Contribuer à l’élaboration et à la diffusion des médicaments de demain en plaçant le patient au centre, c’est ce que vous propose Arnaud Dourlens (Arts et Métiers Lille 02), Global Head of Clinical Supply Chain Operations chez Sanofi.
« Améliorer la vie des gens grâce aux miracles de la science ». Est-ce en s’appuyant sur cet objectif que Sanofi est devenu un des leaders mondiaux de l’industrie pharmaceutique ?
Oui tout à fait ! Même si à l’origine, et on le sait peu, Sanofi était une start-up d’une dizaine de personnes, créée en 1970 par le groupe Elf. C’est d’ailleurs l’ancien Président de l’association des anciens élèves des Arts et Métiers, Jean-François Dehecq, qui était à la tête de cette startup. Multisectorielle, allant de l’hygiène à la santé, avec une branche alimentation et une branche beauté (dont Nina Ricci et Yves Saint Laurent), Sanofi s’est concentré au fil des années sur son activité santé. Aujourd’hui, le groupe emploie 100 000 personnes dans le Monde et affiche un CA de plus de 40 milliards d’euros. En perpétuelle évolution, il ne cesse de se transformer et a choisi récemment de se séparer de ses activités de médicaments sans ordonnance pour se concentrer sur des secteurs plus pointus où l’impact sur la société est le plus grand : l’immunologie, les maladies rares et les vaccins.
Soigner et guérir, un défi qui fait sens pour les jeunes diplômés ! Mais pourquoi ont-ils tout à gagner à le relever aux côtés de Sanofi en 2024 ?
Pour moi, tous les métiers peuvent avoir du sens, à condition de le chercher. Il y a mille et une façons d’exercer un métier, à chacun sa vision. Cela étant, il est vrai que le secteur de la santé permet d’avoir un impact direct sur la vie des patients, ce qui est un moteur incroyable. Notre famille, nos amis, nous-mêmes, nous sommes tous amenés un jour à être des patients. Travailler dans l’industrie pharmaceutique donne donc le sentiment de faire quelque chose qui compte au quotidien et de pouvoir accompagner concrètement la vie des malades. Après 10 ans dans le secteur de la parfumerie et de la cosmétique de luxe, je recherchais un secteur à forte valeur ajoutée, et je l’ai trouvé ici. Chez Sanofi existe une large palette de métiers allant de la R&D au développement industriel, en passant par les fonctions digitales, financières ou commerciales. Le groupe constitue donc un excellent terrain de jeu pour démarrer sa carrière puis pour évoluer, grâce à des passerelles faciles entre métiers et zones géographiques. Nous comptons sur les jeunes diplômés pour accompagner notre dynamique car ils sont les premiers agents de notre transformation. Mais avec bientôt quatre générations qui se côtoient au sein du groupe, nous avons besoin de tout le monde, chacun à son niveau.
Quel est votre rôle en tant que Global Head of Clinical Supply Chain Operations ?
Dans un groupe pharmaceutique comme le nôtre, la chaîne d’approvisionnement est un élément essentiel pour planifier, approvisionner, produire et distribuer. En parallèle de la supply chain commerciale dédiée aux médicaments déjà autorisés par les autorités de santé et en vente sur le marché, j’ai en charge la supply chain mondiale des essais cliniques, qui donneront naissance, à terme, aux médicaments de demain. Un médicament met entre 7 et 15 ans à être développé, et nous avons actuellement 300 études cliniques en cours dans 60 pays afin de tester ces thérapies prometteuses à travers le monde. Je suis rattaché à la R&D du groupe et mes équipes travaillent sur tous les continents pour permettre à l’ensemble de cette supply chain de fonctionner : des équipes au sein du développement, de la phase de définition du protocole clinique, à la conception et la production des médicaments puis à leur distribution sur les lieux des essais cliniques (hôpitaux ou parfois à domicile pour les patients éloignés). Ma mission est donc très large, d’autant qu’elle inclut également la participation aux dossiers de soumission aux autorités de santé. Faire en sorte que les thérapies de demain soient mises au point rapidement pour les patients en attente de traitement est vraiment un métier passionnant !
En quoi la maîtrise de la chaîne d’approvisionnement est-elle un enjeu critique de souveraineté aujourd’hui ?
