Seconde femme à prendre la tête de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne après Hélène Ahrweiler en 1976, Christine Neau-Leduc succède à Georges Haddad et à l’administration provisoire qui assurait la gestion de l’établissement depuis le 2 septembre 2020. Interview.
Qu’est-ce qui vous a poussée à vous porter candidate à la présidence de l’Université ?
Un attachement profond à cette université qui m’a accueillie. C’est une très belle maison, une référence (notamment pour les juristes dont je fais partie) et être élue par mes pairs à sa tête a été un véritable honneur. Attachée à sa liberté académique et à l’originalité de ses formations, Paris 1 est une université qui se démarque par son caractère innovant. Nous avons par exemple lancé il y a 30 ans un institut dédié au développement durable, bien avant que ce sujet soit à la mode. Tout cela me donne chaque jour envie de m’investir pour permettre à l’Université de continuer à être la grande maison qu’elle est.
Devenir présidente d’université en pleine crise Covid : challenging ?
Si gérer la crise est bien sûr un challenge de taille, le fait d’avoir débuté mon mandat en janvier, alors que le second semestre avait commencé, l’a été tout autant. Mais nous avons décidé d’aborder les éventuels changements avec sérénité. Car si la crise nous a prouvé l’extrême résilience de l’Université alors qu’elle était projetée dans l’inconnu, il est crucial aujourd’hui de permettre aux collègues, enseignants et étudiants qui ont tenu le coup, de pouvoir désormais se projeter sur un temps long.
Que souhaitez-vous apporter à Paris 1 ?
De la sérénité et du dialogue pour poursuivre les grands projets enclenchés par l’Université. Je pense bien sûr à Una Europa, au Campus Condorcet et à Sorbonne Alliance, que je vois comme les trois piliers stratégiques de Paris 1 pour les prochaines années. Una Europa répond en effet à des enjeux fondamentaux de l’Université : le développement de l’enseignement supérieur avec des universités partenaires et la volonté politique d’affirmer son ancrage européen.
Vous voyez donc l’avenir de Paris 1 comme résolument collectif ?
Absolument. Car notre rayonnement se conçoit aujourd’hui au niveau européen et au niveau mondial, dans la coopération et l’échange avec d’autres universités et partenaires, quels que soient leurs statuts. Pour appréhender le changement d’échelle que vit l’enseignement supérieur, certains ont fait le choix de la fusion. Nous avons préféré opter pour un modèle collaboratif très structurant et tout aussi transformant sur la durée. Une stratégie qui fait pleinement écho à l’ADN de Paris 1, une université très ouverte par nature.
>>>> Pour aller plus loin – L’alternance, elle y croit ! « Mon mémoire à la Sorbonne portait sur les vertus de l’alternance. Après avoir souffert d’une mauvaise image, elle est aujourd’hui reconnue comme un moyen efficace d’insertion professionnelle mais aussi d’orientation. Tous les deux ans, je recrute des alternants en RH et je leur fais systématiquement découvrir l’ensemble des facettes du métier, pour les aider à se positionner ». Vous êtes tenté par l’alternance : tentez l’expérience Accor ! Le témoignage de Delphine Dupré (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne 04), Directrice L&D Corporate d’Accor
Les gros dossiers qui ne quitteront pas votre bureau cette année ?
D’abord, l’amélioration de notre fonctionnement interne au service d’une plus grande qualité de vie au travail et dans les études. Le chantier du PIA4 ensuite, qui répond à notre volonté d’être plus réactifs dans la réponse à ce type d’appel à projet (pour lequel nous avons construit une réponse en 2 mois !). Je pense aussi aux liens avec l’IAE Paris Sorbonne Business School, à conforter en concertation avec l’Ecole de management de la Sorbonne.
Les universités ont toute leur place pour être / booster des écosystèmes d’innovation : qu’en pensez-vous ?
Bien sûr : car l’innovation nait dans les universités ! Cela se manifeste sans doute plus facilement dans les universités spécialisées en sciences de la vie ou en sciences appliquées, mais cela se vérifie aussi pleinement dans les universités de SHS comme la nôtre. A la manière d’un think tank, nous avons pleinement un rôle à jouer dans la société. Un rôle de partage de nos connaissances et de nos expertises avec et pour les décideurs, afin de contribuer de façon concrète aux grands débats de société.
>>>> Pour aller plus loin – Saviez-vous qu’à côté des grands labos pharmaceutiques œuvre depuis trois générations le laboratoire italien Chiesi ? Une société à mission familiale, indépendante et engagée, qui laisse s’exprimer les talents, comme l’explique Corinne David (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne 04), DRH de Chiesi, dans son interview.