Si 38 % de la Gen Z se déclarent athée/sans religion, 52 % des Français se considèrent comme religieux (chiffres Statista 2024). En ce printemps riche en fêtes et en événements pour celles et ceux qui croient, quelle place la religion tient-elle aujourd’hui en entreprise ? Je suis croyant : est-ce que je peux en parler au bureau ? Réponse.
Aujourd’hui, de nombreuses entreprises reconnaissent que la spiritualité et la foi peuvent faire partie intégrante de l’identité de leurs collaborateurs. L’inclusion ne s’arrête pas à la diversité culturelle, générationnelle ou de genre : elle s’étend également aux convictions religieuses, dans le respect des règles de fonctionnement de chaque structure.
Liberté de religion et de conviction
Dans les services publics, la laïcité implique une neutralité religieuse de la part des agents dans l’exercice de leurs fonctions. En revanche, dans le secteur privé, c’est la liberté de religion et de conviction qui s’applique. « Il est parfaitement légal d’exprimer sa foi dans l’entreprise privée, y compris par des signes visibles, à condition que cela n’entrave pas l’organisation du travail, ni la sécurité ou l’image de l’entreprise » rappelle Lionel Honoré, directeur adjoint de l’IAE de Brest et auteur de Manager la religion au travail (Ed. Dunod). Si une entreprise souhaite instaurer une clause de neutralité, elle doit être fondée sur des critères objectifs et précis, tels que les interactions avec la clientèle ou les contraintes opérationnelles.
L’entreprise, espace d’expression de soi
Le monde du travail évolue : on ne demande plus aux collaborateurs de laisser une partie de leur identité à la porte. « Un salarié passe plus de temps au bureau que chez lui. Il est essentiel qu’il puisse être pleinement lui-même, y compris dans ses convictions » souligne le rabbin d’Arachon Éric-Meyer Aziza, fondateur de Metsouyane Consulting, un cabinet spécialisé dans le management du fait religieux. « Plutôt que de dissimuler ses pratiques, mieux vaut les exprimer. Il est courant qu’un salarié pose un jour de congé pour célébrer le début du Ramadan ou le Nouvel an juif. D’autant que souvent, il fait profiter ses collègues de spécialités culinaires après les fêtes ! »
Respect mutuel et œcuménisme
Exprimer sa foi dans l’entreprise serait-il devenu un non-sujet ? « La majorité des collaborateurs cherchent des compromis raisonnables, et tiennent compte des contraintes de l’entreprise » observe Lionel Honoré. Lectures, temps de prières, départ plus tôt pour cause de Shabbat le vendredi après-midi… on peut aujourd’hui en parler franchement à son boss, sans tourner autour du pot !
Former et accompagner
Le dernier baromètre du fait religieux en entreprise de l’Institut Montaigne (2024) indique d’ailleurs que plus de 70 % des salariés déclarent observer des situations liées à la religion dans leur environnement professionnel. « Cela montre l’importance de former les managers et les RH à cette question afin de leur donner les bons outils de dialogue », insiste Lionel Honoré. Même écho du côté d’Éric-Meyer Aziza : « un salarié qui peut vivre sa foi sans devoir la cacher est généralement plus épanoui et plus engagé dans son travail. » Spiritualité et efficacité, le nouveau crédo des entreprises florissantes ?
>>>> Besoin de plus de tips pour votre carrière ? Ça se passe ici !