Jeremy Rifkin, prospectiviste américain, voit dans le tsunami technologique amené par l’Internet l’origine de transformations majeures de la société. Il définit une troisième révolution industrielle, avec apparition de nouveaux biens concurrençant et dépassant en importance les biens traditionnellement produits.
Cette révolution industrielle est portée par des agents eux-mêmes producteurs (cf produits numériques, production à partir d’ateliers de fabrication et d’imprimantes 3D…) ou gérants d’information et se caractérisant par une tendance à l’économie d’énergie (cf circuits courts et économie circulaire, économie de fonctionnalité, partage / mutualisation…).
SIMULTANÉMENT, LA RÉVOLUTION NUMÉRIQUE OUVRE LA PORTE À LA QUANTIFICATION DE NOTRE ENVIRONNEMENT
(objets connectés, modélisation 3D…), sur notre corps et sur notre comportement. La capacité à transformer en données revient à pouvoir tout connecter. La mobilisation de nos sens se transforme via des objets de la perception en langage mathématique sous forme de dimensions, volume, masse, poids, ondes, vitesse… offrant des capacités extraordinaires d’analyse et de prédiction. Ainsi, nous assistons à une réforme Copernicienne de l’énergie ou du bâtiment, replaçant l’humain, le consommateur au centre et ce, dans un contexte de ressources finies. Toutes les formes d’innovation permettant de renouveler l’expérience utilisateur et de répondre aux enjeux de performance globale (environnementale, sociale, économique) peuvent trouver leur place. Les bâtiments, les infrastructures urbaines, les moyens de transport doivent être « infrastructurés » pour accueillir ces nouveaux usages. Ils deviennent des plateformes de services. Si le numérique reste un moyen, cette révolution sous-tend des évolutions majeures dans les process et l’émergence d’une économie de la donnée à l’échelle des bâtiments et des territoires au service des citoyens et de l’efficience des services rendus, en particulier de la transition énergétique.
LE NUMÉRIQUE EST EFFECTIVEMENT UN MOYEN D’Y PARVENIR NOTAMMENT GRÂCE :
– Au BIM (Building Information Modelling), pour la création, la réalisation, l’usage et gestion des données des bâtiments, infrastructures et territoires
– A l’internet des objets qui permet de déployer une infrastructure numérique étendue
– Au Big data et aux plateformes de services, permettant de mesurer et vérifier les performances mais aussi, pour développer de nouveaux services On voit alors l’émergence croissante de métiers dans le domaine des Smart city, smart building, de l’énergie et du développement durable.
Dans ce contexte, les évolutions de compétences et des métiers des ingénieurs se développent dans une approche interdisciplinaire, prenant appui sur des outils numériques, des démarches de management orientées animation d’équipes et travail collaboratif en intégrant la « valeur de l’expérience client », la mobilisation de méthodes agiles de co-construction avec les utilisateurs et clients, de design et prototypage, d’innovation ouverte en prenant appui sur un écosystème de partenaires. Les ingénieurs doivent être à même d’anticiper, d’entreprendre et d’accompagner ces transformations et intégrer dans leur formation ces approches systémiques nécessaires à leur métier.
Par Marie-Françoise Guyonnaud Présidente,
Smart Use, Responsable Pédagogique MBA Smart city et management des éco-quartiers, Institut Léonard de Vinci