Au début du 20è siècle, la science faisait rêver et inspirait. Elle était synonyme de progrès pour tous. Désormais, elle est au mieux désenchantée, au pire elle suscite la méfiance voire la défiance. Les discours de remise en cause émanant même des plus hautes sphères politiques à travers le monde. La communauté scientifique mondiale monte au créneau pour défendre des valeurs universelles et lutter contre l’obscurantisme en faisant progresser la connaissance.
Le 22 avril 2017, les chercheurs français se sont joints au mouvement mondial March for science, appelant à renforcer les liens entre science et citoyens. L’enjeu : « défendre l’indépendance et la liberté des sciences et de la recherche, la construction des savoirs face aux opinions et idéologies préconçues, affirmer la nécessité du dialogue entre sciences et sociétés, et exiger la prise en compte du travail scientifique dans les décisions politiques ».
Une certaine idée de la science au service de la société
Une manière de rappeler que la science n’est pas faite pour les scientifiques mais bien pour la société. La marche a été « l’occasion de se poser ensemble la question de la place des sciences dans la société et d’initier des actions de culture scientifique ». http://www.marchepourlessciences.fr/
Une tendance inquiétante à la remise en cause des faits scientifiques
La CPU a soutenu ce mouvement, soulignant « l’importance primordiale pour la société des méthodes scientifiques basées sur l’analyse rationnelle de faits vérifiables, plutôt que des opinions ou des croyances ». Car ce qu’observent les chercheurs américains à l’initiative de March for science, c’est que des mesures en matière de changement climatique ou de santé publique ont été prises sans être fondées sur des faits certifiés par le processus scientifique. Pire, certaines seraient prises délibérément contre des faits scientifiques. Les scientifiques observent une montée de la négation des faits, la propagation de fake news, et ainsi la construction d’un discours social fondé sur des prétendus faits qui menace directement la science.
Connaissance et progrès scientifique, socles des sociétés démocratiques
La défense de la science et de sa contribution indispensable au progrès des sociétés se traduit dans nos démocraties par l’accueil de scientifiques en exil, en danger dans leurs pays d’origine. Le MESRI annonçait ainsi en novembre que, depuis janvier 2017, 98 scientifiques et intellectuels en exil étaient accueillis dans un réseau de 50 établissements français et organismes de recherche.
Renforcer l’enseignement des sciences comme remparts contre le dogmatisme
La science est d’abord diffusée via l’enseignement. Elle est auprès des plus jeunes un vecteur des vocations scientifiques, mais surtout de curiosité et de compréhension des sciences et des progrès dont elles sont porteuses. La science apprend le doute, le questionnement, le fait qu’il n’existe pas de vérité absolue, la tolérance. L’esprit scientifique démontre ses savoirs. En introduisant le doute, l’erreur et la considération de la réalité, les sciences développent l’esprit critique. Elles sont en ce sens un rempart contre le dogmatisme et les intégrismes. Il apparaît néanmoins nécessaire de coupler l’esprit scientifique au questionnement éthique et philosophie pour fonder la démocratie.
La science apporte la liberté de la connaissance, la liberté du choix, mais ne dit pas quel doit être ce choix. C’est ce modèle que porte l’enseignement français.
Faire dialoguer sciences et société, l’exemple de l’UJM
L’université Jean Monnet Saint-Etienne s’investit particulièrement dans le dialogue université/société pour la diffusion de la culture scientifique, technique et industrielle. L’objectif : « jouer un rôle d’interface entre le grand public et le monde de la recherche pour un dialogue entre l’université et la société ».
Son université pour tous organise 150 conférences annuelles. Echanger et ouvrir sa réflexion, débattre, comprendre, apprendre, découvrir les axes d’enseignement et de recherche. Ces rencontres sont l’occasion de diffuser le savoir et d’engager le dialogue. L’UJM œuvre en partenariat avec tous les acteurs de la culture scientifique du territoire. Elle ouvre ses portes au grand public, reçoit des lycéens en quête d’orientation, implique ses étudiants dans la diffusion de la culture scientifique et forme ses doctorants à la vulgarisation de la recherche. Elle vient de lancer l’opération « Labo dans la ville » pour faire découvrir où sont et que font ses chercheurs.
« Ce qui me fait rêver, c’est de contribuer à l’exploration spatiale »