Plus ancienne implantation étrangère du groupe italien, Generali France aborde le virage numérique de son activité avec Roland Sire (INSA Lyon 84), son directeur des systèmes d’information. Une mutation profonde qui fait de ce leader un acteur majeur de l’assurance de demain. Focus sur le nouveau visage de l’assureur numérique. Par Violaine Cherrier
Quelles sont les conséquences de la digitalisation sur votre métier ?
L’impact se ressent à trois niveaux :
- Dans la relation client-assureur : Désormais, les interactions se veulent crosscanales et multisupports ce qui implique de notre part une profonde réorganisation. Le client dicte ses règles et à nous de nous adapter en conséquence pour être capable de traiter ses demandes quel que soit le canal employé. Il est donc notamment indispensable de disposer en interne d’une vision client 360° partagée entre tous les acteurs interagissant dans la relation.
- Dans les technologies : Les outils digitaux mis à la disposition des clients impliquent de fluidifier et d’accélérer les échanges temps réel, ce qui impose un haut niveau d’automatisation et un impératif a l’immédiateté. En conséquence, nos gestionnaires peuvent dès lors se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée telles que le conseil personnalisé. Nous investissons moins sur les produits eux-mêmes, et davantage sur la fidélité le multi-équipement et la satisfaction client. C’est un vrai changement de paradigme et une opportunité incroyable d’améliorer nos services aux clients.
- Dans le positionnement de la DSI : Enfin, ces évolutions se traduisent par une transformation profonde et complexe du système d’information lui-même. La frontière entre les nouveaux usages, les métiers et la DSI devient de plus en plus mince voire parfois volontairement floue ! L’IT s’intègre désormais totalement aux métiers. Nous devons fonctionner en mode projet grâce à une forte dose d’agilité et de collaboration. Ce sont les équipes qui travaillent pour atteindre un résultat commun. Nous évoluons dans une relation IT-métier équilibrée. Ce fonctionnement irrigue toute l’organisation IT, jusqu’à l’infrastructure, par le biais de la montée en puissance du « DevOps ».
Le leader informatique de demain : Il est le garant de l’utilisation des données, de leur protection et de leur restitution. « Nous avons une réelle responsabilité vis-à-vis des données personnelles – parfois très sensibles – de nos clients. Donc il est essentiel de leur garantir une utilisation éthique. Le rôle de la DSI dans la manipulation de ces données – contrôle, archivage, conformité, intégrité… – est clé. »
Comment se passe cette intégration aux métiers ?
Les collaborateurs de l’IT vivent en colocation avec chacun des métiers : c’est une intégration réussie. Nous sommes très enclins à nous insérer au sein des équipes métiers. C’est ainsi que l’on arrive à apporter de la valeur… grâce à une vision innovante. Notre rôle n’est pas réduit à celui d’un fournisseur de service ; il est aussi de challenger les métiers : nous sommes leur partenaire et leur coéquipier ! C’est pourquoi nous recrutons de nombreux jeunes talents car ils nous apportent cette vision différente de générations moins « embarrassées » par des façons de faire du passé. C‘est très intéressant et cette confrontation est, en interne, un challenge en soi.
Quels sont les autres challenges auxquels vous êtes confrontés ?
La complexité ! Il est de la responsabilité de l’IT de faire simple. L’ensemble de ces mutations ajoute pourtant sans cesse de la complexité. Sur un existant informatique qui lui se sédimente et qui voit année après année sa « surface » augmenter. La DSI joue donc un rôle de simplification et d’architecture primordial. C’est un positionnement innovant et les jeunes talents y jouent un rôle crucial. Il y a un vrai supplément d’âme à aider les métiers à affiner leurs besoins et à trouver des solutions qui simplifient les processus et améliorent les coûts. C’est d’ailleurs un cercle vertueux, et donc un investissement rentable !
Aux jeunes diplômés les clés du code : Au sein de Generali France, les métiers ouverts aux jeunes diplômés ne manquent pas : recette, MOA, architecture des systèmes d’information, développement… « Le code fait fonctionner l’entreprise au quotidien. C’est une tâche très noble. Passer 2-3 ans dans les métiers technologiques est une excellente formation. Je suis très attaché à recruter des débutants car nous avons chacun d’entre nous en début de carrière eu la grande chance d’être accueilli par une belle entreprise qui a osé nous recruter en tant que jeune diplômé ! »
La DSI se transforme donc en direction métier elle aussi ?
70 à 80 % de nos métiers IT restent des fonctions de conception, d’administration de données, techniques de développement, de recette… ancrés au cœur des services industriels que nous délivrons. Les fonctions de Maîtrise d’ouvrage (MOA) et digitales par exemple demeurent inhérentes à la DSI mais nous affichons désormais une très grande proximité avec les directions métiers.
Le saviez-vous ? Au sein de Generali France, l’IT représente environ 15 % des effectifs
Cette position doit faciliter les échanges internes ?
Nous favorisons en effet les changements de métier. Nous proposons aux talents des parcours d’évolution dynamiques pour les faire progresser selon leurs compétences et leurs intérêts. L’objectif est de les faire monter en compétences, et de s’attacher sur le moyen et long terme d’excellents profils. Nous sommes responsables de leur évolution. Dans nos métiers, il est essentiel d’avoir une large vision des fonctions de l’IT pour mieux appréhender les conséquences sur les autres métiers. Il y a aujourd’hui plus de collaborateurs issus de l’IT dans les départements métiers qu’à la DSI elle-même. C’est une excellente école de formation.
Un acteur nativement international : « Tous les ans, plusieurs collaborateurs, à tous les niveaux, partent dans nos implantations à l’étranger… et nous en accueillons également. Et ça plaît beaucoup ! C’est une véritable opportunité réellement développée chez nous. »
C’est très innovant !
Oui, nous sommes un assureur innovant. Sans doute du fait de notre position de « challengeur » en tant que 3è assureur européen. Nous déployons de nombreuses solutions innovantes, parfois en partenariat avec des petites entreprises, startup… Notre approche métier se veut différente grâce à ce positionnement et cette agilité qui fait partie de notre ADN. Cette particularité se ressent dans nos produits à l’image de notre démarche Vitality pour inciter nos clients à se préoccuper et à améliorer leur santé.
La symétrie des attentions : Generali est un acteur engagé ! Son pari : bien servir le client favorise la rentabilité et le développement de l’activité. « Cette orientation client est extrêmement forte. Nous y parviendrons si nous appliquons le même degré d’exigence vis-à-vis de nos collaborateurs. » Parmi les actions menées en faveur du bien-être au travail : le télétravail, des clubs de sport, des services de blanchisserie, de lavage voiture, de santé, une crèche d’entreprise…
Pour vous, Generali, c’est l’assurance de…
… respecter les valeurs du secteur, à savoir aider le client. Le monde de l’assurance est un équilibre constant entre la mutualisation des risques et la personnalisation des offres. Même si nous sommes intégrés à un grand groupe international, notre filiale à taille humaine nous apporte une certaine agilité et une réelle proximité. Notre secteur évolue très vite et nous misons fortement sur l’introduction du digital « au cœur et non à la périphérie » de notre métier, mais aussi et surtout sur une approche managériale qui fait d’abord confiance au collaborateur.
« Chez Generali France, le triptyque qui nous motive au quotidien, c’est : Innovation – Simplicité – Rapidité » Roland Sire (INSA Lyon 84), DSI de Generali France
chiffres clés : 3e marché du groupe Generali /10 000 collaborateurs et agents généraux / Filiale créée en 1832 /1er assureur sur le marché internet de l’épargne
Contact : roland.sire@generali.com