En 2014, l’Apec.fr mentionnait une hausse de 16 % des offres ouvertes aux jeunes diplômés par rapport à 2013. Les fonctions bancaires et financières échappent-elles à la précarisation croissante du marché de l’emploi ? Trois acteurs du marché témoignent et décryptent l’évolution de ce secteur.
ALEXANDRE RAVERDY, étudiant en double diplôme Master in Management – Master Analyse Financière Internationale, SKEMA Business School – Campus Lille
Tu es le créateur de « New Trading », une entreprise lancée en 2013 permettant de découvrir le Trading – la vente ou l’achat de devises et d’actifs financiers – par le biais de tutoriaux et d’articles documentaires. Comment cette passion pour la finance est-elle née ?
Dès le Bac, je savais que je voulais travailler dans ce secteur. Je me reconnais dans les capacités d’analyse, de rigueur et de réflexion nécessaires pour progresser dans la finance. Une fois mon diplôme d’école de commerce obtenu, j’envisage de travailler dans une banque d’investissement et dans « l’Equity Research », c’est-à-dire de conseiller des investisseurs institutionnels quant aux actions à vendre, conserver ou acheter dans un portefeuille.
Après avoir occupé le poste d’analyste crédit à la Banque de France, quels conseils adresserais- tu aux étudiants qui envisagent de se lancer dans cette voie ?
Au-delà des qualités déterminantes que sont la rigueur et l’adaptabilité, vous devez impérativement développer vos qualités relationnelles ! Par exemple, les banques de détail qui recrutent aujourd’hui ne recherchent pas seulement des profils financiers mais aussi des commerciaux à des postes de conseillers clientèle ou de chargés d’affaires. Ces derniers doivent se montrer disponibles et compréhensifs vis-à-vis de leurs clients. La sociabilité et la passion pour le domaine financier sont des critères déterminants qui vous permettront de personnaliser votre candidature et de vous démarquer dans un processus de recrutement.
ANTOINE DE VÉRICOURT, directeur risque et finance au sein du Cabinet TNP Consultants
Vous soulignez que face à la concurrence mondiale sur le marché de l’emploi, les enjeux et besoins du secteur financier sont en pleine transformation. Quelles sont aujourd’hui les fonctions d’avenir susceptibles de recruter des jeunes diplômés ?
Les fonctions de réglementation bancaire et de gestion des risques sont aujourd’hui porteuses d’emploi pour les jeunes diplômés. Suite à la crise économique, la multiplication des contrôles régionaux et nationaux dans la gestion des liquidités contraint les banques à investir dans des moyens techniques et humains pour se conformer à ces réglementations. Ces aspects stratégiques sont au coeur de la réflexion des établissements financiers pour se distinguer et survivre dans leur environnement concurrentiel. Les missions liées au CRM (Customer Relationship Management) sont également en pleine expansion dans le secteur financier ! Cette dynamique est liée à la dématérialisation de la relation client qu’il faut réinventer via l’essor du digital et des nouvelles technologies.
Quelles sont les clés de la réussite pour un jeune actif se dirigeant vers une profession financière ?
Un jeune actif qui maîtrise l’anglais part avec un avantage considérable sur ses concurrents ! À l’heure de l’ouverture internationale, nos métiers impliquent de négocier en langue étrangère avec des collaborateurs à Singapour ou à New York par exemple. Les recruteurs sont friands de candidats disposant de solides compétences linguistiques et analytiques. Dans un environnement professionnel en constante évolution, les jeunes diplômés doivent non seulement développer une expertise mais aussi une solide culture générale. Cette ouverture d’esprit leur permet de s’adapter aux transformations continues des entreprises. Les étudiants ne doivent surtout pas négliger leurs stages en entreprise ! À travers ces expériences, ils établissent les bases de leur parcours professionnel et testent différentes fonctions. Dans le secteur financier comme ailleurs, les stages sont à la croisée de la formation académique et de la réalité professionnelle. Si les étudiants s’impliquent et se remettent en question pour s’améliorer, ils comprendront mieux leur environnement de travail et maximiseront leur employabilité.
JOËL NADJAR, managing partner – Global Financial Services Worldwide Lead au sein du Cabinet Kurt Salmon
La crise économique et ses effets sur les entreprises comme sur les particuliers ont exacerbé une défiance vis-à-vis des banques. Quelles sont les conséquences de ce phénomène pour le domaine financier ?
Nous vivons une période charnière où les banques ont à coeur de renforcer leur image d’acteurs stratégiques dans l’économie réelle, à la fois responsables et proches de leurs clients. Cette situation se traduit par une transformation des métiers de la banque parallèlement à l’essor du digital, au renforcement de « best practices » pour se distinguer des concurrents et à la recherche de taille critique par fusion d’établissements ou extension géographique. Chez Kurt Salmon, nous insistons sur l’importance de cette évolution des métiers et sur celle de l’accompagnement humain en conseillant les organismes financiers dans la conduite du changement.
Vous soulignez que « la banque de demain sera technologique et relationnelle. » Quelles compétences les jeunes diplômés doivent-ils développer s’ils souhaitent poursuivre leur carrière dans ce secteur en constante mutation ?
Ils doivent cultiver un état d’esprit basé sur l’anticipation du changement pour faire face aux évolutions conjoncturelles. Notre environnement économique et professionnel repose de plus en plus sur l’incertitude et le temporaire. La flexibilité et l’adaptabilité sont des facteurs clés pour s’insérer durablement sur le marché du travail. Comprendre l’importance des processus réglementaires et de la relation client pour une banque permet à un diplômé de disposer d’un cran d’avance sur ses concurrents. Les recruteurs recherchent de futurs collaborateurs qui, au-delà de leurs compétences financières, ont conscience que la fonction bancaire est liée à une réflexion marketing ou même sociologique pour mieux répondre aux besoins des clients. Forts de cette culture générale, les jeunes actifs seront plus à même d’aborder les défis de demain !
Sources : apec.fr • lesechos-events.fr
Jean Baptiste Najman