Les métiers exercés par les Normaliens
Les « CSM » (Clearing and Settlement Mechanisms) sont des plateformes interbancaires de traitement des flux de paiements. STET est l’opérateur du système de compensation des paiements de masse pour le marché français et européen. Une entreprise qui entend jouer sa partition sur une scène européenne en pleine mutation. Rencontre avec son Directeur Général, Jean-Pic Berry (ENS Ulm 76).
Le pari technologique
L’entreprise STET, fondée en 2004 à l’initiative de BNP Paribas, de la BPCE, du Crédit Agricole, du Crédit Mutuel et de la Société Générale, assure la compensation des moyens de paiement de détail, 36 produits différents au total (virements, TIP, lettres de change, images chèques, opérations cartes…) entre l’ensemble des banques françaises. Une activité hautement sensible, très exigeante en matière d’ingénierie et de savoir-faire bancaire. Doté d’un système de traitement des plus sophistiqués, cet opérateur français fait figure de leader dans le paysage des « CSM » européens. Un atout de taille pour prendre en charge les nouveaux formats de paiement SEPA (Single European Payment Area) qui devraient permettre d’harmoniser les divers formats de virements et prélèvements actuellement en vigueur en Europe STET est de ces entreprises gagnantes : d’ores et déjà, elle exécute en moyenne quelque 55 millions d’opérations de paiement/jour avec des pics enregistrés à 121 millions/jour. Du fait de ces volumes importants, elle a fait baisser le niveau de facturation à une fraction de centime par opération… ce qui laisse beaucoup de concurrents sur la brèche. Les performances maximales du système exploité par STET ont d’ailleurs été évaluées à 300 millions d’opérations par jour, ce qui représente presque le double des flux actuellement traités au niveau européen « En termes de performances, ajoute Jean-Pic Berry, Directeur Général de STET, nous avons encore une énorme marge. Alors que certains de nos concurrents ont fait le pari du toutSEPA, nous avons au contraire conçu notre système pour être multi-CSM : capable de prendre en charge plusieurs communautés bancaires et de traiter leurs divers moyens de paiement, en tenant compte des différences de protocoles, et de leurs spécificités de fonctionnement. » Une souplesse qui permet aujourd’hui à STET de remporter des marchés hors de l’hexagone, en devenant la chambre de compensation de communautés bancaires européennes…
Le défi européen
D’après Jean-Pic Berry, le marché européen devrait se consolider, des infrastructures moins performantes ou trop coûteuses pourraient disparaître au profit de celles qui auront la capacité de traiter d’importants volumes en toute sécurité et à moindre frais. « Comme chambre de compensation, nous avons vocation à animer la place française mais aussi à élargir notre rôle à l’échelle européenne. Il existe aujourd’hui en Europe 22 systèmes d’échange dont 21 fonctionnent en euro, c’est certainement trop. Une concentration du marché est inéluctable soit par le biais de rachats de plateformes, soit par la mutualisation soit par la fourniture de services. Dans ce contexte, notre évolution naturelle est d’aller vers d’autres communautés, ce que nous avons déjà commencé. »
Faire grandir l’entreprise de 30 %
Les enjeux sont importants et les années à venir s’annoncent riches en innovations et challenges. Les projets ne manquent pas. C’est pour s’y préparer que STET qui a tout le profil d’une start-up high-tech, souhaite consolider son leadership et augmenter ses effectifs d’au moins 30 %. « Nous sommes une petite maison de poupée où exercent des ingénieurs, des banquiers, des spécificateurs, des informaticiens développeurs. Si notre première mission consiste à assurer une continuité de service sans faille, l’entreprise doit toujours innover et affronter de nouveaux challenges. Nous sommes donc toujours prêts à accueillir de nouveaux talents aussi bien dans les domaines informatiques que bancaires. »
Un DG éclectique
En tant que Directeur Général, Jean-Pic Berry doit coiffer plusieurs casquettes : tantôt manager et animateur des équipes, tantôt commercial de haut vol, souvent diplomate, médiateur et bien sûr, créatif. Et un peu, dirons-nous « génialement décalé ». Car Jean-Pic Berry, franco-américain a mené un parcours des plus atypiques en regard du monde feutré de la haute finance. Sorti de la rue d’Ulm, il ne voulait pas entrer à l’X, lui préférant la recherche en mathématiques pures. Chercheur à Harvard, son dada était de mettre en équations sibyllines la manière dont on pourrait peindre les sphères ! « Juste pour le plaisir de chercher quelque chose de vain » dit-il. Mais à 27 ans, plongé dans ses chiffres et ses pinceaux sphériques, il se dit qu’il y a erreur de casting et souhaite s’ouvrir au monde. « Garder le contact avec les gens tout en me trouvant d’autres plaisirs intellectuels ». Il vire alors à 180°, repart à zéro, et complète son Agrégation en Maths par un DEA de Sociologie à Sciences Po et se retrouve au recherche de Péchiney à la tête d’une SSII interne. Après un nouveau séjour aux Etats- Unis, il intègre différentes grandes SSII françaises, dans les départements bancaires, puis rejoint la Société Générale avec la responsabilité du marketing du cash management pour finalement être nommé en 2010 à la tête de STET. Ce touche à tout, clarinettiste, violoncelliste, trompettiste, matheux, et enfin banquier, s’estime heureux. « J’aime découvrir, pour la richesse que cela apporte. Et mon poste actuel est formidable par ses challenges, les gens que l’on rencontre, les projets qui se développent. Dans une seule journée on a l’impression d’exercer plusieurs métiers, il n’y a aucune routine, c’est passionnant. »
Créée en décembre 2004 par six grandes banques françaises – Banque Fédérative du Crédit Mutuel, BNP Paribas, Caisse d’Epargne et Banque Populaire (aujourd’hui BPCE), Crédit Agricole SA, et Société Générale – STET a été fondée dans la perspective du SEPA afin de doter la France d’une infrastructure de paiement moderne, capable de pendre en charge des volumes importants et des formats divers. Depuis, STET a mis au service de la communauté bancaire française une plateforme de dernière génération, CORE, répondant aux plus hauts critères en matière de conformité, et de gestion du risque. STET opère depuis 2008 le traitement, la compensation et le règlement de la totalité des paiements de détails échangés au sein de la communauté bancaire française (tant au format Minos que SEPA). 13.3 milliards de transactions ont été échangés en 2011 sur le système STET – CORE dont :
• 6.5 milliards d’opérations de paiements par carte,
• 2,4 milliards pour les prélèvements,
• 2 milliards de virements,
• et 2.4 milliards de chèques.
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