Imaginez le monde en 2050. Sur 10 milliards d’humains, 6,7 milliards sont actifs, la numérisation a atteint un niveau aussi important que les conséquences de l’effondrement de l’accès aux ressources rares et du réchauffement climatique. De quels talents et compétences aura besoin l’humanité pour évoluer dans un tel contexte ? Pistes de réponses prospectives issues d’un échange avec Francis Jutand, DGA de l’IMT et auteur de La métamorphose numérique (Ed. Alternatives).
Le directeur général adjoint de l’Institut Mines Télécom anticipe que 5 catégories de travailleurs animeront le monde en 2050
- Ceux qui s’occuperont de la Terre, dans tous les sens du terme : agriculteurs, spécialistes de l’eau, de l’environnement, régulateurs pour permettre que la Terre vive…
- Ceux qui produiront ce dont nous avons besoin : agroalimentaire, industrie, services…
- Ceux qui s’occuperont des autres : médical, psychologie, éducation, social…
- Ceux qui produiront des connaissances : recherche, innovation…
- Ceux qui se préoccuperont de préparer le futur de l’Humanité : création, exploration, spatial…
Ces catégories existent déjà mais seront à l’avenir plus marquées alors que deux scenarii se profilent
Soit l’humanité entre dans une période de guerres et de violences liées à l’effondrement de l’accès aux ressources rares et au réchauffement climatique.
Soit nous avons réussi à anticiper et à prendre en compte les problématiques globales au niveau du vaisseau Terre, nous nous organisons au niveau mondial.
Sans oublier, l’émergence des transhumanistes, l’hypothèse où le numérique agit en substitution de l’humain là où la majorité prêche pour une coévolution, un développement associant les compétences humaines et technologiques.
Coévolution de l’humain et de la machine
La numérisation à outrance entraîne la perte de compétences dans un métier, ce que Bernard Stigler appelle un pharmason : une chose qui est à la fois un remède et un poison. A force de confier des tâches à la machine, l’humain ne sait plus les réaliser. En outre, il n’a à la fois plus de visée de progression, et ne progresse plus car il ne sait plus faire.
La solution : hybrider les compétences métiers avec le numérique ; et mener la coévolution de l’homme et de la machine, de manière à concevoir les méthodes et outils de l’avenir. Il faut ainsi marier les intelligences et la puissance de calculs, opérer une montée en compétences conjointe.