la crise de l’attention dont parle Crawford : ce sont des espaces où sont mis en libre-service des machines à commande numérique et des outils de bricolage, des ressources pour hacker et bidouiller en groupe. Bref, réintégrer notre présence au monde dans une continuité qui nous aide à nous construire, à éprouver la résistance du réel. On s’y essaye à des projets bigarrés (petits drones, fabrication additive, détournement d’objets du quotidien), on y échoue souvent mais on y apprend beaucoup. Les fablabs (la contraction de fabrication laboratory) sont une opportunité unique de fonder de nouvelles pédagogies, plus pratiques, en complément des formations traditionnelles, souvent très théoriques.

 

L’info en plus
Le premier fablab a ouvert au début des années 2000 au MIT. Le concept a connu un fulgurant essor depuis.

Trois leçons du voyage

« Une première leçon », nous confient les trois sportifs, « est que l’on oppose, souvent à tort, travail manuel et travail intellectuel dans l’expression « économie du savoir », alors que ce ne sont que les deux faces d’une même pièce. Ce faisant on prend le risque de stériliser notre action, de rendre irréfléchi ou pauvre notre agir et déresponsabiliser notre pensée. » Une seconde leçon concerne la définition de la liberté. « Etre libre, ce n’est pas toujours maximiser ses choix, ses possibilités. Dans une conception négative telle que celle pratiquée dans les fablabs, être libre c’est arriver à s’autodiscipliner, à se concentrer sur une chose bien précise, à refuser de se laisser distraire à l’infini. Enfin, troisième leçon, la compétence pratique, loin d’isoler l’individu, agit comme un point d’ancrage qui lui permet de rencontrer ses semblables. »

 

Chiffres clés du voyage
4 000 km
12 pays
10 capitales
100 km / jour
Plus de 30 makerspaces visités

 

Contact :
Facebook : https://www.facebook.com/FabBikeTour/?ref=bookmarks
Twitter : https://twitter.com/fab_bike
Site : fabbike.campus.ecp.fr

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