ALORS QUE L’OUVERTURE À L’INTERNATIONAL EST DEVENUE UN CRITÈRE CLÉ DE RÉUSSITE DES ENTREPRISES, LA DFCG (ASSOCIATION DES DIRECTEURS FINANCIERS ET DE CONTRÔLE DE GESTION) A LOGIQUEMENT CHOISI L’EUROPE COMME THÈME DE SA DERNIÈRE UNIVERSITÉ D’ÉTÉ. DÉCRYPTAGE AVEC PASCAL BAUDIER, MEMBRE DU BUREAU DE LA DFCG ET DIRECTEUR FINANCIER EUROPE DE SSI.
Pourquoi la DFCG considère-telle que « L’Europe est au coeur des préoccupations des directeurs financiers » ?
Tout simplement parce qu’aujourd’hui, la situation économique des entreprises françaises est telle qu’elles sont en compétition avec l’ensemble des acteurs européens, quel que soit leur secteur d’activité. Il faut bien se rendre compte qu’un fabricant de meubles lituanien peut maintenant vendre ses produits librement à l’intérieur de l’Espace Schengen. Toute société doit donc considérer ce marché européen de 350 millions d’individus comme son marché natif : c’est désormais la plus petite entité à laquelle doit se référer un directeur financier ou un chef d’entreprise. A eux de mettre en place la démarche structurée la plus appropriée (création de filiale, rachat, joint-venture…), d’autant que les barrières à l’entrée sont aujourd’hui très faibles, et les aides de la BPI nombreuses.
Quels sont les impacts de cette vision pan-européenne sur le quotidien du Directeur financier ?
Tout d’abord, anticiper que les stratégies d’optimisation fiscales sont amenées à disparaître car les fiscalités s’harmonisent peu à peu en Europe. Ensuite, cela implique d’avoir une très bonne connaissance des différentes législations : c’est en travaillant sur le marché européen que l’on découvre la complexité des spécificités juridiques nationales. Il y a une seule monnaie, mais on est encore loin de l’uniformisation juridique et sociale, ne serait-ce que sur la question des recouvrements de créances. Il est donc nécessaire d’avoir recours à des agents locaux et de sous-traiter ces questions. En revanche, pour tout ce qui est comptabilité et gestion des ressources humaines, on peut trouver des prestataires de services globaux, comme KPMG ou EY, qui assistent facilement les entreprises pour la production de comptes locaux et qui jouent le rôle d’interface avec l’administration locale (pas toujours bilingue) pour tous les services relatifs aux taxes, à la finance ou à la paye…
« Ne pas rentrer aujourd’hui sur le marché européen, c’est se faire distancer par des concurrents locaux pour qui l’Europe est devenu leur terrain de chasse »
Et en termes d’infrastructures systèmes ?
Le fait d’avoir des clients globaux oblige à dématérialiser le traitement comptable des documents. Il est inimaginable aujourd’hui d’envoyer des factures ou des commandes par courrier ou même par fax ! Cela implique des changements dans l’organisation des entreprises, qui ne doivent plus avoir des équipes comptables dans chaque pays mais une équipe unique regroupée au sein d’un centre de services partagés. Cela exige un serveur comptable global, ainsi qu’un système ERP intégrant l’ensemble des entités juridiques du groupe. L’importance de normes comptables harmonisées, comme les normes IFRS, prend ici tout son sens.
Qu’en est-il du recrutement ?
Là aussi il faut avoir une vision globale du marché de l’emploi européen et ne plus chercher les talents seulement en France. Les formations sont par exemple excellentes dans les pays de l’Est, notamment en ingénierie et en robotique. Les candidats de ces pays ont bien compris que les entreprises qui embauchent sont majoritairement occidentales, et ils mettent donc l’accent sur les langues, la plupart en parlent deux ou trois. Les bons candidats doivent être capables de remonter leurs manches et de s’immerger pour s’adapter n’importe où. Et comme certains pays ont mis en place des systèmes d’aides à l’installation, proportionnelles au nombre de collaborateurs recrutés (la Serbie, la Hongrie, la Roumanie…), les entreprises Françaises sont incitées à créer des entités délocalisées et à embaucher sur place…
AN