Puissance intellectuelle, sens de l’action et du contact, Florent Sainte Fare Garnot (ENS – Sciences Po), maire PS de Nevers a imposé son style de jeune édile. Celui qui envisageait d’être professeur de philosophie a été happé par la politique mais n’oublie pas ce que sa formation à la pensée lui a appris pour donner un sens à ses actions et à sa manière d’être avec les autres.
Look de gendre idéal
Le jeune maire de Nevers est issu d’une famille d’intellectuels. Son père est le conservateur du Musée Jacquemart-André et son grand-père un égyptologue renommé. « J’ai reçu une éducation qui valorisait la chose publique et l’école. Ces repères familiaux m’ont aidé à me construire. » Il passe son enfance à Saint-Denis avant de rejoindre un quartier populaire du 11e arrondissement de Paris. « J’ai vécu et grandi dans l’Ile-de-France terre d’immigration et ouvrière mais aussi celle des classes moyennes. Ces expériences m’ont prémuni contre la crainte que certains ont de l’autre, de la différence. Elles m’ont ouvert de larges horizons. » Thierry Boidevezy, élu au conseil municipal qui n’était initialement pas favorable à Florent Sainte Fare Garnot (lors du processus qui a conduit à mi-mandat du précédent maire, à l’élection d’un successeur par le conseil municipal) a changé d’avis en apprenant à le connaître. « Le reproche de dire qu’il n’est pas d’ici, un universitaire parisianiste, ne tient plus la route dès qu’on le voit sur le terrain : avec son look de gendre idéal, il a les mots, le contact ! Je crois qu’il a au fond de lui un vrai goût pour le bon, le vrai. »
« La politique m’a happé ! La vie permet des choses que l’on n’imagine pas ! »
La philosophie, un guide
Il est l’ainé de quatre enfants. Sa soeur est éducatrice spécialisée pour enfants handicapés, un de ses frères vient de finir les Beaux-Arts à Orléans et l’autre est boulanger- pâtissier. Après le lycée et la Khâgne à Henri IV, il cube afin d’atteindre son objectif : intégrer Normale sup. « La philosophie m’a toujours plu, je dirais même touché. Elle permet d’articuler les formes de savoirs, de penser l’architecture des choses. L’avantage de la pensée, c’est qu’elle ne se finit jamais ! On peut donc se nourrir de la philosophie toute une vie pour donner un sens aux choses et à sa manière d’être avec les autres. » Happé par la politique Militant au PS depuis 2002, Florent Sainte Fare Garnot envisage d’abord d’enseigner la philosophie. En 2005, après ses études à Sciences Po, il rejoint Didier Boulaud à Nevers comme directeur de cabinet. Il lui succédera à la mairie à 31 ans en 2010. « La politique m’a happé ! La vie permet des choses que l’on n’imagine pas ! » « Lorsque Florent est arrivé, il a vite été évident qu’il avait un avenir dans la politique, se souvient Thierry Boidevezy. Il est doté d’une machine intellectuelle et d’un dynamisme puissants. Il a vite démontré sa capacité à percevoir, comprendre, détecter les sujets importants. Il a de l’humour,est très cultivé. Il a une approche et des relations saines avec les gens. »
Exigence intellectuelle
Pour Florent Sainte Fare Garnot « Sciences Po n’apprend pas du tout le métier de politique ! Mais à être décideur dans la sphère politique. » Les éléments de culture en droit public, économie, relations internationales lui sont utiles mais il a appris sur le terrain l’exercice politique et électoral. « Il a un grand sens de l’écoute, témoigne Régis Bertrand, son directeur de la prospective. Il se préoccupe de nombreux sujet, veut comprendre. Au-delà de ses qualités de réflexion, son énergie et son sens de l’action sont ses atouts. Depuis qu’il est maire, il a passé une autre étape indispensable, celle de l’intuition politique. Il est facile de travailler avec lui. Cela dit, au plan intellectuel et de l’exigence, c’est un exercice de travailler avec un normalien ! »
Ses activités
« extra-municipales » Il vient de lire Les frères Karamazov de Fiodor Dostoïevski et Les sept traités de la guerre de Jean Levi. Ancien joueur de basket en club, il a été un grand fan de Michael Jordan et Magic Johnson adolescent. Il courre deux fois par semaine et aime cuisiner.
Blog : http://www.fsfg.fr/events/event/
SPÉCIAL CHINE
Le maire voit dans la pensée asiatique une inspiration possible pour l’exercice de la décision. « La notion d’équilibre est très présente dans la pensée chinoise. Elle est aussi intéressante car elle est une pensée de la réforme. Pas celle qui brise, mais celle qui fait avancer en restant en contact avec ce qu’elle quitte ou bouscule. Je conserve un souvenir formidable d’un voyage en Chine avec la délégation municipale en 2007. Un sentiment d’enthousiasme mêlé d’effarement d’avoir senti le pouls de la mondialisation palpiter devant nous. »
A. D-F