Les Grandes Écoles en France comprennent ou travaillent avec des associations pour servir une cause, par exemple Ingénieurs sans Frontières (ISF). Aux États-Unis, tant dans les Universités que dans les entreprises et les loisirs, le phénomène a une importance sans commune mesure. Une économie qui en découle est même générée. Parfois c’est pour se donner bonne conscience alors même que les paradoxes de chacun dans sa vie au quotidien sont légion.
Des associations « non profit » très actives
Les associations dites « non profit », équivalentes dans l’esprit aux associations loi 1901, pullulent.
Je l’ai vécu dans le sport. Lorsque l’on veut courir un 10 km (un 10K ici), c’est généralement autour de 40 dollars l’inscription alors qu’en France cela tourne plutôt autour de 14 euros… Et parfois plus. Les sommes collectées sont pour partie reversées pour servir une cause : lutte contre l’obésité, contre une maladie orpheline, etc. Ici de nombreuses marches sont également proposées pour les moins sportifs. Les jeunes parents ont même la possibilité de marcher/courir avec des poussettes et des bébés à l’intérieur !
Les grandes entreprises motrices pour les « causes & charities »
Le phénomène m’a paru encore plus fort dans les grandes entreprises que dans les start-up. Pour des dernières, tout est focalisé par rapport au but de grandir et de changer le monde. Une fois la réussite arrivée, si elle survient, certains co-fondateurs ont plaisir à servir des causes qu’ils considèrent justes ou conformes à leurs idéaux humains. Ce n’est pas un hasard si sur LinkedIn les expériences de bénévolat ou causes qui vous importent sont mises en exergue. Dans une autre échelle, ce fut le cas des fondateurs de Microsoft et de Facebook. Bill Gates et Mark Zuckerberg ont ainsi œuvré pour leurs fondations, respectivement Bill & Melinda Gates Foundation – qui est dotée de 43,5 milliards de dollars la classant numéro 1 mondiale – et la Chan Zuckerberg Initiative.
Donner du sens dans une région où l’argent abonde
Des entreprises de la Silicon Valley comme PayPal, Cisco, Seagate sont impliquées dans le projet TurningWheels For Kids. Celui-ci propose du team building au sein d’équipes en entreprises tout en construisant des vélos pour des enfants défavorisés. Ces finalités sont très concrètes par rapport à des concepts disruptifs d’entreprise de la Silicon Valley. Dans un autre registre, la Lucile Packard Foundation à Stanford œuvre pour soigner des enfants atteints de maladies rares. Des dîners et des événements sont organisés. Ils permettent aussi de réseauter et on rencontre des mécènes très âgés. Le bénévolat est également très développé. Certains le font par conviction d’autres par intérêt car il est perçu positivement.
À l’image des stars sur les pavés d’Hollywood…
Un autre phénomène que j’ai pu constater dans les universités et les musées est d’avoir son nom mentionné parmi les membres bienfaiteurs. Il peut résulter soit de X heures de bénévolat (visites, animation d’ateliers) soit de dons importants. Par exemple au stade de l’Université de Stanford, certains gros donateurs ont leur nom gravé près du stade.
… Avec des retombées qui vont franchir l’Atlantique chez nous !
Le directeur de Télécom ParisTech était en déplacement à San Francisco en juin dernier. Lors d’une intervention auprès d’alumni travaillant dans la Bay Area, il faisait remarquer que les sommes demandées en France pour disposer d’un amphithéâtre à son nom étaient très faibles par rapport aux États-Unis. Il ajoutait que c’était le sens de l’histoire et que le développement de l’école à Saclay constituait une opportunité telle la réservation des noms de domaine dans la logique du « premier arrivé, seul servi ».
J’ai par ailleurs assisté à un mariage californien où il était demandé plutôt que d’offrir un cadeau aux époux – ce qui était toujours possible – de verser de l’argent. C’était en l’occurrence pour la « Catholic charities » du comté de Santa Clara.
Génération d’une économie induite
Ce phénomène, malgré le recours aux bénévoles, brasse des sommes colossales d’argent. Aussi de nombreux métiers sont induits comme le Community outreach coordinator. Il a un budget à gérer et un aspect communication et relationnel très développé.
Le mécénat d’entreprise est réel. Ainsi une maman californienne qui a une petite fille atteinte d’une maladie rare a organisé une collecte dans son entreprise. Les montants récoltés dépassent pour certains donateurs individuels (plutôt des VP et des executives) allégrement les 1 000 dollars. Et pour gérer toutes ces associations qui ont des budgets de fonctionnement importants, le recours aux bénévoles ne suffit pas.