Leader de la qualité en Europe, le Groupe General Logistic Systems (GLS) propose des solutions de transport de colis express légers au niveau national et international. Son principal marché est l’Europe. Le Groupe s’engage en termes de fiabilité, de sécurité et de transparence. Rencontre avec Emeric Bastid (HEC Paris 91) Directeur Général France. – Par Fanny Bijaoui
En quoi votre expérience dans l’industrie agroalimentaire et la grande distribution (Bonduelle, Pomona et Coop Suisse) vous ont été bénéfiques pour intégrer le monde du transport de colis ?
Les compétences acquises dans l’agroalimentaire, notamment le frais et l’ultra frais, m’ont été très bénéfiques dans un secteur où l’enjeu du flux et de la prévision de volumes sont stratégiques. Chez Bonduelle, comme chez Pomona, il y avait cette culture décentralisée et entrepreneuriale basée sur la culture du résultat que l’on retrouve chez GLS. J’ai appris que la segmentation est la clé de voute d’une stratégie gagnante. Enfin, en passant 25 ans dans l’agroalimentaire, j’ai été très marqué par l’évolution de la technologie informatique, et son impact à faire évoluer les organisations de gestion, industrielle et de supply chain. Ce qui m’a fait venir dans le monde du service de livraison du colis c’est l’essor du e-commerce. La révolution du numérique appliquée au e-commerce est un nouveau monde en pleine croissance.
Quelle a été votre stratégie pour rentabiliser l’entreprise et développer une culture industrielle ?
Dès mon arrivée, j’ai dû mettre en œuvre un plan de redressement extrême puisque l’entreprise était dans une situation financière critique avec d’importantes pertes d’exploitation. Cela a été très rude car le groupe allemand GLS avait racheté une entreprise familiale française qui n’était pas sur le même segment d’activités ni proche culturellement. J’ai dû vendre une partie des activités historiques et mettre en place le business modèle GLS pour la France. Il y a eu quatre plans sociaux, nous avons renouvelé une grande partie de l’effectif de l’entreprise et initié un « plan d’excellence ». Enfin, le redressement s’est fait par une segmentation plus pertinente de nos activités entre B to B et B to C. Nous allons d’ailleurs bientôt développer le C to C (des particuliers qui envoient des colis à d’autres particuliers). Aujourd’hui, nous sommes dans une phase de développement afin d’élargir nos marchés et de faire de cette entreprise une marque reconnue.
Quels sont les impacts des nouvelles technologies dans ce métier de service ?
L’un des enjeux est de garder des gros systèmes pour la partie industrielle, mais de savoir s’ouvrir à des applications modernes (sur IOS ou Androïd) utilisées par nos clients dans leur vie quotidienne. Ainsi, tous nos colis et nos véhicules sont géolocalisés en temps réel. Notre ambition est d’anticiper des évolutions technologiques induites par des comportements clients, tout en ayant une approche industrielle avec des bases solides et sécurisées permettant à chaque pays de s’adapter à un environnement selon une logique de « Lego Approach ». Nos équipes font ces développements en interne (dans notre propre unité de Recherche et Développement à Toulouse), y compris pour la partie industrielle. Nous utilisons la lecture optique qui exploite à haute cadence un code barre à deux dimensions (Datamatrix) afin de piloter les flux. Cette informatique industrielle, via une gestion en temps réel, nous permet de plébisciter une comptabilité analytique de coût pour chaque colis. C’est une innovation qui valorise l’ensemble de nos services. Ce monde numérique évolue vite, mais nous devons garder du bon sens selon la valeur d’usage de nos produits et services ; en écoute active des clients et ne pas se fourvoyer dans des choix technologiques pas vraiment utiles à nos yeux.
Diriger une société, c’est porter une vision, définir un cap, savoir décider et faire grandir les équipes
En 2008, GLS a lancé le programme « Think Green ». Quelles sont ses ambitions ?
Pour GLS, le développement durable doit être associé à la dimension économique de notre business. Notre objectif est de développer des comportements en interne en matière de construction d’infrastructures et de consommation d’énergie. Comme notre transport est sous-traité, nous sensibilisons tous nos transporteurs aux choix des véhicules et aux normes Euro qui fixent les limites maximales de rejets polluants pour les véhicules roulant. Par ailleurs, nous avons baissé la consommation du papier de 50 % et, dans les zones urbaines, nous développons la livraison électrique même si elle nous coûte un peu plus cher. Enfin, nous sommes très concernés par la consommation du carburant et le prix du gasoil. Cela nous oblige à essayer d’anticiper certaines tendances déterminantes dans notre business model.
Quels sont les métiers ouverts aux jeunes diplômés et les opportunités de carrière ?
Nous proposons une variété de postes dans toutes les filières : niveau ingénieur, commerce, filières universitaires d’excellence… Nous recrutons des managers d’agence qui sont de véritables patrons. Ils ont un statut localement, représentent une entreprise et jouissent d’une grande autonomie. Un jeune titulaire d’un BTS transport et logistique qui rentre chez nous peut devenir patron de site en cinq ans s’il a la personnalité et la mobilité. Il dispose d’une rémunération fixe et variable très attractive et participe au développement d’une entreprise qui lui amène en permanence des innovations technologiques et de service. Nous cherchons des ingénieurs informatique, statistiques, mécanique et optique, mais aussi des ingénieurs qui travaillent sur le pilotage des flux (prévision de volume et gestion de routing). Nous avons aussi des collaborateurs dans le domaine de la modélisation mathématique pour optimiser les circuits géographiques de transport. Enfin, nous avons avons une force de vente de 140 personnes qui ont la latitude pour être créatif étant donné qu’ils peuvent jouer avec beaucoup de variables sur le pilotage du prix.
Que vous a apporté le EMBA Business d’HEC ?
Jusqu’à 30 ans, j’avais un profil industriel et logistique. Cette formation m’a permis de découvrir des secteurs et des environnements différents, mais aussi la direction d’entreprise et l’autonomie de gestion. Diriger une société, c’est porter une vision, définir un cap, savoir décider, faire grandir les équipes et rester très à l’écoute.
Un conseil aux jeunes HEC ?
Parcourez le monde pour découvrir des cultures et des comportements différents. C’est ainsi que l’on s’ouvre vraiment l’esprit.
Chiffres clés
2,2 mds euros de CA (exercice 2015/16)
431 m de colis transportés
14 000 collaborateurs
39 hubs et 688 agences
20 000 véhicules
Contact : sylvie.vaudelle@gls-france.com