Le secteur de l’aérospatial offre aux jeunes femmes de talent des métiers passionnants ancrés dans les enjeux environnementaux d’aujourd’hui et de demain. La preuve avec Caroline Laurent (X 82, ISAE Supaéro 87), Directrice des Systèmes Orbitaux et des Applications au CNES.
« Dans le monde aérospatial français, il y a vraiment trop peu de femmes, constate Caroline Laurent. C’est dommage parce que la diversité sous toutes ses formes est toujours une richesse. Un monde trop masculin finit par être un peu plus étriqué. Les jeunes femmes de talent peuvent apporter autre chose : une sensibilité différente, une vision plus originale, une pensée un peu moins rationnelle et du coup, plus de créativité ! Plus de rêves aussi car le spatial au CNES, c’est aller vers de l’exploration, vers de nouvelles planètes ou galaxies. »
Ces mots techniques qui ne font pas toujours rêver
Pour expliquer le manque d’attractivité pour les femmes des carrières technologiques et scientifiques, Caroline Laurent estime que les mots « technique », « technologique » et « ingénieur » ne font pas rêver les jeunes filles. « Ils renvoient à une rationalité excessive, à une impression d’étroitesse ou même de tunnel par rapport à des domaines plus créatifs, directement tournés vers l’humain et le vivant. Il me semble aussi que les femmes aiment moins être mises en compétition alors que le système de prépa des écoles d’ingénieurs en France reste très compétitif. »
Oui à la discrimination positive !
Afin de conforter les femmes dans l’idée qu’on puisse avoir un leadership différent, le CNES a lancé cette année une opération « Leadership au féminin ». De son côté Caroline Laurent, membre du Comité Exécutif du CNES, sensibilise aussi ses collaborateurs masculins au fait que les femmes ont un positionnement différent qui ne les pousse pas naturellement à être candidates. « Nous allons les chercher à chaque fois qu’il y a un poste ouvert, les accompagner avec bienveillance, les encourager pour, parfois, les convaincre qu’elles vont y arriver ! »
Des astuces pour prendre son envol
Pour lutter contre le « syndrome de l’imposteur », ressenti récemment en intégrant la prestigieuse Académie des technologies, notre Polytechnicienne pilote d’avion donne trois astuces aux jeunes ingénieures pour prendre leur envol. « D’abord, savoir que ce syndrome existe et est très répandu. Se dire ensuite qu’on est plus légitime qu’on ne le pense (sinon, on ne vous aurait pas proposé le poste !). Et enfin, se demander qui pourrait faire mieux dans son entourage pour réaliser qu’il n’y a sans doute personne. Je me suis arrêtée quatre ans pour m’occuper de mes enfants à la naissance du quatrième. Lorsque je suis ensuite revenue au travail, sollicitée par mon mentor qui m’a proposé à 35 ans un très beau poste à la DGA comme Directrice de programme. J’ai accepté. C’est un moment clé de ma carrière, un virage très stimulant, alors que j’avais cinq enfants de 0 à 10 ans, qui montre bien qu’on peut tout faire ! »
Quand avez-vous eu le sentiment d’être « une première » ?
« Lorsque j’ai été nommée, fin 2014, deuxième femme quatre étoiles au ministère des Armées, juste après Monique Legrand-Larroche. J’avais un peu l’impression d’être première ex aequo ! Comme Directrice de la stratégie de la DGA, j’étais alors souvent la seule femme européenne représentante du monde de l’armement au sein d’instances comme l’AED et l’OTAN. »
# JobBoard Le projet en orbite qui donne envie de vous rejoindre
« Le projet Swot (Surface Water and Ocean Topography), un satellite que nous lançons en décembre avec la Nasa. Il est porteur d’innovations technologiques sans précédent qui ouvrent des perspectives révolutionnaires de mesure de hauteur d’eau sur les océans, les surfaces continentales et les conséquences du changement climatique. »
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