Les ingénieurs possèdent des atouts uniques et très recherchés dans les métiers de la finance. Comment sont-ils formés et préparés aux nouveaux enjeux d’un secteur en pleine mutation ? Explications de Cyril Grunspan, responsable du département d’ingénierie financière au sein de l’ESILV et de Jean-David Fermanian, co-responsable de la voie « finance et gestion des risques » au sein de l’ENSAE ParisTech.
L’ingénierie financière est un domaine très porteur pour les élèves-ingénieurs. Les mondes de la finance, de l’assurance et l’économie en générale ont plus que jamais besoin des ingénieurs. Ils peuvent en particulier exercer leurs compétences dans des domaines pointus comme les FinTech ou les statistiques. Avec l’arrivée de mutations technologies, l’univers de la finance et de la banque connaît de grands bouleversements. Les ingénieurs ont leur place au sein de cet univers, comme l’explique Cyril Grunspan : « dans ses programmes, l’ESILV prend en compte les nouveaux enjeux de la finance auxquels les ingénieurs ont vocation à répondre. Nous proposons un parcours en finance plus riche, avec une option finance de marché, une option FinTech et une option actuariat pour ouvrir les portes de l’assurance, un secteur en pleine ébullition. » Cette évolution rapide de l’ingénierie financière est très attractive aux yeux des élèves-ingénieurs de l’ESILV. Ils sont 40 % à choisir le parcours finance en 3è année. À l’ENSAE ParisTech, l’accent est mis sur la modélisation statistique et économétrique. « C’est la valeur-ajoutée de la formation que nous offrons depuis des décennies à nos étudiants. Notre école forme des spécialistes de la modélisation pour les besoins de l’économie au sens large, pour les sciences sociales, les secteurs de la finance, de l’assurance, etc. Nous sommes reconnus en France et à l’étranger pour la haute technicité des experts que nous formons. Ils maîtrisent les théories, les outils et les techniques et sont également capables de comprendre leur environnement et ses enjeux, d’évoluer et de s’adapter. » La filière ingénierie financière recrute des profils d’étudiants très divers : classes prépa scientifiques, khâgnes S polyvalents en lettres et en sciences, diplômés d’HEC.
Faire face aux ruptures technologiques
L’arrivée des FinTech, d’innovations comme la blockchain ou les monnaies numériques, sont autant de ruptures technologiques qui légitiment la présence des ingénieurs dans les métiers de la finance. « Les secteurs de la finance et de l’assurance font appel aux ingénieurs pour intégrer ces transformations dans leurs activités. Pour cela ils mettent en œuvre leurs compétences en mathématiques, statistique et informatique », commente Jean-David Fermanian.
Les ingénieurs au service des transactions financières
Dans la finance, l’intérêt premier des technologies développées par des ingénieurs est de pouvoir se passer d’intermédiaire pour créer de la valeur, selon Cyril Grunspan. « Des technologies comme la blockchain permettent de se passer de tiers de confiance et de transférer de l’argent de pair à pair sans que personne ne soit témoin de cette transaction. C’est une révolution dans l’histoire de la finance et de la monnaie. Ce n’est pas la seule utilisation possible, mais celle-ci est marquante. »
Quelles compétences pour les ingénieurs du monde de la finance ?
À l’ESILV, l’accent est mis sur le développement informatique : « pour coder des transactions financières de plus en plus sophistiquées, nos étudiants apprennent le développement web, le développement blockchain et de smart contracts, la cryptographie, les technologies liées aux monnaies virtuelles type bitcoin. » À l’ENSAE ParisTech, les étudiants sont reconnus pour leurs capacités à construire, estimer, valider et implémenter des modèles. « Nos diplômés savent gérer les aléas du domaine financier et sont spécialistes en probabilités, en data science et en finance quantitative. Ils savent résoudre un problème en construisant un modèle pour évaluer les risques inhérents à certaines activités. L’ADN de l’ENSAE ParisTech, c’est la statistique, l’économétrie et la modélisation. »
Les FinTech, nouveau débouché pour les ingénieurs
Pour Jean-David Fermanian, la FinTech est un domaine porteur. « Les startups technologiques de la finance sont un nouveau débouché pour nos étudiants. Ces petites structures les attirent particulièrement car elles sont très agiles et les amènent à travailler sur des technologies de pointe comme le cryptage ou à développer des outils financiers innovants pour leurs clients. » Cyril Grunspan incite ses étudiants à réaliser des stages dans les FinTech, « car elles sont à la pointe de l’innovation dans les technologies, elles proposent des solutions de paiement très adaptées. Ils ont beaucoup à y apprendre mais les recrutements restent encore limités dans ce secteur qui peine à financer sa croissance. » A long terme, le professeur Grunspan anticipe que les grandes banques ne « seront plus que des coffres forts et des bases de données. Les FinTech prendront le dessus avec des offres de services financiers innovants. »
« L’ingénierie financière fait appel à mes deux passions : les mathématiques et l’informatique »
Guillaume Evrat est étudiant en dernière année en finance et ingénierie quantitative à l’ECE Paris. Il nous explique pourquoi il a choisi de s’orienter vers cette spécialité du métier d’ingénieur. Pourquoi t’être orienté vers l’ingénierie financière ? J’ai opté pour cette filière, car c’est celle qui propose le plus de mathématiques et d’informatique, deux matières qui me passionnent. Les métiers de la finance m’intéressent justement car ils font appel à ces deux disciplines. Quelles sont les compétences que tu peux mettre en avant sur le marché du travail ? Avec cette formation, j’ai une double compétence aussi bien dans les mathématiques que l’informatique. Au-delà de la technique, je suis capable d’utiliser le langage informatique. Actuellement en stage, je fais beaucoup de développement sur les technologies blockchain. Ces technologies très porteuses permettent de nombreux cas d’usages comme enlever une autorité centrale ou réduire les coûts sur les transactions. Ce sont des technologies utiles, innovantes et que l’on va me demander de maîtriser sur le marché du travail. Le directeur de la majeure ingénierie financière, M. Pham-Hi, incite les étudiants à travailler sur ces technologies pour leur projet de fin d’études. Dans quel métier te projettes-tu une fois diplômé ? Dans un premier temps, j’aimerais approfondir mon bagage informatique et mon expertise de la blockchain, dans le domaine de la finance ou de la banque. Ensuite, je me vois travailler au développement d’applications des technologies blockchain. |