Metaverse et cryptomonnaie. Avant l’annonce du changement de nom du groupe Facebook en « Meta » fin 2021, ce terme semblait plus sorti de la culture cyberpunk que du monde du business. Le battage médiatique produit depuis, alterne entre enthousiasme et méfiance. Alors ? Fiction d’Anticipation bientôt oubliée ou signe annonciateur d’un nouvel Internet ? La réponse est simple : Il ne s’agit pas d’une mode.
La révolution internet est en marche
Le metaverse peut être considéré comme un Internet 3D, où les espaces virtuels imitent les expériences spatiales du monde réel. Le terme « metaverse » provient du roman de Neal Stephenson, Snow Crash, publié en 1992. Depuis lors, des plateformes comme Second Life (depuis 2003), MineCraft (depuis 2009) et Fortnite (depuis 2017) en illustrent les premiers exemples. Pourtant, alors que Fortnite a annoncé près de 350 millions de comptes de joueurs pendant le confinement de 2020, il n’y aurait aujourd’hui qu’entre 2 à 4 millions de connexions quotidiennes (playercounter.com). Ce nombre peine à revendiquer le titre d’une adoption massive mondiale. Pour autant, l’intérêt marqué pour le metaverse par les géants Google, Microsoft ou Meta, qui n’hésitent pas à débaucher les talents du domaine, ouvre une nouvelle ère. Avec le nombre d’utilisateurs actifs quotidiens de Facebook (Meta Platforms) qui approche les 2 milliards de personnes sur l’ensemble de ses applications (notamment : Instagram, WhatsApp et Messenger), une stratégie entièrement ciblée sur le metaverse laisse présager une véritable adoption de masse, à commencer par le divertissement et les réseaux sociaux avant de s’infiltrer dans les milieux professionnels.
La cryptomonnaie dans le metaverse offrira un commerce plus équitable
La grande révolution s’annonce avec les metaverses décentralisés autour des cryptomonnaies et des NFTs. Avec l’avènement de la blockchain, les metaverses décentralisés ne s’empareront plus des données personnelles des utilisateurs. Ils offriront un commerce plus équitable. Contrairement aux modèles commerciaux de Facebook et de Google qui s’appuient sur l’exploitation des données personnelles pour générer des revenus et réalisent des bénéfices en facturant des frais, les metaverses décentralisés fonctionnent sur la blockchain, remplaçant l’entreprise classique par un protocole automatisé. Decentraland et SandBox, les deux plus grands metaverses décentralisés aujourd’hui, permettent aux participants de gagner de l’argent sur leurs plateformes grâce aux cryptomonnaies et aux NFTs en achetant des terrains dans le metaverse, en créant des actifs virtuels et en jouant à des jeux. Les prix des terrains dans Sandbox ont augmenté de façon exponentielle depuis l’été 2021 et les biens acquis dans le jeu tels qu’un yacht virtuel se sont vendus jusqu’à 650 000 $. De grandes marques comme Nike, Adidas, Louis Vuitton ou Warner Music ont déjà lancé de grands projets sur ces plateformes.
D’un e-commerce statique vers un e-commerce dynamique
Le commerce électronique sur le metaverse décentralisé passera de l’expérience statique 2D actuelle à une expérience dynamique 3D. Sans la complexité des passerelles de paiement, les cryptomonnaies permettent des achats simplifiés et instantanés. Dans le metaverse, les joueurs peuvent voir et acheter des objets sans interrompre le flux de l’expérience de jeu. Les magasins virtualisés n’auront pas besoin d’un système de paiement encombrant car les achats peuvent être effectués en quelques clics d’approbation à partir du portefeuille d’un individu. Le commerce électronique dynamique, où les joueurs peuvent dépenser et gagner grâce à la gamification dans un environnement virtuel en 3D, influencera inévitablement la culture, la mode et le commerce dans le monde physique réel.
Avec plus de 1 000 projets de metaverses en prévision pour 2022 selon coinmarketcap, la bulle est déjà prête à exploser comme la bulle Internet au début des années 2000, avec beaucoup d’échecs pour peu de réussites. Parmi les décombres, les projets forts animeront un secteur estimé à générer 1 trillion de dollars de revenus annuels au cours des 10 prochaines années selon Grayscale. Puisque nous n’en sommes encore qu’aux tous premiers stades, les metaverses d’aujourd’hui ne seront peut-être pas les metaverses de demain mais une chose est certaine, ce n’est que le début.
L’auteur est Won KIM, Ph.D., ESCE, Paris, Professeur, Responsable de spécialisation International Digital Marketing, wkim@esce.fr