L’Enseignement supérieur n’est pas épargné par le harcèlement, qu’il soit verbal, physique ou encore sexuel. Les établissements tentent d’y faire face en proposant écoute, conseil et accompagnement aux victimes. On fait le point sur ces différents dispositifs mis en place.
Près d’un étudiant sur 20 déclare avoir été victime de harcèlement sexuel et un sur 10 déclare en avoir été témoin. C’est le constat que dresse l’Observatoire étudiant des violences sexuelles et sexistes dans l’Enseignement supérieur dans son dernier baromètre 2023. Il dénonce un « état alarmant » de ces violences, qui se perpétuent aussi bien lors d’événements festifs que durant la vie quotidienne des étudiants, au sein des établissements. Pourtant, depuis 2018, des dispositifs d’accompagnement et d’écoute sont obligatoires dans les établissements publics. Un moyen de lutte contre le harcèlement sexiste et sexuel et, plus largement, contre le harcèlement moral, verbal ou encore physique.
Le rôle de la cellule de veille et d’écoute pour lutter contre le harcèlement dans l’Enseignement supérieur
Chaque établissement public est aujourd’hui doté d’une cellule de veille et d’écoute, composée d’étudiants, d’enseignants, de chercheurs ou encore de membres de l’administration. Un panel hétérogène chargé d’écouter, renseigner, conseiller. Un espace de parole et d’informations pour tous les membres de l’établissement, qui peuvent venir y signaler des situations de violences sexistes et sexuelles (VSS), de harcèlement, de cyber-harcèlement, de bizutage ou encore de discrimination. A l’Université PSL, cette cellule est joignable par mail ou par formulaire. L’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne propose quant à elle un contact par mail ou par téléphone, ainsi qu’un guide présentant son dispositif de lutte contre les harcèlements.
Outre la cellule de veille et d’écoute, il est également possible de solliciter le service de santé de l’établissement. Il permet d’être reçu par un assistant social, un médecin ou encore un infirmier. Soumis au secret médical, ces professionnels peuvent également proposer un accompagnement psychologique ou orienter la victime de harcèlement vers une prise en charge thérapeutique si nécessaire.
Alerter la maison de la médiation
De nombreux établissements, comme l’Université de Lille, abritent une maison de la médiation. Un lieu d’accueil, d’information et de réponse aux questions juridico administratives. « Elle a pour mission de prévenir les comportements abusifs comme les conflits, de pacifier les relations, de sensibiliser la communauté universitaire aux questions notamment de promotion de l’égalité, de lutter contre les discriminations et les violences sexistes et sexuelles, et de veiller au respect de de la laïcité » indique l’Université sur son site Internet. Parmi ses dispositifs associés, une cellule d’écoute, de soutien et d’accompagnement contre le harcèlement moral (CESAHM) ou encore une cellule d’écoute, de veille et d’information sur le harcèlement sexuel (CEVIHS).
Contre le harcèlement dans l’Enseignement supérieur, rendez-vous au Wellness Center
Dispositif très développé, notamment dans le business schools, les centres bien-être regroupent infirmières et psychologues pour écouter et accompagner des victimes et des témoins de harcèlement dans l’Enseignement supérieur. Le Wellness Center de NEOMA Business School prévoit ainsi par exemple des sessions d’information et des ateliers de prévention auprès des associations et de l’ensemble des étudiants de l’école. A l’emlyon, le Wellness Centre prévoit également l’implication de la direction des Ressources humaines et du service juridique pour accompagner les victimes lors d’un recours juridique par exemple.
Au sein du Career Centre & Well-Being de Rennes School of Business se trouve même un pôle éthique qui s’articule autour de la lutte contre toute forme de harcèlement, de bizutage, de violence sexiste et sexuelle et de discrimination. Il regroupe plusieurs outils, supports et ressources permettant aux étudiants d’être écoutés et accompagnés. A leur disposition : une plateforme de signalement en ligne, confidentielle et anonyme, une formation obligatoire sur les violences sexistes et sexuelles et des ateliers de sensibilisation au harcèlement dans toutes ses formes.
Safe zones et sécurité renforcée dans les écoles d’ingénieurs
Les grandes écoles d’ingénieurs touchées elles aussi par les violences sexistes et sexuelles (VSS) s’organisent pour lutter contre toutes les formes de harcèlement. A CentraleSupélec, suite à une enquête menée en 2021, « des garde-fous pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles » ont été mis en place, explique l’école dans un communiqué. Ainsi, « un dispositif de sécurité renforcé pendant les soirées et les weekends d’intégration » est en place, complété par « deux référentes et un comité Égalité femme-homme, ainsi que par une cellule dédiée au recueil des signalements et à l’accompagnement des victimes ».
A Polytechnique, « les étudiants ont mis en place des safe zones et déployé des élèves-contact VSS lors des soirées » explique le site de l’école. En parallèle, des recours extérieurs sont communiqués aux élèves, tels que Mediavipp91, l’association conventionnée d’aide aux victimes du département de l’Essonne (où est implantée l’école Polytechnique), ou encore l’association Themis.
L’importance des associations pour lutter contre le harcèlement dans l’Enseignement supérieur
Ceux qui souhaitent faire appel à des services extérieurs à leur établissement peuvent également se tourner vers les associations spécialisées dans la lutte contre le harcèlement. La Fédération des Associations Générales Etudiantes (FAGE) met ainsi à disposition l’adresse mail mesdroits@fage.org : elle permet à tout étudiant d’obtenir des renseignements mais également d’être accompagné dans ses démarches « pour lutter contre une situation difficile », dont celle de harcèlement.
Le CLASCHES, collectif anti-sexiste de lutte contre le harcèlement sexuel dans l’Enseignement supérieur, propose de nombreuses ressources sur son site Internet pour s’informer sur les situations de harcèlement et pour se défendre. Elle propose des guides à l’intention des victimes et des témoins de harcèlement. Comment réagir ? Quelle procédure suivre ? Sous quelles conditions ? Il est également possible de signaler une situation de harcèlement de façon anonyme via un formulaire.
Enfin, l’association France Victimes, qui regroupe 130 associations d’aide aux victimes, fournit aide et assistance aux victimes de toute infraction pénale. Joignable au 116 006, elle est accessible sept jours sur sept.