Giovanni Peloni, (X 05), Directeur délégué de la centrale de Nogent-sur-Seine chez EDF

L’innovation : le ticket d’entrée des X au cœur du réacteur d’EDF – L’interview de Giovanni Peloni

Vous avez la gagne et le désir d’innover ? Faites carrière dans une industrie bas carbone qui fait des ponts d’or aux X ! Bénéficiez d’un système d’accompagnement inédit qui vous fait gravir les échelons d’un fleuron de l’industrie française. À l’instar de Giovanni Peloni, (X 05), Directeur délégué de la centrale de Nogent-sur-Seine chez EDF.

Quelles sont les innovations majeures que vous avez impulsées à la centrale de Nogent-sur-Seine ?

Je suis en cours de dépose d’un brevet sur le pilotage du réacteur nucléaire. Nous sommes la première centrale au monde à avoir utilisé l’intelligence artificielle pour préparer les activités de l’arrêt du réacteur. Ces arrêts permettent de changer le combustible d’uranium et de faire la maintenance nécessaire. Ils sont décomposés en trois phases : la mise à l’arrêt jusqu’au déchargement du combustible, la deuxième de maintenance intense et une troisième de rechargement, d’essais et de redémarrage jusqu’à la reconnexion électrique au réseau français. Pour la première phase, au lieu de mettre 8 jours, nous avons battu un record historique en n’en faisant que 5,8 en se rapprochant des résultats chinois. Sachant qu’une journée de production gagnée vaut en moyenne entre un et cinq millions d’euros, c’est une belle réussite ! Notre objectif avec l’IA est d’optimiser nos activités et de simplifier les procédures. Ainsi nos collaborateurs peuvent se concentrer sur les activités qui demandent vraiment de l’intelligence humaine. Cette quête d’innovation demande du temps de cerveau disponible, mais c’est passionnant.

Quelles sont les opportunités métiers pour les X ?

Il y a deux types de voies d’accès dans une centrale nucléaire : les postes en exploitation qui nécessitent de faire les 3×8 et l’autre, celle que j’ai choisie, dans les arrêts de tranche ou dans les métiers de maintenance. C’est un métier où les défis sont nombreux puisqu’il faut faire mieux que ce qu’on a pu faire par le passé. On peut se diriger ensuite vers des postes de management d’équipe jusqu’à ma fonction actuelle. Les élèves de l’X sont très vite repérés s’ils montrent leur potentiel et passent des évaluations ou assessment junior. Une fois réussies, ils bénéficient d’un programme d’accompagnement et de perfectionnement avec des formations, ou des expériences à l’étranger pendant un ou deux ans avant de prendre un poste de dirigeant. Ensuite, ils pourront passer l’assessment senior, que je viens d’ailleurs de réussir. C’est le ticket d’entrée dans le vivier des dirigeants d’EDF. Dès lors, les débouchés sont innombrables : directeur de centrale, d’une filiale ou responsable de la stratégie du groupe.

Comment s’y prépare-t-on ?

L’assessment évalue les soft skills et non la technique. Le meilleur conseil ? Se connaître le mieux possible. Pendant deux jours, on est examiné sous toutes les coutures avec des mises en situation. On se retrouve dans la peau d’un directeur général qui doit présenter un business plan, faire les entretiens de motivation ou simuler des exercices collectifs. D’où l’importance de savoir quelles sont ses forces et ses limites.

Le leadership pour vous c’était une évidence ?

Si vous n’avez pas un embryon de leadership quelque part en vous, ça ne marche pas. Après, il faut travailler pour faire grandir cet embryon. Lors de mes premiers postes de management, j’ai découvert cette appétence qu’il a fallu développer et j’ai senti une forte connexion avec les équipes. Cela s’est confirmé au fil du temps grâce à notre baromètre annuel de satisfaction MyEDF qui montait à chaque poste que je prenais !

Vos boosteurs au quotidien ?

L’innovation et l’amour de la technique. C’est compliqué d’être le chef d’une centrale nucléaire sans avoir de la légitimité technique. D’où l’importance d’être curieux et sur le terrain pour comprendre comme les équipes travaillent. On ne doit jamais s’arrêter d’apprendre.

#LesYeuxDansl’X05

Grâce à cette formation, je sais identifier les problèmes et trouver les bonnes solutions. À l’X on peut venir aux examens avec tous les livres nécessaires, à l’inverse de Polytechnique Milan que j’avais fait avant et où aucune note n’est tolérée. Le système français prépare mieux au monde du travail et stimule l’innovation. J’ai eu la chance d’être le seul Italien à l’X ce qui m’a permis de m’intégrer plus vite. J’ai commencé les cours en avril 2006 et le 9 juillet c’était la finale de la Coupe du Monde de football avec France-Italie. J’ai commencé à regarder le match au café le BôBar. Et au fur et à mesure de la déconvenue française, les étudiants me lançaient : « Tu vas finir dans le lac ! ». Je suis donc rentré dans ma chambre et j’ai fini la finale tout seul, mais au sec !

Contact : giovanni.peloni@edf.fr