Oubliez tout de suite les clichés tirés du Loup de Wall Street ! Chez TotalEnergies, les traders de produits pétroliers conjuguent vision holistique, relationnel hors pair, agilité et réactivité pour faire évoluer avec succès ce business au cœur des enjeux géopolitiques et économiques mondiaux. Charles Clarke de Dromantin, General Manager Feedstock Trading Desk chez TotalEnergies trading & Shipping vous fait découvrir ce métier unique qui le faisait déjà vibrer sur les bancs de l’Ecole polytechnique.
En quoi consiste votre métier ?
Responsable d’une équipe de neuf traders répartis entre Genève, Singapour, Dubaï et Houston, j’ai pour mission d’optimiser et valoriser sur les marchés de l’énergie un type bien particulier de produits issus de raffineries : les feedstocks. Pour schématiser, ces produits sont fabriqués par certaines raffineries et consommés par d’autres, qui ont la capacité de les transformer en produits à plus forte valeur ajoutée. Les feedstocks peuvent aussi être, selon les conditions de marché, une alternative économique au pétrole brut. Cette activité nécessite ainsi de comprendre comment fonctionne le process de raffinage de A à Z, mais aussi le marché du pétrole brut, de l’essence et du gazole pour construire une balance d’offre et de demande, afin d’anticiper les flux. Et cela en prenant en compte les impératifs logistiques, de stockage et de sécurité inhérents à l’activité.
De fait, quelles sont les qualités qui font la différence chez un jeune trader aujourd’hui ?
La polyvalence, la hauteur de vue, la rapidité dans la réflexion et la décision sont des atouts indéniables. L’opiniâtreté, la capacité à prendre des risques et à convaincre une large palette d’interlocuteurs sont également indispensables dans ce métier où entre en jeu une certaine part de ruse stratégique. Sans oublier bien sûr, l’excellence opérationnelle et le travail d’équipe. Toutes ces qualités font du métier de trader en produits pétroliers un métier exigeant et sélectif.
Mais les X ont le profil pour relever le défi !
Être diplômé de l’X est en effet un très bon départ, d’autant plus lorsqu’on allie ses compétences techniques à une fibre commerciale. Mais attention, le trading de produits pétroliers n’est pas un savoir qui s’apprend en un ou deux mois sur les bancs de l’école. L’idéal est de débuter au poste d’opérateur, véritable assistant du trader qui va gérer, de jour comme de nuit, toute la logistique liée au transport des produits. Au trading, il faut également être prêt à voyager régulièrement pour nourrir sa compréhension du marché auprès de toutes ses parties prenantes. Ainsi, un jeune récemment recruté est parti voir des clients à Dubaï pendant cinq jours, avant de rejoindre Londres, puis Singapour l’année suivante. C’est un métier stimulant… mais qui n’est pas de tout repos.
Et vous, comment êtes-vous tombé dans la marmite feedstocks ?
Dans ma promo, j’étais un des seuls à vouloir faire du trading de matières premières, ce qui était loin d’être à la mode à l’époque, contrairement au conseil ou à la banque d’investissement. Et pour trouver un job dans ce secteur il y a 15 ans, pas de graduate programs comme aujourd’hui ! Il fallait décrocher son téléphone, activer son réseau et convaincre les gens de vous recevoir en entretien. C’est un métier passionnant, en prise directe avec les enjeux géopolitiques. C’est d’autant plus flagrant aujourd’hui, avec la guerre en Ukraine, les Houthis en Mer Rouge ou les élections américaines. J’avais quasiment accepté une offre dans un fond de private equity et j’ai bifurqué vers le trading de sucre, puis d’électricité et de gaz. J’ai rejoint Total à Genève en 2012 où j’ai fait mes preuves aux opérations. J’ai rapidement démontré ma valeur au sein de l’équipe et, huit mois plus tard, j’ai été recruté par un des traders sur le desk fuel & feedstock comme trader de produits dérivés. Après une expérience d’un an et demi à Singapour pour traiter le gazole, je suis revenu à Genève comme trader de feedstocks, puis suis devenu General Manager en 2022, en pleine guerre en Ukraine – un moment charnière pour mon marché.
Les Yeux Dans l’X05
Je me souviens d’avoir bu les paroles d’Alain Finkielkraut en me disant : quelle chance de pouvoir l’écouter dans un amphi. J’ai aussi de super souvenirs dans la section rugby. Mais l’expérience la plus forte je l’ai vécue grâce à l’obtention d’une bonne note de gueule durant mon service à Saint-Cyr. Je suis devenu porte-serviette d’un général en charge de la formation des lieutenants à l’école de l’infanterie. Un stage de six mois durant lequel j’ai essayé toutes les formations possibles et imaginables. Je suis parti à Djibouti dans un centre commando, j’ai fait du combat en zone urbaine avec l’armée allemande, j’ai suivi l’entraînement des chasseurs alpins et j’ai même fait un tour en Alpha Jet! Ces expériences m’ont donné une vision globale de l’armée de terre.
Au moment de choisir un job, faites toujours confiance à votre intuition…Bon anniversaire à la promo 2005 !