Décarbonation, économie circulaire, biodiversité, le développement durable se vit à un train d’enfer au sein du Groupe SNCF ! Découvrez, avec Muriel Signouret (Sciences Po Aix 98), Directrice RSE, l’un des acteurs clés de la mobilité durable en France.
La SNCF a mis le turbo sur la durabilité. La preuve ?
Auparavant, nous avions une multitude d’axes et initiatives locales. Depuis 2020, nous en coordonnons l’ensemble et, pour la première fois en 2024, le groupe a publié son rapport de Durabilité. Notre stratégie est limpide : augmenter notre impact positif sur la société et les territoires et réduire notre empreinte environnementale. Sur ce deuxième volet, nous travaillons sur la décarbonation, sur l’économie circulaire et sur la biodiversité. En matière de décarbonisation, nous nous engageons à diminuer nos émissions de CO2 de 30 % sur nos activités de transport et de 50 % sur nos bâtiments d’ici à 2030 par rapport à 2015. Pour y parvenir, nous misons sur la sobriété énergétique. Si nous optimisions la conduite sur tous nos trains, par exemple, nous pourrions économiser l’équivalent de la consommation d’électricité de la ville de Besançon sur une année ! Autre levier de décarbonation : le remplacement de notre matériel roulant thermique par de l’électrique et des modes hybrides, comme le train à batterie ou à hydrogène. S’agissant de l’économie circulaire, 100 % de nos rails sont aujourd’hui recyclés ou réutilisés. Enfin, en matière de biodiversité, nous avons arrêté l’utilisation du glyphosate en 2021, avant même que la loi nous y oblige !
Concilier écologie et rentabilité c’est donc possible ?
Bien sûr : notre chiffre d’affaires s’élève à plus de 43 milliards et notre bénéfice à 1,6 Md€. Nous sommes un acteur majeur de la mobilité durable, sans lequel le secteur des transports, qui émet un tiers des émissions de gaz à effet de serre en France, ne pourra pas prendre le virage de la transition écologique. Le train représente en effet moins de 1 % des émissions pour une part de marché de 10 %. Notre objectif est de doubler notre part modale. Faire plus de trains, c’est moins de CO2, c’est bon pour la planète !
Quid des opportunités métiers dans la RSE ?
Il y a des métiers techniques liés à la RSE, comme l’analyse de la comptabilité carbone, l’ingénierie pour faire face à l’adaptation au changement climatique et tout ce qui relève de l’expertise en réglementation et en sécurité environnementales. Nous avons aussi des métiers plus stratégiques pour concevoir des politiques, veiller à leur déploiement et mesurer leur performance. Nous accueillons régulièrement des stagiaires et des alternants.
Dans ce cadre, quels sont les atouts des diplômés de Sciences Po ?
Ils ont cette capacité d’analyse et cette vision stratégique qui sont des compétences clés. Ils ont aussi une sensibilité à l’écosystème politique, à la société civile et aux leaders d’opinion beaucoup plus prononcée que d’autres profils d’étudiants.
Leur légitimité est-elle toujours aussi forte ?
Outre leurs compétences, les élèves de Sciences Po savent challenger et parfois bousculer l’ordre établi dans les grandes entreprises. C’est précieux dans un contexte où l’on ne prend pas toujours le temps de la réflexion en raison des urgences opérationnelles.
C’est pour cela que l’intérêt général et le service public sont des fils rouges de votre carrière ?
Absolument, que ce soit en tant que journaliste ou haut fonctionnaire, j’ai toujours eu à cœur de servir de grandes causes. Quand je suis sortie de l’ENA, j’ai choisi le ministère des Armées qui travaille à la défense de notre souveraineté. Quant à la SNCF, que j’ai rejoint en 2020, elle coche plusieurs cases des politiques publiques : l’innovation, l’écologie, l’aménagement des territoires et la réindustrialisation de la France, tout en étant au cœur de la vie des Français. Mon conseil ? Trouvez un métier et une entreprise qui ont du sens pour vous. Ce double sens, je l’ai trouvé au sein de la SNCF car c’est l’acteur de la mobilité durable et de l’écologie. Je fais un métier qui résonne avec mes convictions personnelles.
Sciences Po Aix
J’ai adoré cette fenêtre ouverte sur le monde et sur des problématiques dont on ne parlait pas forcément dans ma famille. Je me souviens des cours de Jocelyne Cesari sur le monde arabe, de Jean-Claude Ricci sur l’histoire des idées politiques, et de l’anthropologue Bruno Etienne qui nous poussait dans nos retranchements. J’ai gardé des liens d’amitié solides avec mes anciens camarades de promo qui sont aujourd’hui les parrains/marraines de mes enfants.
Contact : muriel.signouret@sncf.fr