C’est effectivement devenu un enjeu majeur pour notre chaîne d’approvisionnement commerciale, confrontée à des disruptions de plus en plus nombreuses (sanitaires, écologiques, sociétales). L’éloignement des lieux de fabrication et de sourcing mondial des matières premières (notamment en Asie) est devenu un réel challenge et la crise du Covid a mis en lumière ces enjeux de souveraineté. Le secteur doit donc trouver un nouvel équilibre entre la recherche de coûts maîtrisés et la résilience aux aléas de la chaîne d’approvisionnement.
L’industrie du futur, c’est dans votre entreprise qu’elle s’écrit ! Racontez-nous comment vous y participez.
La vocation de Sanofi est de trouver de nouvelles manières de soigner, mais aussi de prévenir certaines maladies, voire de les guérir totalement, ce qui est assez innovant. Pour cela, nous investissons dans des technologies différentes comme la thérapie cellulaire et la thérapie génique. Le développement de nouveaux médicaments passe aussi par l’intelligence artificielle… Nous sommes à l’aube d’un niveau d’innovation et d’accélération technologique sans précédent, car l’industrie de demain sera encore plus technologique (automatisation, IA, acquisition de données démultipliée…). Savoir garder un point de vue critique dans ce flux accéléré sera primordial pour les industries du futur. D’autant que cette accélération va s’accompagner de plus de complexité et d’interdépendance dans les métiers et les environnements de travail. Dans un tel contexte, les compétences interpersonnelles feront la force des entreprises pour créer du lien.
Vous évoluez depuis plus de six ans chez Sanofi, comment résumeriez-vous l’état d’esprit qui y règne ?
Ce qui m’a marqué en arrivant c’est que le patient est toujours au centre de toutes les actions et réflexions. Cette orientation patient est un pilier clé, profondément façonnant, de l’état d’esprit de Sanofi. Dans chaque projet, on se demande d’abord ce qu’il est bon de faire pour le patient. Cette ligne directrice fixe le cap et permet par ailleurs à chacun de bénéficier d’une certaine autonomie pour faire évoluer son organisation et accompagner la transformation de l’entreprise. Cette dimension d’intrapreneuriat et de valorisation de la prise de risque sont des valeurs importantes chez Sanofi, et ce à quoi un jeune diplômé doit s’attendre en nous rejoignant.
Les Arts et Métiers veulent former les leaders des industries responsables. Quelle est votre vision du leader de demain ?
Le leader de demain devra avoir pleinement conscience de l’univers dans lequel il évolue. Cela fait plusieurs années que nous sommes entrés dans un monde VUCA (volatilité, incertitude, complexité et ambiguïté) et cela est de plus en plus palpable. Le futur leader devra donc être capable de tracer une direction, à la fois pour lui mais aussi pour son équipe, tout en ayant la conviction qu’il peut avoir un impact et changer les choses, au-delà du vernis de premier niveau qui pourrait laisser penser au contraire que le monde nous échappe.
Gadzarts un jour, Gadzarts toujours ! Oui mais pourquoi ? Qu’est-ce qui reste encore ancré en vous des années après ?
Mon attachement à l’école, comme tous ceux qui ont suivi ce parcours je pense, est lié à deux éléments. D’une part, les traditions et la transmission de valeurs qui contribuent à nous construire et nous façonnent à vie. D’autre part, la vie à l’école qui constitue une formidable aventure humaine en soi, une opportunité de créer des liens et de se lancer dans des initiatives marquantes. Ce ciment se prolonge ensuite au-delà des études grâce à la communauté et aux groupes régionaux, et bien sûr par des amitiés indéfectibles.
Le saviez-vous ?
Dans l’industrie pharmaceutique, seul 1 développement clinique sur 10 arrive au bout du processus de R&D et sera finalement commercialisé.
Ma biaude
Ma biaude avait de nombreux pistons dessus, elle tenait debout toute seule… et ne sentait pas la rose. Mon mot d’Argatz préféré ? Fouille à quillon. Quand on reçoit cette biaude, je conseille de laisser tomber tous ses a priori et de profiter à fond de la formation humaine extra-scolaire que nous offre l’école.
Ingénieur dans l’AM
Cette école fait de nous des ingénieurs, mais avant tout des personnes ayant pleinement conscience de ce qu’elles peuvent développer, seules et avec les autres. Je suis relié à cette école par un fil à vie et je l’ai quittée, comme beaucoup, avec une larme à l’œil.
Contact : Arnaud.Dourlens@sanofi.com